
C’est une grande première pour le cyclisme africain, qui fera forcément date. Les Championnats du monde sur route se tiennent jusqu’au dimanche 28 septembre à Kigali, au Rwanda. Jamais les maillots arc-en-ciel n’avaient été mis en jeu en Afrique. Les éditions organisées ailleurs qu’en Europe sont rares : deux ont eu lieu aux Etats-Unis, autant au Canada et en Australie, tandis que le Japon, le Qatar, le Venezuela et la Colombie ont accueilli les Mondiaux une fois. Pour son entrée dans la cour des grands, le Rwanda promet une compétition mémorable.
Un casting cinq étoiles
Le parcours est annoncé comme « le plus difficile de l’histoire » : la course Elite hommes, longue de 267,5 kilomètres, comportera 5.475 mètres de dénivelé au gré des passages de la côte du golf de Kigali (800 m à 8,1 %), du mont Kigali (5,9 km à 6,9 %) ou encore du mur de Kigali (400 m à 11 %). Chez les femmes, le peloton devra se coltiner 164,6 kilomètres et 3.350 mètres de dénivelé. Le contre-la-montre sera lui aussi exigeant avec trois côtes pour les femmes et quatre pour les hommes. La promesse d’un grand spectacle sportif, et de beaux vainqueurs.
Des questions ont été levées concernant la sécurité et la logistique. Plusieurs pays ont décidé d’envoyer des sélections réduites pour limiter les frais. « C’est vrai que ça coûte cher à la fédération », reconnaît Nathalie Clauwaert, la directrice générale de Belgian Cycling, interrogée par la RTBF. La Fédération belge consacre un budget de 250.000 euros à ces Mondiaux, soit 10% de son budget annuel « en matière de sport de haut niveau ». Il y aura malgré tout du beau monde : le champion olympique en titre Remco Evenepoel, la star érythréenne Biniam Girmay, le double champion du monde Julian Alaphilippe, le champion olympique de VTT Tom Pidcock, la pépite mexicaine Isaac Del Toro, sans oublier le redoutable duo slovène composé de Primoz Roglic, cinq Grands Tours au palmarès, et Tadej Pogacar.
Le champion du monde sortant a fait honneur à son maillot arc-en-ciel cette année en remportant 16 victoires, dont le classement général du Tour de France. Il pourrait devenir le huitième homme de l’histoire à conserver son titre, rejoignant Peter Sagan, Rik Van Steenbergen, Georges Ronsse, Rik Van Looy, Gianni Bugno, Paolo Bettini et Julian Alaphilippe. La course féminine promet aussi une bataille épique avec les trois dernières gagnantes du Tour de France, Demi Vollering, Kasia Niewiadoma et Pauline Ferrand-Prévot, ainsi que Cecilie Uttrup Ludwig, Amanda Spratt ou Elisa Longo Borghini.
Un million de spectateurs ?
Ces Championnats du monde concrétisent une promesse de longue date du président de l’UCI, David Lappartient. « C’était mon rêve, mon objectif, lorsque j’ai été élu, confiait-il. L’Afrique se développe, le cyclisme en Afrique se développe et il n’y a pas de raisons pour que nous ne puissions pas y aller, après plus d’un siècle d’histoire des Mondiaux. » Le choix du pays des mille collines, en septembre 2018, répond à une certaine logique : bien que le Maroc ait un temps été évoqué, Kigali apportait davantage de garanties grâce au Tour du Rwanda. Cette épreuve historique du circuit africain n’a cessé de monter en puissance ces dernières années, au point d’attirer des équipes ayant disputé le Tour de France comme Groupama-FDJ, Israel-Premier Tech et TotalEnergies. Un gage de savoir-faire et de de succès populaire. Un million de spectateurs sont annoncés au bord des routes le week-end prochain.
Le pays a déployé d’importants efforts pour faire parler de lui autrement que pour le génocide du siècle dernier. « Visit Rwanda » s’affiche ainsi sur les maillots de plusieurs clubs majeurs de la planète football : Arsenal, le Paris Saint-Germain et le Bayern. La grand-messe annuelle du cyclisme constitue une occasion en or de se montrer sous son meilleur jour. Et de rappeler à l’ensemble du Mouvement olympique que l’Afrique est prête à jouer un rôle central.