— Publié le 27 décembre 2022

La Biélorussie veut mettre ses athlètes derrière les barreaux

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Les deux pays partagent une même suspension du mouvement olympique, recommandée par le CIO en février dernier, au début de l’invasion de l’Ukraine. Mais l’avenir à moyen terme de la Russie et de la Biélorussie pourrait bien se révéler très différent.

Au moment où le CIO travaille à une possible réintégration des athlètes russes dans les compétitions internationales, la Biélorussie vient d’aggraver son cas. Selon une organisation nationale de défense des droits humains, le Centre Visana, le régime du président Alexandre Loukachenko a prononcé une peine de prison de 12 ans contre une ancienne nageuse, Aliaksandra Herasimenia (photo ci-dessus, au centre), triple médaillée olympique et championne du monde dans les épreuves de sprint.

Aujourd’hui âgée de 36 ans et retraitée des bassins depuis 2019, la jeune femme été condamnée par contumace pour « création d’une formation extrémiste« . Le tribunal de Minsk l’a également été reconnue coupable d' »appels à des sanctions contre la Biélorussie » et de « diffusion de fausses informations sur les événements » dans le pays en 2020.

L’information a été rapportée lundi 26 décembre par l’ONG biélorusse, qui précise que le procès avait débuté le 19 décembre. Il s’est déroulé à huis clos, et en l’absence des accusés, conformément à une loi adoptée en juillet dernier, qui autorise les tribunaux à juger par contumace les Biélorusses en exil à l’étranger.

En plus d’une peine de prison, le tribunal de Minsk a décidé de saisir l’appartement de l’ancienne nageuse, ainsi que sa voiture et 48.000 dollars sur ses comptes bancaires.

Un autre acteur majeur de l’opposition des sportifs biélorusses au régime d’Alexandre Loukachenko a été lui aussi condamné. Alexander Opeikin a écopé d’une peine de prison de 12 ans. Il est le directeur exécutif de la Fondation de solidarité sportive de Biélorussie (BSSF), une organisation de dissidents qui avait notamment aidé la sprinteuse Krystsina Tsimanouskaya à trouver refuge en Pologne après avoir quitté la délégation biélorusse pendant les Jeux de Tokyo 2020.

Championne du monde du 100 m en 2011, puis triple médaillée olympique (argent sur 50 et 100 m à Londres 2012, bronze sur 50 m à Rio 2016,) Aliaksandra Herasimenia vit aujourd’hui en exil. Mais elle est restée dans le viseur des autorités de son pays depuis deux ans, pour avoir notamment co-signé avec d’autres athlètes une lettre ouverte appelant à des élections libres, pendant le mouvement de protestation contre la réélection d’Alexandre Loukachenko.

En avril 2021, elle a vendu aux enchères sa médaille d’or des championnats du monde 2011 pour lever des fonds en soutien aux athlètes passés dans l’opposition. La vente a rapporté 13.500 euros.

Aliaksandra Herasimenia et Alexander Opeikin ont été à l’origine de la création en 2020 de la BSSF, une organisation aujourd’hui considérée comme extrémiste par les autorités biélorusses. Ils ont contribué à faire annuler par les instances sportives internationales plusieurs événements majeur du calendrier prévus en Biélorussie en 2021, dont les Mondiaux de pentathlon moderne et ceux de hockey-sur-glace.

Pour rappel, le CIO n’avait pas attendu le début du conflit en Ukraine pour sanctionner le régime biélorusse. En décembre 2020, l’instance a suspendu Alexandre Loukachenko de toutes les manifestations et activités du mouvement olympique, dont les Jeux, en raison de la discrimination politique frappant les athlètes du pays.