— Publié le 20 décembre 2021

Palmarès FrancsJeux : Tony Estanguet, le dirigeant de l’année (1)

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La concurrence était solide. Deux femmes, Nicole Hoevertsz, l’ex nageuse artistique d’Aruba, élue cette année à la vice-présidence du CIO, et Kirsty Coventry, elle aussi passée par les bassins de compétition (double championne olympique au 200 m dos), ex présidente de la commission des athlètes du CIO, devenue membre individuelle de l’instance, placée à la tête de la commission de coordination des Jeux de Brisbane 2032. Deux hommes, l’inusable Australien John Coates, président de la commission de coordination des Jeux de Tokyo 2020, principal artisan de la victoire de Brisbane dans la course aux Jeux d’été en 2032, et l’Italien Ivo Ferriani, devenu en quelques années l’un des dirigeants les plus influents du mouvement olympique, membre de la commission exécutive du CIO, président de GAISF, de SportAccord et de la Fédération internationale de bobsleigh et skeleton (IBSF).

Quatre poids lourds. Mais le jury des premiers trophées de FrancsJeux n’a pas hésité. Invités à désigner le dirigeant de l’année 2021, ses dix-neuf membres ont choisi Tony Estanguet. Le président du comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 a recueilli 42 % des suffrages parmi un panel international d’experts et de journalistes, issus de plus d’une demi-douzaine de pays (France, Belgique, Italie, Etats-Unis, Canada, Gabon, Grande-Bretagne).

A moins de 1.000 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, le triple champion olympique de canoë prend de l’avance. Il rafle la mise à un stade de la préparation de l’événement olympique et paralympique où les remous peuvent parfois se montrer intraitables. A moins de trois ans de l’ouverture, Rio 2016 se débattait dans la crise économique, peinait à boucler son budget et accusait des retards dans la construction des sites. A un millier de jours de l’allumage de la flamme, Tokyo 2020 accusait une hausse des coûts historique et devait revoir sa carte des sites pour tenter de réduire la facture.

Rien de tel pour Paris 2024. Certes, le budget du COJO a été revu à la hausse. Etabli à 3,8 milliards d’euros en début de course, il s’affiche aujourd’hui légèrement au-dessus (3,9 milliards). Mais la flambée des dépenses promise par certains analystes n’a pas encore eu lieu. A moins de 1.000 jours de l’échéance, elle n’est pas écartée, mais semble aujourd’hui assez peu menaçante.

Au risque de se répéter, Tony Estanguet insiste depuis le premier jour sur la volonté du COJO de « casser les codes » et « faire bouger les lignes« . Le refrain n’est pas nouveau. Le Français n’en a pas le monopole. Mais l’adoption récente par le conseil d’administration de Paris 2024 du principe d’une cérémonie d’ouverture sur la Seine illustre la capacité des organisateurs parisiens à traduire les mots par des actes. Le dossier était pourtant risqué et ses opposants nombreux.

A un peu plus de deux ans et demi des Jeux de Paris 2024, tout peut encore arriver. Le feuilleton de Tokyo 2020 a montré que la préparation des Jeux pouvait réserver jusqu’au dernier jour son lot de mauvaises surprises. La campagne présidentielle française, notamment, s’affiche comme un obstacle à surmonter pour le COJO Paris 2024 sans se prendre les pieds dans le tapis.

Tony Estanguet le sait. En août dernier, il nous confiait à l’occasion d’un entretien réalisé à l’extérieur du stade olympique de Tokyo aborder son rôle de président du COJO comme il menait sa carrière sportive, avec la conviction qu’une course n’est jamais gagnée avant la ligne d’arrivée, mais qu’elle peut être perdue bien avant la dernière porte.  Il nous expliquait aussi son obsession de vouloir rassembler tous les acteurs concernés autour du projet, et surtout conserver jusqu’au bout l’unité initiée en phase de candidature.

Proche d’Emmanuel Macron, mais très attaché à conserver une neutralité politique, Tony Estanguet semble de taille à résister aux inévitables tensions de la campagne présidentielle.

Paradoxe : Tony Estanguet a été désigné par le jury de FrancsJeux comme dirigeant de l’année au terme d’un exercice où il a abandonné ses mandats internationaux. Il a rendu sa carte de membre du CIO, où il siégeait depuis les Jeux de Londres 2012 au titre de la commission des athlètes. Il a fait le choix de ne pas se représenter à la vice-présidence de la Fédération internationale de canoë-kayak (ICF). Il explique vouloir se concentrer à fond à son rôle de président du COJO Paris 2024. Le choix de la raison.