
Les enceintes sportives ne vieillissent pas toutes à la même vitesse. Aux Etats-Unis, une décennie d’existence leur donne parfois déjà quelques rides. Une deuxième suffit souvent à les renvoyer dans les oubliettes de l’histoire. Mais les Américains sont aussi passés maîtres dans l’art de les maintenir à la pointe du progrès.
Exemple : le Lucas Oil Stadium d’Indianapolis, terrain de jeu et d’expression des Colts de la capitale de l’Indiana, l’une des 32 franchises de la National Football League (NFL). Son manager général, Eric Neuburger, a longuement pris la parole au deuxième jour du smartcities & sport Summit 2025, ce mercredi 22 octobre à Séoul. Il a détaillé devant l’assistance, chiffres et analyses à la clef, les moyens et les outils utilisés pour rester dans la course du progrès malgré le « grand âge » d’un stade couvert de 68.000 places (en version football américain), sorti de terre en 2008, idéalement situé au cœur même d’une ville d’un million d’habitants.
Appli pilotée par l’IA, fenêtres rétractables et analyse des datas
Sans surprise, le miracle tient en deux mots : digital et technologie. Eric Neuburger et son équipe puisent sans retenue dans la boîte à nouveautés pour améliorer sans cesse l’expérience des fans. Avec une idée fixe : ne jamais oublier l’élément humain. « La technologie doit être au service des gens, dit-il. Tout ce que nous faisons est pensé pour servir le public et les fans. »
La technologie, d’abord. Le Lucas Oil Stadium d’Indianapolis est équipé d’un toit rétractable. Une caractéristique qui tend à devenir la norme dans le sport professionnel. Moins commun : l’enceinte américaine est également pourvue de fenêtres rétractables. « Ces deux éléments en font une enceinte à notre image, en ligne avec notre philosophie, explique Eric Neuburger : souple, adaptable et durable. »
Précision : le stade des Colts est financé aux deux tiers par des fonds publics, via un consortium regroupant la ville et l’Etat de l’Indiana, alimentés pour l’essentiel par les recettes touristiques et diverses taxes (parking, boissons…). Imaginé pour le football américain, il a également accueilli à trois reprises le Final Four NCAA de basket-ball. L’an passé, il entré dans l’histoire en devenant le premier stade de NFL à recevoir une piscine, la Fédération américaine de natation (USA Swimming) l’ayant choisi pour les sélections olympiques avant les Jeux de Paris 2024.
We've got open windows and a beautiful skyline ready for the fans! pic.twitter.com/4hgbQGv3ex
— Lucas Oil Stadium (@LucasOilStadium) September 25, 2022
Le digital, maintenant. Peu présent à la création du stade, 18 ans en arrière, il en est devenu une source inépuisable de modernité. Au Lucas Oil Stadium, le spectateur peut tout faire, ou presque, depuis l’écran de son téléphone portable : acheter son billet, réserver et payer sa place de parking, commander sa nourriture et ses boissons. Une application dédiée – Robo Blue -, pilotée par l’IA, répond à toutes les questions qu’il peut se poser avant, pendant, et même après sa visite au stade. Les paiements se font désormais exclusivement de façon numérique. Les contrôles de sécurité, comme ceux des billets, sont robotisés.
Le manager général n’en fait pas mystère : ses équipes passent un temps infini à analyser les données générées par les applications de vente de nourriture et de boissons. Traduites en courbes et en graphiques, elles révèlent l’impact des actions de jeu (touchdown…) et des faits marquants d’une rencontre des Colts (blessure…) sur la consommation du public. « Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie aux analyses des datas, explique Eric Neuburger. La vente de boissons et de nourriture représente une importante source de revenus. Nous sommes capables d’affiner notre offre, et même de la changer semaine après semaine. »
A Indianapolis, le Lucas Oil Stadium n’est pas seulement l’un des joyaux d’une ville dont le cœur balance entre basket-ball et football, NBA et NFL, Pacers et Colts. Il en est un élément central. Eric Neuburger : « Pas moins de 13 hôtels, soit 5.500 chambres, sont directement connectés au stade. Et 10.000 chambres sont à distance de marche. Le spectateur peut se rendre depuis sa chambre jusqu’à sa place en tribune sans avoir à mettre un pied en extérieur. » Un stade du passé, mais solidement ancré dans le présent. Et tourné vers l’avenir.