Candidatures

L’Inde veut les Jeux et les veut en grand

— Publié le 29 décembre 2022

Tout sauf un scoop : l’Inde veut les Jeux olympiques. Elle les veut dès la prochaine opportunité, l’édition estivale en 2036. Et elle les veut en très grand.

Le projet n’est pas nouveau. Le Comité olympique indien (IOA) a déjà évoqué à plusieurs reprises l’idée d’une candidature. Les autorités lui ont souvent emboité le pas. Mais le dossier semble aujourd’hui prendre de l’épaisseur. Ses contours se révèlent plus précis.

Le ministre indien des Sports, Anurag Thakur, en parle désormais comme d’une quasi-certitude. Il l’a expliqué au Times of India, dans une interview publiée mardi 27 décembre : « Nous savons tous que les créneaux sont réservés jusqu’en 2032. Mais à partir de 2036, nous avons de grands espoirs. Je suis sûr que l’Inde préparera pleinement une candidature pour les Jeux olympiques. »

La date est donnée. Et, avec elle, le cadre du projet. Toujours selon Anurag Thakur, la candidature s’articulerait autour d’une ville rarement évoquée pour un dossier olympique : Ahmedabad, dans l’État du Gujarat, au nord-ouest du pays. Sixième métropole indienne par sa population, elle compte aujourd’hui plus de six millions d’habitants. Son aéroport figure au septième rang national pour le nombre de passagers.

Pourquoi ce choix ? La raison porte un nom tout en longueur : Sardar Vallabhbhai Patel Sports Enclave. Ce vaste complexe multisport, dont la construction a déjà débuté, s’annonce comme une réalisation unique dans le pays. Un parc olympique en taille XL, doté d’un hôtel, de boutiques et d’une zone résidentielle.

Le projet est déjà une réalité. Son avenir ne dépend pas d’une éventuelle attribution à l’Inde des Jeux d’été en 2036. Mais sa configuration pourrait évoluer dans l’hypothèse où le CIO choisisse de confier l’organisation de l’événement au deuxième pays le plus peuplé de la terre.

Anurag Thakur l’a expliqué cette semaine : le gouvernement indien apportera un soutien sans réserve à une candidature olympique. Le projet sera porté par le comité national olympique. Il s’annonce massif. « Je peux vous assurer que nous n’accueillerons pas seulement les Jeux olympiques, nous les accueillerons en grand, annonce le ministre des Sports, sans craindre d’avancer à contre-courant de la tendance à un certain minimalisme, au moins en surface. Si l’Inde fait aujourd’hui parler d’elle dans tous les secteurs, de l’industrie manufacturière aux services, pourquoi pas dans celui du sport ? C’est pour cela que nous envisageons très sérieusement de poser notre candidature pour les Jeux olympiques de 2036. »

Pour les porteurs du projet, la suite semble déjà écrite. Les médias indiens rapportent que les autorités du Gujarat auraient travaillé sur des échanges à venir avec le CIO, afin d’identifier les sites et les équipements nécessaires pour accueillir les Jeux d’été. La phase dite de « dialogue« , à entamer l’an prochain, treize ans avant l’événement.

Autre étape soulignée d’un trait épais : la prochaine session du CIO, prévue en septembre ou octobre 2023 à Mumbai. L’Inde profitera de l’opportunité d’accueillir l’instance olympique au grand complet pour lui présenter son ambition, son projet et sa feuille de route.

L’Inde peut-elle l’emporter ? Difficile de trancher tant la réponse est liée à la personnalité du prochain président du CIO. Thomas Bach doit rendre les clefs de son bureau en 2025, après un double mandat de douze ans. A ce stade, l’identité de son successeur reste difficile à deviner, les postulants n’ayant pas encore jugé opportun de se faire connaître.

Mais le prochain président pourrait être tenté, et le CIO avec lui, de se tourner vers des destinations moins habituelles, après une trilogie France-Etats-Unis-Australie aux airs de déjà-vu. Dans un tel scénario, l’Inde ou l’Indonésie, voire le Mexique, auraient toutes leurs chances.