
Le 22 décembre dernier, plus de 66.000 spectateurs étaient massés dans les tribunes du Hard Rock Stadium pour assister au dernier match de la saison des Miami Dolphins à domicile. Samedi, ils étaient 60.000 pour l’ouverture de la Coupe du monde des clubs de la FIFA, entre l’Inter Miami et Al Ahly. Une belle entrée en matière, pas forcément attendue puisque la menace d’un stade à moitié vide planait encore quelques heures plus tôt. L’honneur est sauf pour Gianni Infantino, qui ne cesse de vanter l’intérêt de sa nouvelle compétition depuis des mois. Même si les apparences peuvent être trompeuses.
Un « Big Bang » qui ne convainc pas
Il y a encore quelques jours, Gianni Infantino jouait le VRP du tournoi à coups de formules grandiloquentes. « Nous marquons l’histoire ici, à Miami. Pour la première fois dans l’histoire, les 32 meilleurs clubs du monde vont s’affronter pour déterminer enfin qui est le meilleur. C’est un Big Bang, exactement, et pour nous, une compétition légendaire mérite un trophée légendaire. Comme vous le savez, le prize money est de 1 milliard de dollars américains. Le vainqueur peut remporter jusqu’à 125 millions, une somme très importante. Mais c’est aussi une question de gloire : graver son nom, celui du club vainqueur et de tous les clubs participants, dans les pages de l’histoire. »
Le président de la FIFA assurait au même moment que ce Mondial suscitait « une grande attente ». Des milliers de places restent pourtant à pourvoir pour tous les matchs, y compris pour ceux des clubs européens comme le Real Madrid, qui fait partie des marques reconnues au niveau international. La FIFA a même bradé les places en réduisant les tarifs de 85% pour certaines rencontres, tout en proposant des offres ultra attractives pour les étudiants locaux – jusqu’à cinq tickets pour le prix total de 20 dollars. Des efforts conséquents qui expliquent l’affluence du match d’ouverture, mais qui traduisent aussi un décalage entre les attentes de la FIFA et la réalité du terrain. L’instance a d’ailleurs replacé certains spectateurs pour les rapprocher du terrain et éviter que l’on puisse voir des sections dégarnies à la télévision.
The @FIFACWC is officially underway! 🙌
— FIFA (@FIFAcom) June 15, 2025
60,927 fans packed Hard Rock Stadium for the opening game between @AlAhly and @InterMiamiCF. Thank you for your incredible support! 👏#FIFACWC pic.twitter.com/fY4ZjJjTSN
L’alerte du syndicat des joueurs
La FIFA est en grande partie responsable de cette situation inconfortable. Au-delà des tarifs prohibitifs, les horaires des matchs, choisis pour maximiser les audiences internationales, n’aident pas forcément le public local : douze rencontres du premier tour sont programmées à 12h, et beaucoup d’autres à 15h. Le public américain a aussi d’autres rendez-vous, installés depuis des années, à l’image des tournées estivales des clubs européens, ainsi que la perspective beaucoup plus alléchante de la Coupe du monde 2026.
La promesse de réunir « les 32 meilleurs clubs du monde » ne sera pas non plus véritablement tenue en raison du format de qualification mis en place. Ce Mondial se disputera sans le champion d’Angleterre (Liverpool), le champion d’Espagne (Barcelone) ni le champion d’Italie (Naples). En revanche, Chelsea, quatrième de Premier League cette saison, participe en raison de sa victoire en Ligue des champions… en 2021. Malgré l’argent injecté et la communication intensive de la FIFA, qui a sollicité plusieurs influenceurs, force est de constater qu’aux yeux du public, la Coupe du monde des clubs n’est pas aussi immanquable que la FIFA le répète.
Le tournoi ressemble plutôt à une exhibition grassement rémunérée qu’à un véritable objectif sportif pour des équipes qui arrivent en tirant la langue (déjà 62 matchs cette saison pour le Real Madrid, 58 pour le PSG, 57 pour Chelsea). Le syndicat des joueurs, la FIFPRO, a d’ailleurs alerté sur la surcharge du calendrier et sur les risques pour la santé des joueurs. Pas vraiment la priorité de la FIFA, concentrée sur sa « révolution » et sur ses opérations de communication.