Paris 2024

L’intelligence artificielle au cœur de Paris 2024 et de Milan-Cortina 2026

— Publié le 11 juin 2025

Comment rester à la pointe de la technologie et en phase avec son temps ? La question taraude le CIO, qui a activé plusieurs leviers : les Jeux olympiques de l’eSport, qui naîtront en 2027, mais aussi l’intelligence artificielle. Le CIO a même lancé un agenda olympique pour l’IA en 2024 avec l’objectif de « libérer tout le potentiel de l’IA pour promouvoir la solidarité, faire progresser la transformation numérique, améliorer la durabilité et la résilience, et renforcer le rôle du sport dans la société ». Les Jeux de Paris 2024 ont permis de rendre cette ambition plus concrète et dans cette lignée, des nouveautés devraient émerger à Milan-Cortina 2026.

Optimiser et innover

L’été dernier, l’IA a notamment été mise au service des athlètes pour lutter contre les menaces et le harcèlement numérique. « Le CIO a mis en place le plus grand programme de prévention des abus en ligne jamais réalisé dans l’histoire du sport, explique Ilario Corna, directeur de la technologie et de l’information du CIO, auprès de NBC. Nous avons analysé plus de 2,3 millions de messages pour détecter d’éventuels cyber-abus. Nous avons identifié plus de 10.200 messages abusifs qui ont été automatiquement supprimés des réseaux sociaux. »

L’IA a également permis d’optimiser le positionnement des caméras sur les sites de compétition, « avant même d’être sur place », et de réduire les dépenses d’énergie. « Cela nous a permis de surveiller en temps réel toute la consommation d’énergie, puis de l’optimiser. Un exemple : nous avons pu constater que des projecteurs antibrouillard restaient allumés dans les stades, donc nous avons demandé à ce qu’ils soient éteints quand il n’y a pas de compétitions. »

Autres bénéficiaires de ces technologies : les diffuseurs et les téléspectateurs. « Nous avons mis en place une plateforme très innovante pour générer automatiquement des temps forts, où les diffuseurs avaient la possibilité de choisir par sport, par athlète, de créer leurs propres formats. Au final, les radiodiffuseurs ont généré 97.000 clips différents, tous personnalisés », souligne Yiannis Exarchos, directeur général du service olympiques de radiotélévision (OBS).

« Dans un certain nombre de sports, nous avons réalisé pour la première fois à grande échelle des ralentis multi-caméras qui, nous l’avons toujours pensé, ajoutaient beaucoup de valeur à la narration et surtout à la compréhension du sport. » C’était ainsi le cas en athlétisme, en gymnastique ou en plongeon. L’IA a également été utilisée pour identifier plus facilement les athlètes dans des épreuves de masse – marathon, marche, voile.

Du nouveau pour le curling, le hockey et le short track ?

L’innovation continuera aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. « Pour la première fois, nous appliquerons un système d’intelligence artificielle que nous avons déjà testé et qui sera capable d’expliquer très facilement les rotations des pierres de curling, et surtout de montrer la trajectoire exacte que suivent ces pierres. Parfois, nous pensons que ces pierres suivent plus ou moins une trajectoire linéaire, mais cela n’a rien à voir avec ce qu’est réellement ce sport », insiste Exarchos. Le même principe avait permis, à Paris, de montrer précisément la trajectoire suivie par les flèches en tir à l’arc ou par la balle en golf.

En hockey sur glace, un système de tracking du palet est à l’étude. Une première qui faciliterait le suivi des matchs, la rapidité d’exécution des joueurs pouvant parfois dérouter le téléspectateur. Le CIO travaille avec toutes les fédérations de sports olympiques d’hiver sur les avancées technologiques possibles avant Milan-Cortina. « Nous étudions la manière dont on peut utiliser les modèles d’IA pour faciliter le jugement et fournir les bonnes données aux juges, ajoute Corna. En short track, le jugement prend parfois du temps car certains contacts se produisent très rapidement. Nous envisageons donc d’installer des caméras sur les casques des patineurs. Avec l’IA, nous étudions l’analyse vidéo pour comprendre ces contacts et les pénalités qui sont infligées. » L’idée est claire : placer le téléspectateur au cœur de l’action, tout en lui offrant une meilleure compréhension de la technique des athlètes.