— Publié le 27 février 2023

« Nous allons innover sur le système des volontaires »

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Tous les chemins mènent au COJO Paris 2024. Mathieu Mériaux en est une parfaite illustration. Nordiste de naissance, ancien escrimeur devenu maître d’armes, il a passé près de deux décennies en Australie avant de rejoindre l’aventure des prochains Jeux d’été.

Escrime, triathlon, volley-ball, le Franco-Australien a multiplié les expériences dans le mouvement sportif down under, avant de se risquer à un détour de quatre ans dans l’univers plus codifié des mathématiques.

Aux manettes du volley-ball aux Jeux de Paris 2024, il ajoute un nouveau volet à la série bi-mensuelle d’interviews des managers sport du comité d’organisation.

FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?

Mathieu Mériaux : Avant de rejoindre le COJO à l’automne 2021, je vivais à Canberra, en Australie, où j’avais quitté l’univers du sport pour devenir sous-directeur général, pendant quatre ans, de l’association de mathématiques australienne. Mon rôle consistait notamment à organiser des compétitions de mathématiques et sélectionner les participants. Mais mon parcours avait jusque-là été exclusivement dédié au sport. J’ai grandi en France, dans le Nord, où j’ai pratiqué l’escrime jusqu’à devenir maître d’armes. En 2003, je suis parti à Perth, en Australie, pour enseigner ma discipline. Je suis resté 18 ans en Australie, pendant lesquels j’ai travaillé dans les fédérations nationales d’escrime, de triathlon et de volley-ball.

Votre expérience passée des Jeux olympiques ?

J’ai participé de l’intérieur à trois éditions consécutives des Jeux olympiques. La première remonte à Londres 2012, où je travaillais au sein du comité d’organisation sur les compétitions d’escrime. Quatre ans plus tard, à Rio 2016, j’ai accompagné l’équipe australienne de beach volley. Enfin, j’étais officiel technique international (ITO) sur les tournois de volley-ball, aux Jeux de Tokyo 2020, pour le compte de la fédération internationale (FIVB).

Un souvenir marquant des Jeux ?

Il est assez particulier, puisqu’il s’agit de l’incident ayant impliqué une escrimeuse sud-coréenne, Shin A-lam, aux Jeux de Londres en 2012. Mécontente d’une décision d’arbitrage, elle est restée assise sur la piste, en pleurs, pendant une heure. La scène a été diffusée en direct à la télévision dans son intégralité. Nous n’avions absolument pas travaillé à l’avance sur un tel scénario. Une vraie gestion de crise, en direct. Le lendemain, l’image était à la Une de tous les journaux à Londres. L’incident a été terrible pour l’escrimeuse, mais très enrichissante pour moi. Et elle a apporté une incroyable exposition médiatique à l’escrime. Un autre souvenir, plus récent, a été la victoire de l’équipe de France masculine de volley-ball en finale des Jeux de Tokyo 2020. J’ai eu la chance d’en être un témoin privilégié, l’un des rares spectateurs dans la salle.

Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?

A ce stade de la préparation, je commence à beaucoup travailler sur la présentation sportive de la compétition : le look de la salle, l’habillage du site… Comment utiliser la technologie, notamment, au service du tournoi. Mais nous avons également la volonté, avec mon collègue du beach vollley, l’ancien passeur Yann Lavallée, d’apporter notre touche personnelle à l’organisation de nos disciplines. Nous allons innover sur le système des volontaires, en mettant en place une expérience inédite de rotations entre le volley-ball et le beach volley. Un bénévole pourra par exemple s’occuper d’une tâche administrative le lundi au volley, puis se retrouver dans un rôle de terrain le lendemain au beach volley.

Les sites du volley-ball, du beach volley du volley assis : leurs atouts, le défi dans la perspective des Jeux ?

Je suis le seul sport manager du COJO à être concerné par les trois clusters de Paris, nord, ouest et centre. Le volley-ball se déroulera au hall 1 de l’Arena Paris Sud, au parc des expositions de la porte de Versailles. Nous allons bénéficier du hall ayant la plus grande hauteur de plafond. Il ne présente aucun problème technique, il est parfaitement adapté à l’organisation d’un tournoi de volley-ball, avec deux tribunes à installer. Pour le beach volley, le décor sera tout à fait différent, puisque la compétition est prévue au stade Tour Eiffel, sur le Champ-de-Mars. Le site est grandiose et magnifique, avec plus de 14.000 places assises, mais il faudra composer avec les nombreux arbres. Le challenge est d’épouser la nature et le parc pour intégrer harmonieusement le site. Enfin, le volley assis se disputera pendant les Jeux paralympiques à l’Arena Paris Nord, à Villepinte. Le site aura été utilisé pendant les Jeux olympiques pour la boxe et une épreuve – l’escrime – du pentathlon moderne. Nous devrons le reconfigurer pour le volley-ball assis.

Paris 2024 sera une réussite pour le volley-ball et le beach volley si…

La médaille d’or de l’équipe de France aux Jeux de Tokyo 2020 a été diluée par la distance et par l’absence de spectateurs. A Paris 2024, nous aurons réussi si nous contribuons à créer une nouvelle communauté de joueurs et fans de volley-ball, en ancrant plus fortement ce sport dans la culture française. Cela passera évidemment par les résultats des Bleus, mais aussi par la présentation du volley-ball.