— Publié le 3 novembre 2021

Le pentathlon moderne veut laisser les chevaux à l’écurie

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Une petite révolution. Rien de moins. Selon certains médias britanniques, dont le Guardian et le site InsidetheGames, le pentathlon moderne changera radicalement de visage après les Jeux de Paris 2024. L’une de ses cinq disciplines disparaitra du paysage. Pas la moindre, puisqu’il s’agit de l’équitation, héritée des origines d’un sport imaginée au temps de la Grèce antique pour réunir les qualités du soldat idéal.

A en croire une source « proche du dossier« , le comité exécutif de l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) aurait voté cette semaine, à l’occasion d’une réunion présentée comme « secrète« , pour la suppression de l’épreuve de saut d’obstacles. Elle pourrait être remplacée par le cyclisme.

L’information a ensuite été confirmée par l’instance internationale. Florent Boas, son responsable des opérations médias, et Joël Bouzou, l’un de ses vice-présidents, ont assuré que l’équitation ne ferait bientôt plus partie du programme du pentathlon moderne. Mais l’arrivée du cyclisme comme sport de substitution n’est pas encore acquise.

L’UIPM a publié, mardi 2 novembre, un communiqué de presse précisant l’avancée de sa réflexion. « Dans le cadre de l’engagement de l’UIPM à maintenir un profil fort et dynamique pour le pentathlon moderne, une série de réunions stratégiques est actuellement menée, précise le document. Ces réunions prévoient un échange à venir cette semaine avec les fédérations nationales. Les résultats seront détaillés dans un communiqué de presse qui sera publié le 4 novembre. »

L’équitation a-t-elle payé au prix fort l’affaire des Jeux de Tokyo 2020, où l’entraîneur de l’Allemande Annika Schleu, en tête du classement avant le saut d’obstacles, avait encouragé l’athlète à frapper son cheval ? Le timing de la décision du comité exécutif de l’UIPM le laisse penser. Relayées par les réseaux sociaux, les images de l’incident ont fait grand bruit. Kim Raisner, l’entraîneur, et Annika Schleu, ont été accusées de cruauté par l’Association allemande de protection des animaux.

La commission de discipline de l’UIPM a ensuite  jugé Kim Raisner coupable d’avoir enfreint l’article 4.6.8, selon lequel un athlète ou une équipe doit être disqualifié s’il frappe ou brutalise un cheval. En parallèle,  une commission ad hoc de l’instance a été réunie pour soumettre des recommandations au comité exécutif avant le prochain congrès annuel, prévu à la fin du mois de novembre.

Joël Bouzou l’a pourtant expliqué à l’Equipe : la décision de retirer l’équitation du programme du pentathlon moderne n’a rien à voir avec l’incident des Jeux de Tokyo. « L’équitation est un frein au développement de notre sport, que ce soit par rapport à la pratique ou aux coûts, a expliqué le Français, champion du monde en 1987. Nous avions entamé une réflexion à ce sujet dès 2018. »

Menacé un temps d’être retiré du programme des Jeux olympiques, le pentathlon moderne avait sauvé sa tête grâce à un solide lobbying auprès du CIO. La discipline ne manque pas de soutiens au sein du mouvement olympique. En tête de liste, Juan Antonio Samaranch et Albert de Monaco. L’Espagnol occupe le poste de premier vice-président de l’UIPM. Il était jusqu’à l’an passé vice-président de l’instance olympique. Quant au souverain monégasque, il est président d’honneur de l’UIPM.

Depuis, l’UIPM n’a pas ménagé ses efforts pour moderniser sa discipline. Longtemps disputée sur plusieurs jours, elle a été concentrée sur une seule journée à partir des Jeux d’Atlanta en 1996. Depuis 2009, le tir et la course à pied sont réunis dans une seule épreuve, disputée à la façon d’une poursuite. Aux Jeux de Paris 2024, le format sera encore resserré, la compétition olympique devant tenir toute entière en 90 minutes et se disputer sur un seul site.

La disparition annoncée de l’équitation, après les Jeux de Paris 2024, ne devrait pas lui faire grand tort. Le principe du tirage au sort des chevaux, très aléatoire même au plus haut niveau, a parfois eu pour effet de fausser le résultat. Le choix d’un sport de substitution s’annonce complexe, mais il pourrait apporter au pentathlon moderne une nouvelle jeunesse.