— Publié le 17 avril 2024

A J – 100, Paris 2024 face à un triple défi

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100 jours. Au COJO Paris 2024, le tableau du compte-à-rebours affiche un chiffre rond, ce mercredi 17 avril. Le dernier à trois unités. Demain, à 99 jours de l’ouverture, l’imminence de l’événement se fera sentir avec encore plus de force, surtout pour les plus anciens de la maison, embarqués dans l’aventure depuis plus de six ans.

Tony Estanguet, son président, l’a répété comme un refrain à tous ses interlocuteurs, la semaine passée à Birmingham pendant SportAccord : à 100 jours du lever de rideau, le COJO se trouve exactement où il avait prévu d’être. Le triple champion olympique n’a pas promis de « casser les codes » – il ne le fait heureusement plus -, mais il a encore annoncé l’exceptionnel à un mouvement olympique qui se contenterait sans doute d’une simple normalité, trois ans après Tokyo et les Jeux de la crise sanitaire.

Tony Estanguet dit vrai. A J – 100, Paris 2024 est dans les clous. Son budget – 4,4 milliards d’euros au dernier pointage -, n’a pas connu les dérives des éditions précédentes. Il a augmenté, certes, mais les recettes ont compensé, issues notamment de la billetterie. Son catalogue de partenaires privés affiche 78 noms. Les constructions sont terminées. Les clignotants sont au vert. « Je ressens un mélange de confiance et d’excitation, a-t-il avoué devant quelques journalistes. Et je suis fier de ce nous avons accompli jusque-là. »

Il n’empêche, la tableau reste flou. A 100 jours de l’ouverture, les Jeux de Paris 2024 suscitent encore un peu partout, en France notamment, plus d’inquiétude que d’impatience. Et le COJO peine à rassurer. A J – 100, les défis restent de taille. Trois, surtout, doivent être relevés pour lever les derniers doutes.

Clarifier le discours. A l’approche de l’événement, le sujet Paris 2024 n’a jamais été aussi médiatique. Une évidence. Il n’a jamais non plus été aussi partagé. Politiques, marques, institutions… tout le monde s’en empare. C’était prévu. Mais le discours manque cruellement de clarté. La dernière sortie d’Emmanuel Macron en a apporté une nouvelle illustration, peut-être la plus spectaculaire. Invité de BFM/RMC lundi 15 avril, à la veille de l’allumage de la flamme à Olympie, le chef de l’Etat a plombé l’ambiance en s’exprimant jusqu’à plus soif sur la sécurité. Il a évoqué les « plans B et C » pour la cérémonie d’ouverture, expliquant que le second des deux verrait le décor de la première soirée des Jeux transposé au Stade de France, une option peu crédible et certainement pas réaliste. Questionné sans répit par les médias depuis des mois sur le même sujet, le COJO n’a jamais tenu pareil discours. Tony Estanguet le répète sans signe d’agacement : « Nous n’avons pas de plan B, la cérémonie se tiendra sur la Seine. » Même dissonance sur la question russe, où le COJO reste dans son rôle en mettant en avant la Charte olympique et son principe de non discrimination, pendant que la maire de Paris, Anne Hidalgo, martèle un peu partout que les athlètes russes ne seront pas les bienvenus aux Jeux, même sous statut neutre.

Parler sport. A 100 jours de l’ouverture, le moment est certainement venu pour le COJO de rappeler à tous, le grand public en tête, que les Jeux olympiques sont d’abord et avant tout un événement sportif, peut-être le plus beau et universel de tous. Un événement où les spectateurs viendront, le jour J, d’abord et avant tout pour les athlètes. Tony Estanguet le sait mieux que quiconque, pour avoir lui même transporté ses pagaies à quatre éditions des Jeux, entre 2000 et 2012. Mais la communication du comité d’organisation peine à replacer l’essentiel – le sport et les athlètes – au coeur du sujet. A la différence de Los Angeles 2028, où le storytelling est déjà orienté vers les premiers acteurs de l’événement, Paris 2024 se laisse encore embourber par les questions de sécurité, transport et budget, sans proposer une alternative plus en phase avec la raison première des Jeux olympiques.

Vendre les Jeux paralympiques. Tony Estanguet l’a reconnu à SportAccord, la semaine passée à Birmingham, en réponse à une question de FrancsJeux : le plus gros défi, à trois mois et une poignée de jours de l’ouverture, reste de mieux vendre les Jeux paralympiques. « Nous devons lancer un message aux gens, a-t-il expliqué. Ces Jeux paralympiques seront les premiers organisés en France. Il va nous falloir pousser plus la communication. » A ce jour, pas moins de 2 millions de billets restent à vendre. Les ventes ne décollent pas. Pas encore. « Nous croyons beaucoup dans le produit, notamment parce que les épreuves se dérouleront dans les mêmes sites que les Jeux olympiques », insiste le président du COJO.