— Publié le 29 octobre 2021

Avec ses produits dérivés, Paris 2024 veut faire sauter la banque

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Le chiffre en impose. Massif. Selon les estimations du comité d’organisation, la vente des produits dérivés estampillés Paris 2024 pourrait générer un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. Elle vient seulement de débuter. Mais elle s’annonce déjà historique.

Deux milliards, donc. A moins de trois ans de l’événement, alors que le mouvement olympique vient d’en terminer d’une édition des Jeux à huis clos (Tokyo 2020), et se prépare à en vivre une autre à la présence du public encore très incertaine (Pékin 2022), le chiffre peut sembler très optimiste. Il l’est. Mais les organisateurs parisiens ne l’ont pas sorti de leur chapeau.

Edouard Bardon, le directeur délégué licensing du COJO, l’explique en sortant sa calculette : « Selon une étude que nous avons menée, 10 millions de personnes sont aujourd’hui intéressées par l’achat de produits dérivés des Jeux de Paris 2024. Elles anticipent une dépense moyenne de 50 euros. Nous en serions ainsi déjà à 500 millions d’euros de chiffres d’affaires, à trois ans de l’événement. Mais nous voulons aller plus loin. Nous ambitionnons de multiplier ce chiffre par quatre. » Deux milliards d’euros. Présenté ainsi, le résultat semble moins fantaisiste.

Précision d’importance : un tel résultat, comparable selon Edouard Bardon à celui enregistré aux Jeux de Londres 2012, n’entrera pas en totalité dans les caisses du COJO. Le comité d’organisation a opté pour la sous-traitance. Il ne vendra rien, ou quasiment rien, en direct aux consommateurs. Les licences seront attribuées à des marques, des enseignes ou des exploitants de boutiques temporaires. Le COJO prendra une commission, entre 10 et 15 % selon les cas. Ses recettes, estimées à 5 % du prix de vente des produits, pourraient atteindre une centaine de millions d’euros.

Voilà pour les chiffres. Les moyens, maintenant. Le COJO l’annonce en roulant des mécaniques : son programme de produits dérivés sera « historique. »  Edouard Bardon insiste : « Jamais un programme d’une telle ambition n’a été réalisé aux Jeux olympiques. Nous voulons êtres présents dans tous les secteurs de la distribution. Nous allons distribuer nos produits de la façon la plus large et la plus accessible possible. »

Le COJO ne s’en cache pas : il ne s’interdit rien. Sa gamme de produits dérivés devrait compter environ 10.000 références. Elle proposera les habituels souvenirs olympiques (textile, chaussures, bagagerie, lunettes, peluches, jouets, pin’s, monnaie…). Mais elle ira plus loin, en explorant les secteurs du jeu, de l’édition, la papeterie, la décoration de la maison, l’outdoor, les collections… « Nous n’avons pas de limite« , assure Edouard Bardon.

A elle seule, la mascotte officielle des Jeux de Paris 2024 devrait se charger de la plus grosse partie du travail. Dévoilée à la rentrée 2022, puis distribuée dès l’automne prochain, sa version en peluche pourrait, selon les estimations du COJO, s’écouler à plus de 2 millions d’exemplaires. Pour les Jeux de Tokyo, les Japonais en auraient vendu un million, malgré l’absence de public sur les sites.

Même volonté de ratisser large pour la distribution. Les produits Paris 2024 seront disponibles dans la grande distribution, le commerce de proximité, les enseignes spécialisées et les boutiques en ligne. Objectif : plus de 30.000 points de vente. Pendant les Jeux, le COJO prévoit d’ouvrir une centaine de magasins officiels sur les sites de compétition, plus entre 20 et 30 dans les lieux les plus fréquentés de la capitale et de ses environs (aéroports, gares, artères touristiques..).

Tout sauf un hasard : le CIO a annoncé jeudi 28 octobre, par un communiqué, l’ouverture de sa boutique en ligne. Développée avec l’entreprise américaine Fanatics, elle se présente comme une plateforme abritant les sites de vente des éditions à venir des Jeux olympiques, Paris 2024, Milan-Cortina 2026 et Los Angeles 2028. Elle est accessible actuellement en Europe, aux Etats-Unis et au Mexique. Elle le sera pour le reste du monde à l’été 2022, à l’exception de la Chine et de la Russie. Une opportunité, jusque-là très aléatoire, pour le COJO Paris 2024 de toucher un public international plusieurs années avant l’événement.

A ce stade de la préparation des Jeux, l’offre reste réduite. La Monnaie de Paris propose déjà ses premières collections de pièces frappées du logo des Jeux. Le Coq Sportif a lancé la vente de ses produits, dont la collection dédiée à l’équipe de France olympique et paralympique. Decathlon mettra en vente dimanche 31 octobre, à J-100 de la cérémonie d’ouverture, les trois articles de sa collection dite « capsule ». Un hors d’oeuvre, rien de plus. Mais la suite s’annonce massive.

Edouard Bardon l’explique : le COJO veut exploiter non pas une seule, mais plusieurs marques. La plus immédiate, estampillée Paris 2024, sera accompagnée à partie de l’automne 2022 de la ligne dédiée à la mascotte. Les pictogrammes arriveront en 2023. Le relais de la flamme suivra au printemps de l’année des Jeux. En parallèle, la collection des produits frappés du nouvel emblème de l’équipe de France est renforcée par une autre ligne, « Allez les Bleus », exploitée par le CNOSF et dédiée aux supporteurs.