— Publié le 25 février 2022

Face à la guerre, le mouvement sportif prépare sa riposte

ÉvénementsInstitutions Focus

Sa voix n’a sans doute pas été la plus entendue, parmi l’avalanche de condamnations exprimées par les chefs d’Etat et dirigeants politiques un peu partout dans le monde. Mais le CIO a condamné, jeudi 24 février, l’invasion de I’Ukraine par l’armée russe.

L’instance a évoqué la Trêve olympique, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 2 décembre dernier. Elle a débuté sept jours avant les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, et doit se terminer sept jours après la clôture des Jeux paralympiques, le 13 mars 2022.

La Russie l’a violée. Elle n’en est plus à une violation près des règles et des valeurs olympiques.

Suspendue pour deux ans du mouvement olympique, jusqu’en décembre 2022, écartée également pour une durée indéterminée de l’athlétisme international, la Russie s’isole encore un peu plus. La riposte du monde sportif se prépare. Elle est déjà concrète, mais pourrait largement s’amplifier dans les jours et les semaines à venir.

Ce que l’on sait

La finale de la Ligue des Champions de football, prévue le 28 mai 2022 à Saint-Pétersbourg, ne se disputera pas dans la ville russe. L’UEFA a convoqué ce vendredi matin une réunion d’urgence de son comité exécutif. Il devrait officialiser le retrait de la rencontre à la Russie. Le match pourrait être délocalisé à Budapest.

La question du contrat de partenariat liant l’UEFA à la société russe Gazprom devrait également être discutée par le comité exécutif. Mais il serait très étonnant que l’instance continentale en annonce la suspension.

Toujours au rayon football, la demi-finale de barrages du Mondial 2022 est très compromise. Elle doit se tenir le 24 mars à Moscou et opposer la Russie à la Pologne. La finale de ces mêmes barrages serait également organisée en Russie le 29 mars, dans l’éventualité d’une victoire russe sur la sélection polonaise. Mais les fédérations de Pologne, Suède et République tchèque, dont les équipes sont susceptibles de jouer la finale à Moscou, ont déjà annoncé qu’elles « n’envisageaient pas de voyager » en Russie.

La Fédération européenne de handball (EHF) a décidé, de son côté, de délocaliser ou reporter les rencontres qui devaient se dérouler sur le sol ukrainien au cours des quatre prochaines semaines.

En tennis, l’ATP a annoncé dès jeudi 24 février que le tournoi Challenger prévu la semaine prochaine à Moscou n’aura pas lieu. « La sécurité des joueurs restera notre priorité absolue dans l’évaluation de la programmation des événements ATP Tour et ATP Challenger Tour« , a précisé l’ATP dans un communiqué.

Ce qui pourrait arriver

Sa suspension pour deux ans du mouvement olympique a nettement réduit le catalogue des événements internationaux accueillis par la Russie en 2022. Mais le pays a malgré tout conservé l’organisation du Mondial masculin de volley-ball. Il doit normalement débuter le 26 août. A ce stade du conflit, l’instance internationale du volley-ball, la FIVB, n’a pas encore pris officiellement position. Elle s’accordera sans doute du temps. Mais le ministre polonais des Sports a pris les devants en suggérant, dès mardi 22 février, de retirer l’événement à la Russie.

Autre dossier chaud : SportAccord. La convention internationale est prévue du 15 au 20 mai à Ekaterinburg. Depuis sa dernière édition, organisée en 2019 à Gold Coast, en Australie, elle a été annulée puis reportée à plusieurs reprises en raison de la crise sanitaire. L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe menace clairement sa tenue dans moins de trois mois à Ekaterinburg, même si le directeur général de SportAccord, Nis Hatt, expliquait mercredi 23 février au site InsidetheGames que l’événement était toujours prévu aux dates et lieu initiaux.

La Russie et l’Ukraine ont en commun un projet olympique. Il est déjà dans les tuyaux. L’Ukraine lorgne sur les Jeux d’hiver en 2030. Le chef de l’Etat en a informé Thomas Bach lors de sa visite à Kiev l’an passé. La Russie prépare une candidature aux Jeux d’été en 2036. Elle a lancé un processus national de sélection d’une ville candidate. Au moins cinq villes ont répondu.

Pourront-ils survivre au conflit militaire ? Douteux. Son invasion par l’armée russe repoussera sans doute son ambition olympique très loin dans les priorités de l’Ukraine au cours des mois à venir. Quant à la Russie, sa déclaration de guerre en fait le dernier pays où le CIO pourrait planter le décor des Jeux olympiques sans risquer de s’attirer les foudres de la communauté internationale, même à échéance 2036.