— Publié le 30 août 2022

Pour France 2023, Claude Atcher privé de ballon

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Mauvais timing. A une année et une poignée de jours de l’ouverture, la Coupe du Monde de rugby 2023 en France (8 septembre au 28 octobre) plonge dans la crise. Elle vient de perdre son directeur général, Claude Atcher. Le Français a été mis à pied lundi 29 août sur décision de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

Le communiqué du ministère le précise : Claude Atcher est écarté « à titre conservatoire« , avec « avec effet immédiat« . Mais sauf improbable retournement de situation, le provisoire devrait devenir définitif. L’ancien troisième ligne âgé de 66 ans, déjà très impliqué dans l’organisation du Mondial 2007 en France, ne reprendra pas les commandes du GIP ((Groupement d’intérêt public) France 2023.

En cause, des « pratiques managériales alarmantes« , selon les termes du ministère des Sports, révélées par un article du quotidien L’Equipe du 22 juin, puis confirmées par une enquête de l’inspection du Travail. Toujours selon le ministère, le management par la terreur de Claude Atcher et de sa cheffe de cabinet aurait eu pour effet « d’altérer le fonctionnement de la structure » et de plonger un certain nombre de collaborateurs dans un « état de souffrance« .

La décision du ministère des Sports, annoncée lundi 29 août en début de soirée, a été prise en accord avec le comité d’éthique du GIP France 2023, la Fédération française de rugby (FFR) et le comité olympique français (CNOSF). Elle a été approuvée par World Rugby.

Le communiqué du ministère précise que Claude Atcher « ne sera plus présent ni actif, directement ou indirectement, au sein, au nom et pour le compte du GIP pendant toute la période de mise à pied conservatoire. » En clair, il disparaît du paysage.

Un conseil d’administration exceptionnel de France 2023 sera convoqué vendredi 2 septembre, « pour ratifier cette mise à pied conservatoire et valider que les missions du directeur général seront assurées par Julien Collette, directeur général adjoint. »

Le ministère annonce également avoir ouvert une deuxième enquête. Menée conjointement par l’inspection générale des finances et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, elle vise à « analyser l’existence d’éventuels manquements à la probité économique et financière ou de conflits d’intérêts et, d’autre part, appuyer le GIP dans l’organisation de certains de ses programmes stratégiques ». Les inspecteurs se pencheront notamment sur le véhicule de fonction mis à la disposition de Claude Atcher au GIP, dont plusieurs témoignages internes s’accordent à dire qu’il était surtout utilisé par son épouse.

Preuve de la gravité des faits : toutes les parties concernées se sont empressées de soutenir, dès lundi soir, la décision prise par Amélie Oudéa-Castéra de se débarrasser d’un acteur longtemps présenté comme incontournable, mais désormais jugé indésirable.

La FFR a expliqué « s’associer pleinement au plan d’actions décidé ce jour en concertation avec le ministère des Sports et le président du GIP France 2023, Jacques Rivoal« . L’instance nationale présidée par Bernard Laporte, un allié historique de Claude Atcher, semble déterminée à couper les ponts. « La Fédération a fondé son action sur la protection de toutes ses populations, les salariés font évidemment partie de ses priorités« , a-t-elle suggéré à l‘AFP.

Même position sans nuance pour World Rugby. L’instance assure qu’elle « approuve entièrement les conclusions et le plan d’action communiqués par le ministère français des Sports sur le sujet du climat social au sein du comité d’organisation France 2023« . Elle poursuit : « Le bien-être de la famille du rugby est primordial et central aux valeurs d’unité, d’inclusion et de convivialité qui incarnent la Coupe du Monde« .

Question : qui remplacera Claude Atcher ? Le ministère a choisi la prudence, en faisant confiance au numéro 2 du comité d’organisation, Julien Collette. Il est invité à assurer un intérim, mais pourrait bien lui aussi changer le provisoire en définitif. Martine Nemecek, la directrice du tournoi, passée par les Mondiaux d’athlétisme en 2003 à Paris-Saint-Denis puis par le Mondial de rugby en 2007, devrait elle aussi grimper d’un cran.

A une année de l’ouverture, trouver un successeur à Claude Atcher en dehors du comité d’organisation ne s’annonce pas une tâche aisée. Etienne Thobois, qui avait assuré la fonction au Mondial de rugby 2007 en France, aurait coché toutes cases. Mais le Français n’est pas libre, puisqu’il occupe le siège de directeur général du COJO Paris 2024.

Hasard ou pas, la mise à pied de Claude Atcher intervient quelques jours seulement avant l’ouverture le 7 septembre à Paris du procès sur des soupçons de favoritisme autour du marketing de l’équipe de France de rugby. Claude Atcher comparaitra pour recel d’abus de confiance, abus de biens sociaux et travail dissimulé par dissimulation d’activité. A ses côtés, sur le banc des accusés, le président de la FFR, Bernard Laporte, et le propriétaire du club de Montpellier, Mohed Altrad.