— Publié le 7 janvier 2022

Entre l’AMA et les Etats-Unis, la crise est évitée mais le problème demeure

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L’affaire est réglée et la crise évitée. Au moins pour l’instant. L’Agence mondiale antidopage (AMA) a annoncé par un communiqué, jeudi 6 janvier, que les Etats-Unis avaient finalement accepté de payer dans les temps le solde de leur contribution annuelle à son budget.

Premier donateur de l’AMA après le CIO, avec une subvention annuelle de 2,93 millions de dollars, le gouvernement américain devait encore une dernière tranche de 1,33 million de dollars. Mais il avait menacé à plusieurs reprises de suspendre le paiement tant que l’agence basée à Montréal n’aurait pas entamé les reformes souhaitées par le camp américain.

Le bras de fer n’aura finalement pas lieu. L’AMA a fait savoir que le solde de la subvention américaine avait été payé avant le 31 décembre. Le second et dernier paiement a été approuvé par l’Office of National Drug Control Policy (ONDCP) de la Maison Blanche, avant de partir dans les caisses de l’AMA.

« Je salue la décision de l’ONDCP de verser la deuxième tranche de sa contribution de 2021 à l’AMA, a déclaré le président de l’AMA, Witold Bańka (photo ci-dessus), cité dans un communiqué de l’instance. Ceci est une démonstration claire du soutien du gouvernement américain à la mission de collaboration mondiale de l’AMA en faveur d’un sport sans dopage. Mes discussions avec le directeur de l’ONDCP, le Dr Rahul Gupta, à l’occasion de la réunion du Conseil de fondation de l’AMA le 25 novembre ont été très positives, et ses interventions lors de cette réunion été très constructives. Je me réjouis de continuer de collaborer avec le gouvernement des États-Unis et toutes les autorités publiques du monde. »

L’AMA en profite pour rappeler, dans ce même communiqué, que les membres de son Conseil de fondation ont approuvé à l’unanimité, lors de cette réunion du mois de novembre dernier, la dernière série de réformes de sa structure de gouvernance. Elle prévoit une représentation accrue des sportifs et des organisations nationales antidopage, mais aussi une indépendance renforcée de l’AMA.

Fin de l’histoire ? En apparence, certainement. Mais les Américains n’ont pas renoncé à peser d’un poids plus important dans la gouvernance et le fonctionnement de l’AMA. Ils ont payé, certes. Mais en accompagnant leur virement bancaire d’un message sans équivoque.

Selon Associated Press, le directeur de l’ONDCP, Rahul Gupta, a accompagné le paiement du solde de la subvention américaine d’un courrier insistant à nouveau sur les doutes des Etats-Unis quant au fonctionnement de l’AMA. Il aurait également critiqué l’absence des Etats-Unis du Conseil de la Fondation et du comité exécutif de l’AMA.

« Plus j’en ai appris sur la répartition des sièges du continent américain au Conseil de l’AMA, puis j’ai été préoccupé par ce triste état de fait« , a écrit Rahul Gupta cette semaine dans une lettre adressée à Witold Bańka. Dans son courrier, le directeur de l’ONDCP qualifie de « problématique » l’absence des Etats-Unis, « plus grand pays sportif au monde » et premier contributeur du mouvement olympique, des organes de décision de l’Agence. Les Etats-Unis n’ont aucun représentant au Conseil de la Fondation pour la première fois depuis la création de l’AMA en 2000.

Les 2,93 millions de dollars versés par les États-Unis en 2021 représentent environ 7,3 % du budget annuel (40 millions de dollars) de l’AMA. Ils pèsent surtout la moitié de la contribution cumulée de tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud.

Le versement effectué par la Maison Blanche a le mérite d’éviter un clash, à moins d’un mois des Jeux d’hiver de Pékin, mais il ne règle pas le fond du problème. Rahul Gupta a clairement prévenu dans son courrier à Witold Bańka : le gouvernement américain continuera à évaluer son rôle au sein de l’AMA. Il souhaite non seulement s’assurer de jouer un rôle significatif dans la promotion d’un sport propre, mais aussi peser sur la façon dont « les fonds des contribuables américains sont dépensés pour traiter les questions de lutte contre le dopage« .