Candidatures

Pour le Mondial 2030, le Maroc s’invite à table

— Publié le 15 mars 2023

Les cartes changent de mains dans la course à l’organisation du Mondial de football en 2030. Un joueur quitte la table, un autre le remplace.

Le Maroc a annoncé très officiellement, mardi 14 mars, avoir rejoint le projet porté par le Portugal et l’Espagne. Un projet parti à deux, puis étoffé à l’automne dernier par l’arrivée surprise de l’Ukraine. Il reste articulé autour d’un trio, mais dont le centre de gravité penche désormais nettement plus vers le sud.

Pas de doute : l’annonce du Maroc est très officielle. La décision vient du roi Mohammed VI lui-même. Il en a rédigé le texte dans un communiqué lu par son ministre des Sports, Chakib Benmoussa, à l’occasion de la remise du Prix de l’excellence 2022 de la Confédération africaine de football (CAF), mardi soir à Kigali, au Rwanda.

« J’annonce devant votre assemblée que le royaume du Maroc a décidé, avec l’Espagne et le Portugal, de présenter une candidature conjointe pour accueillir la Coupe du Monde 2030″, explique le communiqué.

Sur le fond, l’entrée du Maroc dans le jeu n’a rien de très surprenant. Le pays rêve tout haut depuis plusieurs décennies d’amener le Mondial en Afrique, un continent où le tournoi planétaire n’a été organisé qu’une seule fois, en 2010 en Afrique du Sud. Les Marocains s’y sont essayés à cinq reprises, pour les éditions 1994, 1998, 2006, 2010 et 2026. A chaque fois, ils ont été reconduits sans jamais vraiment donner l’impression d’être passés tout près de la victoire.

Leur dernier échec, pour le Mondial 2026, aurait pu les décourager. Ils ont pourtant laissé très vite entendre qu’ils se lanceraient à nouveau dans l’aventure. Leur présence aux côtés de l’Espagne et du Portugal pour l’édition 2030 a souvent été évoquée, mais sans jamais être confirmée. Un projet commun avec la Tunisie et l’Algérie aurait également été discuté.

Logique, donc. Mais la manière interroge. Certes, annoncer une candidature pendant un congrès de la FIFA n’est sans doute pas le plus mauvais timing, l’ensemble des votants étant réuni dans une même salle. Mais le message des Marocains, mardi 14 mars à Kigali, a semblé poser plus de questions qu’il n’a apporté de réponses.

Dans son communiqué du roi Mohammed VI, le Maroc n’évoque pas l’Ukraine, pourtant toujours officiellement membre du trio des candidats initié par l’Espagne et le Portugal. Il laisse entendre que les Ukrainiens n’en seraient plus, mais sans que les autres parties l’aient confirmé.

Visiblement mal à l’aise, la Fédération espagnole de football a expliqué aux médias, mardi à Kigali, qu’une rencontre était prévue ce mercredi 15 mars avec les instances portugaise et marocaine, toujours dans la capitale rwandaise, en marge du congrès de la FIFA. Les Espagnols n’ont pas non plus évoqué l’Ukraine et son possible retrait, se contentant de préciser que les présidents des trois fédérations « communiqueront à Kigali toute nouveauté concernant la candidature pour le Mondial 2030. »

Deux scénarios se dégagent. Dans le premier, le Maroc remplace l’Ukraine poste à poste, le dossier strictement européen devenant une candidature à cheval sur deux continents. Dans le second, l’Ukraine reste associée au projet, l’arrivée du Maroc le transformant en un quatuor. Les prochaines heures devraient permettre d’en écarter un pour ne retenir que l’autre.

A trois comme à quatre, le projet initié par l’Espagne et le Portugal ne part certainement pas battu d’avance. A ce stade de la course, une seule autre candidature est lancée dans la bataille, portée par l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et le Chili. Une autre, articulée autour de la Grèce, l’Egypte et l’Arabie saoudite, est annoncée par la rumeur depuis l’an passé, mais elle n’a pas encore jamais été confirmée.

La FIFA doit désigner l’an prochain, à six ans de l’échéance, les pays hôtes du Mondial 2030. Seule certitude : le tournoi planétaire devra sauter au-dessus des frontières.