
World Boxing avait promis une nouvelle ère, faite de transparence, d’intégrité et d’excellence, après des années de polémiques sous le règne de l’IBA. Ses premiers Championnats du monde, organisés à Liverpool, devaient incarner ces principes. Le bilan est forcément mitigé au regard des turbulences causées par le processus de test génétique imposé par la fédération internationale.
« Une grande étape »
En prenant ses quartiers dans un vrai pays de boxe, World Boxing s’assurait d’emblée d’attirer du public. Cela s’est vérifiée dans les gradins de la M&S Bank Arena, qui avait précédemment accueilli le concours de l’Eurovision en 2023 et des concerts de stars internationales comme Beyoncé ou Justin Bieber. « Nous n’aurions pas pu souhaiter meilleur endroit pour organiser nos premiers Championnats du monde », a affirmé le président Boris van der Vorst, en remerciant le comité d’organisation local, la Fédération britannique de boxe, la municipalité de Liverpool et tous les partenaires pour leur contribution à « un événement fantastique ».
Si le Kazakhstan (10 médailles dont 7 en or) et l’Ouzbékistan (11 médailles dont 6 en or) ont survolé la compétition, 30 pays sont montés sur le podium, un signe important de vitalité. Les deux boxeurs engagés en tant que refugiés, Aryan Saed Panah et Omid Ahmadisafa, ont aussi su briller en passant des tours. La preuve que World Boxing offre des opportunités à tous les athlètes. Ils étaient 540, issus de 68 fédérations nationales différentes, à monter dans le ring. « Tous le retours que j’ai entendus des boxeurs, des entraîneurs et des officiels ont été très positifs, assure van der Vorst. Tout le monde s’est montré heureux de l’organisation de l’événement. Cela place la barre très haut pour tous les futurs événements et championnats de World Boxing. »
Le président de World Boxing s’est félicité de rencontrer toutes les délégations et « de recevoir des mots de gratitude pour avoir préservé la place de la boxe dans le programme olympique », sa principale victoire cette année. « Il y a trois ans, j’invitais les dirigeant de la boxe à venir aux Pays-Bas pour créer une nouvelle fédération internationale. Trois ans plus tard, nous sommes là, pour les premiers Championnats du monde, à Liverpool. Je suis vraiment fier. C’est essentiel de montrer au CIO et au monde entier, aux boxeurs, aux fans, aux entraîneurs, que nous pouvons organiser d’excellentes compétitions. C’est une grande étape pour World Boxing. » Le panorama a malgré tout été obscurci par quelques nuages.
Le professionnalisme de World Boxing mis en cause
La FI a imposé des tests génétiques à toutes les boxeuses pour pouvoir s’engager. La championne olympique des moins de 66 kilos, Imane Khelif, a contesté ce processus auprès du Tribunal arbitral du sport et manquait à l’appel. Une autre championne olympique de Paris, Lin Yu-ting, s’est soumise à ce test mais n’a pas reçu de réponse de la part de World Boxing. Résultat : face à ce flou, la fédération taïwanaise ne l’a pas envoyée à Liverpool. Le ministre des Sports Lee Yang a réagi à cette affaire et promis qu’il fera « tout son possible » pour protéger les intérêts de la boxeuse.
World Boxing s’est aussi attiré les foudres du Nigeria, dont trois boxeuses sont restées sur le carreau, et de la France, qui n’a pu engager aucune athlète à cause de retards de procédure, malgré les garanties orales de World Boxing. Le président de la Fédération française de boxe, qui avait pris la décision de quitter l’IBA pour rejoindre WB en novembre dernier, au moment où la toute jeune FI n’avait pas encore reçu la bénédiction du CIO, s’est estimé trahi. « C’est un manque de professionnalisme de World Boxing qui est une jeune fédération, qui n’a pas encore chaque personne à la bonne place, fulminait Dominique Nato à l’annonce de ce coup de massue pour ses boxeuses. Il n’y avait pas besoin de se précipiter à mettre ces tests sans en mesurer la portée. »
À un degré moindre, des difficultés d’accès au streaming d’Eurovision Sport ont été relevées dans plusieurs pays, comme le rapporte le blog Taylor On Boxing, évoquant également une qualité d’image très décevante. La qualité de l’arbitrage a aussi suscité quelques interrogations. Les commentaires de Boris van der Vorst se sont concentrés sur les points positifs, mais la FI devra rapidement apprendre de ses erreurs. Pour que la boxe avance, enfin, libérée des polémiques.