— Publié le 28 décembre 2022

Manolo Romero, la disparition d’un pionnier

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Il n’a jamais été l’un de ses membres. Mais le CIO lui doit beaucoup. L’instance olympique a annoncé, mardi 27 décembre, la disparition de l’Espagnol Manolo Romero, le fondateur et ancien directeur général d’Olympic Broadcasting Services (OBS), sa filiale en charge de la production des images des Jeux. Il s’est éteint le 24 décembre à l’âge de 81 ans.

Originaire de Séville, Manolo Romero a été à l’origine de la création d’OBS en 2001, trois ans avant les Jeux d’Athènes. Il en assuré la direction à partir de l’année 2003, jusqu’aux Jeux de Londres 2012, avant de quitter le mouvement olympique et laisser la place à l’actuel patron d’OBS, le Grec Yiannis Exarchos. Le CIO le suggère dans un communiqué : l’Espagnol a « révolutionné la manière dont les grands événements sportifs sont diffusés dans le monde et a créé le modèle sur lequel tous les futurs organismes de diffusion hôte allaient être construits. »

Témoignage de l’Américain David Mazza, vice-président de NBC Sports et NBC Olympics : « Manolo Romero a pratiquement inventé le concept de diffuseur-hôte en 1982 pour la Coupe du Monde de football, puis deux ans plus tard pour ABC aux Jeux de Los Angeles. Il en a ensuite fait une réalité incontournable pour les Jeux de Barcelone en 1992. Il a été la force motrice de la couverture olympique moderne« .

Diplômé en ingénierie des télécommunications et en économie à l’Université de Madrid, Manolo Romero a intégré le monde de l’audiovisuel en 1965, année où il a été recruté comme ingénieur par la chaîne de télévision espagnole TVE. Très vite, il est désigné pour diriger un groupe de travail de l’Union européenne de radiodiffusion (UER) chargé d’étudier les moyens d’échanger des programmes télévisés au niveau international par satellite.

« J’ai pu travailler avec de nombreux diffuseurs internationaux alors que nous essayions de mettre en place des normes communes de transmission, a-t-il expliqué dans un interview réalisée après la fin de sa carrière professionnelle. Cela m’a beaucoup aidé, car je devais apprendre à faire en sorte qu’ils me comprennent. Mais j’ai aussi pu voir comment les choses étaient faites dans d’autres parties du monde. L’UER m’a invité à travailler sur les Jeux de Mexico en 1968, où nous avons dû organiser toutes les transmissions depuis les sites de compétition, qui étaient alors couverts par différents diffuseurs – comme les Américains d’ABC, les Canadiens de CBC, les Japonais de la NHK, et nous au sein de l’UER. »

En 1982, Romero supervise les opérations de la télévision espagnole lors de la Coupe du Monde de football en Espagne. Deux ans plus tard, il est recruté par ABC comme directeur des opérations européennes et responsable des opérations internationales pour les Jeux olympiques de Los Angeles 1984.

« Le modèle proposé à Los Angeles en 1984 a été adopté par le CIO pour plusieurs Jeux suivants, comme ceux de Barcelone 1992 et Atlanta 1996, a-t-il expliqué. Les comités d’organisation étaient responsables de trouver un diffuseur-hôte. »

En 1994, Manolo Romero décide de créer une nouvelle société, European Sports International. Détenue par l’UER, elle a couvert la Coupe du Monde de football aux Etats-Unis en 1994. Trois ans plus tard, il avance un nouveau pion en créant International Sports Broadcasting, une société dont il est le président-directeur général. ISB a été le diffuseur hôte des Mondiaux de ski alpin à Vail en 1999, des Jeux d’hiver de Salt Lake City en 2022 et de ceux d’été à Athènes en 2004.

« Manolo était une légende et un pionnier dans le secteur de la retransmission sportive, a déclaré Thomas Bach dans le communiqué de nécrologie publié par le CIO. Son héritage sur la couverture des Jeux se perpétuera non seulement dans les techniques de pointe et les innovations qu’il a introduites en matière de retransmission, mais aussi à travers les milliers de professionnels de la diffusion qu’il a encadrés et influencés au cours de ses plus de 50 ans de carrière dans le secteur« .

L »Espagnol avait été intronisé au Temple de la renommée de la diffusion sportive quelques semaines seulement avant son décès.