
Les premiers Championnats du monde de World Boxing, organisés à Liverpool (4-14 septembre), sont désormais en ligne de mire. La Fédération internationale se sait attendue au tournant, particulièrement sur la gestion des tests de genre. Sa politique, tout juste mise en place, passera au révélateur de la compétition phare de cette saison post-olympique. Et elle fait déjà beaucoup parler.
Imane Khelif, grande absente
Sous le feu des projecteurs l’été dernier, Imane Khelif ne montera pas dans le ring à Liverpool. La championne olympique des moins de 66 kilos était au cœur de la polémique l’été dernier à Paris, certains observateurs et certaines boxeuses estimant que l’Algérienne n’avait pas sa place dans une catégorie féminine – malgré le feu vert donné par le CIO. Elle était citée dans le communiqué publiée fin mai par World Boxing, la FI expliquant que l’athlète devrait passer un test pour boxer à Eindhoven, une façon de « protéger la santé mentale et physique de toutes les participantes à la lumière de certaines réactions exprimées au sujet de (sa) participation potentielle ». L’instance a ensuite fait son mea culpa et présenté ses excuses en écrivant à la Fédération algérienne de boxe.
Sur Facebook, Imane Khelif a récemment admis traverser « une phase difficile », mais a affirmé sa détermination « à rebondir » et sa volonté de « défendre et honorer les couleurs de (son) pays » sur la scène internationale. Elle a saisi le Tribunal arbitral du sport pour contester l’impossibilité de participer à des compétitions sans présenter un test génétique. L’instance a cependant annoncé lundi qu’elle rejetait « la demande de mesures provisionnelles visant à suspendre l’exécution de la décision de World Boxing jusqu’à ce que l’affaire soit entendue sur le fond ». Il faudra donc attendre avant de la revoir boxer.
La Taïwanaise Lin Yu-ting a quant à elle accepté de se soumettre à ce protocole. Elle aussi concernée par la polémique à Paris 2024, la championne olympique des moins de 57 kilos suivra les nouvelles règles de World Boxing pour pouvoir concourir dans le nord de l’Angleterre. « Elle n’a pas envisagé de se retirer de la compétition à cause des nouveaux tests. Nous fournirons tous les documents demandés par les organisateurs », a expliqué son coach, Tseng Tzu-chiang, à Reuters.
World Boxing has published its new Sex Eligibility Policy and confirmed that mandatory sex testing will apply in the female category at the inaugural World Boxing Championships 2025.
— World Boxing (@RealWorldBoxing) August 20, 2025
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Sécurité et équité
Comme toutes les athlètes de 18 ans ou plus désirant boxer chez les femmes, Lin Yu-ting devra passer un test génétique PCR et présenter un certificat attestant de son sexe biologique. La nouvelle politique de World Boxing, présentée au printemps, est entrée en vigueur le 20 août. « Les athlètes considérées comme étant de sexe féminin à la naissance, comme le prouve la présence de chromosomes XX ou l’absence de matériel génétique du chromosome Y (le gène SRY) ou présentant une différence de développement sexuel où l’androgénisation masculine ne se produit pas, seront éligibles pour concourir dans la catégorie féminine », rappelle la FI.
En cas de résultat négatif, un comité médical d’experts de World Boxing pourra examiner chaque situation et éventuellement procéder à d’autres examens. « Une aide sera offerte à tous les boxeurs dont les résultats des tests sont défavorables », assure l’instance. Cette politique en matière d’éligibilité a été élaborée par un groupe de travail du comité médical et antidopage de World Boxing, sur la base de données médicales et d’échange avec des experts. « Ce fut un processus long et minutieux, mais il était essentiel que nous examinions toutes les questions médicales, juridiques et sportives soulevées par cette question », justifie le président Boris van der Vorst, qui a tenu à rappeler que World Boxing respectait « la dignité de tous les individus ».
« Je suis convaincu qu’en introduisant des tests pour certifier l’éligibilité d’un athlète à concourir en tant qu’homme ou femme, la nouvelle politique sur le sexe, l’âge et le poids garantira l’intégrité sportive et la sécurité de tous les participants, assure-t-il. Les questions relatives à l’éligibilité sont plus prononcées dans les épreuves féminines, c’est pourquoi nous avons pris la décision de mettre en œuvre cette politique d’abord dans la catégorie féminine. » Non sans faire de vagues.