Candidatures

Pour les Jeux en 2036, la Russie veut jouer dans le camp de l’Inde

— Publié le 27 juin 2022

La Russie s’est fait une raison : son invasion de l’Ukraine, en plus de l’écarter du mouvement sportif international, la condamne à jeter aux orties ses projets de candidatures olympiques. Mais le Kremlin se verrait bien jouer un rôle actif, même en coulisses, dans une future campagne pour l’accueil des Jeux.

Oleg Matytsin, le ministre russe des Sports, l’a laissé entendre sans langue de bois : la Russie serait « très heureuse » d’aider l’Inde à décrocher les Jeux olympiques d’été en 2036. Il l’a expliqué à RIA Sport, la branche sportive de l’agence de presse russe Novosti, en marge de sa récence visite en Inde à l’occasion de la Convention internationale contre le dopage dans le sport, organisée à New Delhi.

« Si le rêve de l’Inde d’accueillir les Jeux olympiques se réalise, cela pourrait contribuer à un développement stable du pays, a expliqué Oleg Matytsin. Nous sommes toujours ouverts à l’interaction, et toujours prêts à partager notre expérience en matière d’organisation des Jeux olympiques. Nous l’avons fait à de nombreuses reprises. Si une décision était prise dans ce sens, les experts russes seraient heureux d’aider à l’organisation des Jeux olympiques en Inde« .

A ce stade, l’aide proposée par la Russie se veut plus symbolique que concrète. Elle dépend de la volonté des autorités indiennes de pousser plus loin leur projet d’une candidature aux Jeux d’été en 2036. Et, dans un deuxième temps, de leur souhait de se rapprocher d’un pays, la Russie, classée sans contestation aucune au premier rang de l’impopularité dans le mouvement olympique.

Mais les propos d’Oleg Matytsin, qui présidait la Fédération internationale du sport universitaire (FISU) jusqu’à son entrée au gouvernement, envoient un message clair : la Russie, même écartée du terrain de jeu, veut encore peser dans le sport mondial. Quitte à s’associer pour cela à un pays étranger.

Pourquoi l’Inde ? Primo, le géant asiatique n’a encore jamais pu mener au bout une candidature olympique. Son projet pour les Jeux en 2024 a été rapidement abandonné. Candidat déclaré à l’édition 2032, le pays été poliment reconduit à la porte après la décision du CIO de retenir seulement Brisbane comme candidat privilégié, puis de choisir la ville australienne lors de la session de Pékin en février dernier.

L’Inde a encaissé le coup, avant de laisser entendre qu’elle remettrait volontiers le couvert pour les Jeux en 2036. Aucune initiative officielle concrète n’a encore été annoncée, mais le projet d’une candidature à plusieurs villes est régulièrement cité. Il s’appuierait sur Ahmedabad, la principale agglomération de l’état du Gujarat.

Pour rappel, l’Inde accueillera au printemps prochain à Mumbai la 140ème session du CIO. Une occasion que les autorités indiennes utiliseront sans doute pour exprimer plus clairement leurs ambitions olympiques.

Autre raison : une volonté manifeste de la Russie de se rapprocher de l’Inde. Depuis le début du conflit en Ukraine, l’Inde s’est imposée comme l’un des premiers importateurs de pétrole brut russe. Une fois transformé en carburant, il peut être réexporté vers l’Europe, déjouant ainsi indirectement les sanctions infligées à Moscou.

A New Delhi, la semaine passée, Oleg Matytsin a très officiellement rencontré le ministre indien des sports, Anurag Thakur (photo ci-dessus). Selon les médias russes, il aurait proposé à son homologue asiatique d’organiser un match de football amical entre la Russie et l’Inde.

Les deux ministres auraient également évoqué une coopération plus étroite dans le sport, notamment des échanges techniques entre joueurs et entraîneurs.

Selon Oleg Matytsin, cité par RIA Sport, le mouvement olympique est à l’origine de l’annulation ou du report, à la date du 25 mai, de 186 événements sportifs internationaux prévus en Russie en 2022-2023, dont 36 rendez-vous majeurs. La liste s’allongera encore et la Russie n’y pourra rien. Mais elle n’entend pas pour autant laisser faire sans tenter de placer ses pions.