— Publié le 12 juin 2025

World Boxing et le sujet inflammable des tests de genre

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World Boxing marche sur des œufs. Confortée par le CIO pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, la FI s’est emparée d’un sujet ô combien délicat en annonçant l’introduction de tests de genre obligatoires le 30 mai. Un communiqué bien plus épineux à rédiger que ceux auxquels elle nous avait habitué, sur l’évolution du nombre de fédérations membres (106 à l’heure actuelle). Malgré un certain nombre de précautions, World Boxing est partie à la faute en citant nommément la championne olympique Imane Khelif, sous le feu des accusations lors des Jeux de Paris 2024. Ce qui a logiquement fait couler beaucoup d’encre.

« Offrir des conditions de compétition équitables »

World Boxing a justifié le recours à ces tests génétiques dans le but de « garantir la sécurité de tous les participants et offrir des conditions de compétition équitables pour les hommes et les femmes ». Selon la nouvelle politique de la fédération, qui doit entrer en vigueur en juillet, tous les athlètes de plus de 18 ans souhaitant participer à une compétition organisée ou reconnue par World Boxing devront subir un test génétique PCR pour déterminer leur catégorie.

Les athlètes présentant du matériel génétique du chromosome Y ou une différence de développement sexuel (DSD) avec androgénisation masculine concourront chez les hommes. La catégorie féminine, elle, reposera sur la présence de chromosomes XX, l’absence de matériel génétique du chromosome Y, ou un DSD sans androgénisation masculine. Les fédérations nationales seront responsables de ces tests et devront fournir une attestation du sexe chromosomique de leurs athlètes, avant les compétitions.

Dans son communiqué initial (qu’elle a ensuite modifié), la FI ne citait qu’un seul nom, Imane Khelif, en indiquant que la championne olympique de Paris 2024 devrait réaliser ce test pour pouvoir boxer à Eindhoven (5-10 juin). Elle précisait qu’elle désirait ainsi « protéger la santé mentale et physique de tous les participants à la lumière de certaines réactions exprimées au sujet de la participation potentielle de la boxeuse à l’Eindhoven Box Cup ». Une compétition que l’Algérienne n’a finalement pas disputée.

L’IBA se frotte les mains

La FI a fait son mea culpa, cinq jours après son premier communiqué. « World Boxing reconnaît qu’elle n’aurait pas dû nommer cette personne et, en conséquence, le président de World Boxing a écrit personnellement au président de la Fédération algérienne de boxe pour lui présenter des excuses formelles et sincères, reconnaissant que davantage d’efforts auraient dû être faits pour éviter de lier la politique à une personne en particulier », peut-on lire dans le communiqué. World Boxing assure avoir pris en compte « des données et des éléments médicaux provenant d’un large éventail de sources » afin d’établir sa politique.

Déterminée à laver son honneur dans le conflit qui l’oppose au CIO, l’Association internationale de boxe (IBA) jubile et en profite pour se replacer. « L’IBA se réjouit de voir que la seule bonne approche a été adoptée par d’autres instances de la boxe. La réponse unie de toutes les instances de la boxe était absolument nécessaire ; nous nous félicitons des déclarations les plus récentes pour embrasser les processus d’éligibilité que l’IBA a déjà établis. » La fédération avait disqualifié l’Algérienne des Championnats du monde 2023 à la suite d’un test de genre.

Elle assure que World Boxing recevra « des résultats identiques » et attend avec impatience « des excuses formelles de la part des athlètes » qui ont porté préjudice aux « boxeuses légitimes ». L’approche vantée par l’IBA, vers laquelle WB se rapproche, a pourtant été balayée par le CIO lorsque l’institution a décidé d’autoriser Imane Khelif et Lin Yu-ting à boxer aux JO. En s’emparant d’un sujet important mais extrêmement sensible, World Boxing a mis le doigt dans un engrenage bien complexe. Les détails de sa nouvelle politique sur l’âge, le poids et le sexe seront scrutés de près.