— Publié le 23 septembre 2025

World Athletics montre les muscles à Tokyo

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Cette fois, Tokyo a pu en profiter. Quatre ans après des Jeux olympiques en mode Covid, le stade national a fait la fête, sans contraintes ni arrière-pensées, lors des Championnats du monde d’athlétisme. Pendant neuf jours, les stars ont défilé dans la capitale nippone pour arracher les précieuses médailles mises en jeu. « Le plus grand événement sportif de l’année », dixit Sebastian Coe, n’a globalement pas déçu.

Une réussite populaire et commerciale

Certes, le stade national de Tokyo était loin d’être totalement rempli pour le final du 35 kilomètres marche. Les jours suivants ont cependant permis de montrer une image bien plus conforme aux attentes. « C’est un vrai succès, notamment en termes d’ambiance, d’affluence », se félicitait Sebastian Coe la semaine passée. Au total, 619.288 fans ont assisté aux Championnats du monde, plus que les 581.462 spectateurs présents à Tokyo en 1991. Au Japon, « la grande majorité des sessions en soirée ont dépassé l’audience télévisée des Jeux olympiques de Tokyo 2020 et Paris 2024 en athlétisme », se félicite la FI. « Cette édition restera dans les annales, assure le président de World Athletics.  Après les Jeux olympiques de 2021, j’ai promis aux Tokyoïtes que nous ramènerions notre sport au Stade national dès que possible. Je suis ravi que nous ayons tenu notre promesse et que Tokyo ait tenu la sienne en remplissant le stade de supporters bruyants. » Les réseaux sociaux de World Athletics ont aussi fait le plein en gagnant 700.000 followers pendant la compétition.

Sportivement, un nombre jamais vu de pays est monté sur le podium (53), bien plus que le précédent record (46). Les Samoa, Sainte-Lucie et l’Uruguay en ont profité pour ramener la première médaille mondiale de leur histoire en athlétisme. Les signaux sont également positifs au niveau commercial. « Jamais un Championnat du monde n’avait compté autant de partenaires commerciaux, avec 17 sponsors pour World Athletics et 14 pour le comité d’organisation local à Tokyo », souligne la FI. « World Athletics est désormais une entreprise performante et en pleine croissance, expliquait Coe avant l’ouverture. Ce n’est ni une vision ni un souhait. C’est un fait. » Le Britannique assure déjà que « notre croissance ne fera que s’accélérer au cours des deux prochaines années », jusqu’aux Mondiaux de Pékin.

Les tests de la discorde

World Athletics était attendue au tournant sur la gestion de ses tests génétiques et, contrairement à World Boxing à Liverpool, il semblerait qu’aucun raté majeur ne soit à signaler, bien que des athlètes aient exprimé à certain malaise à l’égard de cette nouvelle procédure. « Je ne suis pas convaincue par la justification donnée de protéger le sport féminin, je n’ai pas l’impression que ça ait été une priorité ces dernières années », a lâché la Belge Nafissatou Thiam, tandis que l’Alemande Malaika Mihambo a qualifié ce test de « juridiquement discutable, éthiquement délicat et scientifiquement réducteur ».
De son côté, Coe a salué la réponse positive « de l’ensemble du sport à un principe auquel nous croyons fondamentalement : protéger, préserver et promouvoir la catégorie féminine ». Le président de World Athletics s’est emparé de ce sujet délicat il y a un bon moment, désireux de montrer son leadership. Soulignant « la nature même et la clarté des tests et des processus », il considère que ce protocole marque « une étape importante dans cet engagement envers le sport féminin ». « Les Championnats du monde sont une excellente plateforme pour mieux comprendre ce à quoi pourrait ressembler l’avenir de ce type de tests », assure-t-il. Le Britannique a répété dimanche en conférence de presse que ce test était « la bonne chose à faire si l’on veut promouvoir et protéger la catégorie féminine ». Elle peut faire débat, mais le président de World Athletics a au moins réussi à livrer sa vision de l’athlétisme à Tokyo, autant en matière de spectacle sportif que de business et de réglementation.