— Publié le 13 septembre 2022

A deux ans de Paris 2024, le mouvement olympique français affiche ses divisions

Institutions Focus

L’histoire oubliera sans doute la date. A tort, car elle est d’importance. Lundi 12 septembre, le conseil d’administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), réuni à la va-vite et à titre exceptionnel au siège de l’instance dans le sud de Paris, a voté la destitution du secrétaire général. A 683 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024. Moins de deux ans.

Didier Seminet (photo ci-dessus), ex président de la Fédération française de baseball et softball, désigné un peu plus d’une année plus tôt pour assurer la fonction à temps plein, et de façon salariée, disparait de l’organigramme. Brigitte Henriques, la présidente du CNOSF, souhaitait son départ et l’avait signifié au conseil d’administration lors d’une réunion à la fin du mois d’août. Elle l’a obtenu. Mais cette décision, sans plonger encore l’instance dans la crise, affiche au grand jour ses divisions.

Un communiqué de presse très laconique, publié lundi en fin de journée en deux versions successives, précise que « les 45 membres (du conseil d’administration) présents se sont prononcés, à une majorité requise et à bulletin secret, pour la révocation du mandat du Secrétaire général du CNOSF. » Le même communiqué indique que « Didier Seminet demeure membre du Conseil d’administration du CNOSF. » Enfin, il annonce qu’un ou une nouvelle secrétaire général(e) « sera désigné(e) lors d’un prochain conseil d’administration. »

Selon plusieurs sources, toutes anonymes (les membres du conseil d’administration étaient tenus à la confidentialité), la majorité a certes été obtenue, mais sans se révéler écrasante. Vingt-huit votants se seraient prononcés en faveur du départ de Didier Seminet. Dix-sept auraient voté contre. Le oui l’a donc emporté avec 62 % des voix.

Détail tout sauf anecdotique : plusieurs des soutiens de Brigitte Henriques pendant sa campagne pour la présidence du CNOSF, où elle était opposée à trois autres candidats, auraient voté contre le départ de Didier Seminet. Un retournement qui pourrait annoncer une suite de mandat plus complexe pour l’équipe en place, Didier Seminet rejoignant désormais lui aussi l’opposition.

Les raisons de la destitution du secrétaire général, une première dans l’histoire du CNOSF, restent floues. Interrogée par l’AFP, Brigitte Henriques a expliqué que la décision était le « fruit d’une réflexion longue et difficile« . L’ancienne internationale de football, devenue en juin 2021 la première femme à présider l’instance olympique, avait assuré plus tôt que le trio formé avec Didier Seminet et la nouvelle directrice générale, Lise Cosimi, recrutée en décembre dernier, « ne fonctionnait plus« .

Selon un proche de la direction du CNOSF, cité par l’AFP, « il y a une différence irréconciliable sur la manière de faire« .

Un nouveau secrétaire général sera bientôt nommé pour faire équipe avec l’ancienne escrimeuse Astrid Guyart, choisie l’an passé pour occuper la fonction d’adjointe dans la foulée de l’élection de Brigitte Henriques. Mais sa nomination ne sera pas forcément imminente.

Un nom circule, celui de Marie-Françoise Potereau. Membre de la Fédération française de cyclisme, elle siège au conseil d’administration du CNOSF sous le mandat de la Fédération française de hockey sur gazon.

Dans une telle hypothèse, le mouvement sportif français pourrait devenir le plus féminin de la planète, avec un trio présidente-directrice générale-secrétaire générale au CNOSF, une femme à la tête du ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques (Amélie Ouéda-Castéra), et une autre aux commandes du Comité paralympique et sportif (Marie-Amélie Le Fur).