— Publié le 7 octobre 2021

Pour Paris 2024, Thomas Bach veut voir les Bleus reprendre des couleurs

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Thomas Bach sortirait-il de son rôle ? A en croire un document consulté par l’AFP, le président du CIO aurait exprimé son « inquiétude » quant aux résultats des athlètes français aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. En clair, il les aurait trouvés très moyens à seulement trois ans des Jeux de Paris 2024.

Aux Jeux de Tokyo, la France a bouclé la compétition à la huitième place du tableau des médailles. Dans sa besace, 33 médailles, dont 10 en or (plus 12 en argent et 11 en bronze). Ses dirigeants sportifs en espéraient une quarantaine, dans les mêmes eaux que le résultat collectif des Jeux de Rio 2016 (42 médailles, pour une septième place au classement des nations). Ils se disaient que, trois ans avant Paris 2024, un tel objectif serait un minimum, même en pleine crise sanitaire.

Ils ont été déçus. Emmanuel Macron également. Le président de la République a lancé à son auditoire, le 13 septembre dernier lors de la réception des médaillés à l’Elysée, qu’il faudrait « faire beaucoup plus » à Paris 2024. Pas vraiment un scoop. Puis il avait insisté : « Le bilan n’est pas tout à fait celui que nous attendions. Le succès des Jeux, ce sera le succès de nos sportifs car ça marche comme ça. »

Objectif fixé par le chef de l’Etat : le top 5 mondial. Précision : la France n’a plus intégré le clan des 5 depuis les Jeux de Londres en 1948. Autant dire la préhistoire.

Le bilan mi-figue mi-raisin de la délégation français n’a pas seulement fait tousser Emmanuel Macron. Thomas Bach l’aurait lui aussi analysé en faisant la grimace. « À Tokyo, Thomas Bach a fait part de l’inquiétude du CIO au regard des résultats de la délégation française dans la perspective de Paris, assure un document interne de l’Agence nationale du sport (ANS), le Groupement d’intérêt public (GIP) créé en août 2019 pour superviser le haut niveau et le développement de la pratique sportive. Il affirme que les Jeux sont réussis quand les athlètes du pays hôte réalisent de grandes performances ». Le document en question, dont le contenu est révélé par l’AFP, a été rédigé en amont du dernier conseil d’administration de l’ANS.

Thomas Bach se serait donc entretenu avec certains dirigeants de la délégation française aux Jeux de Tokyo. Il leur aurait dit, en substance, de secouer plus énergiquement le cocotier, le succès des Jeux de Paris 2024 ne dépendant pas seulement de la qualité de l’organisation et de la maîtrise des coûts, mais aussi de la performance collective du pays-hôte.

A ce jeu, les Japonais ont montré l’exemple. Crise sanitaire oblige, le comité national olympique avait sagement annoncé, au cours des dernières semaines avant le début des Jeux de Tokyo, qu’il ne fixait plus d’objectif en termes de médailles. Mais ses athlètes ont dépassé les espérances les plus élevées. Bilan : 58 médailles, dont 27 en or. Une place de troisième au classement des nations, derrière les Etats-Unis et la Chine. Et, par effet domino, des audiences historiques à la télévision. Bingo.

La France fera-t-elle aussi bien ? A trois ans de l’échéance, seuls les très optimistes veulent le croire. A Tokyo, deux des sports les plus généreux du programme en nombre de médailles, l’athlétisme et la natation, se sont montrés très discrets. Une médaille d’argent pour la natation (Florent Manaudou au 50 m), même résultat pour l’athlétisme (Kevin Mayer au décathlon). Dans les deux cas, les promesses d’une embellie s’avèrent assez réduites en seulement trois ans.

Mais l’exemple japonais entretient l’espoir. Aux Jeux de Rio 2016, le Japon avait pris la sixième place du classement des nations, juste devant la France, avec 41 médailles dont 12 en or. En une olympiade, certes allongée d’une année après le report des Jeux de Tokyo, les Japonais ont gagné trois rangs et 17 places sur le podium. Et cela, sans pouvoir réellement bénéficier de l’avantage de jouer à domicile, devant son public.

Claude Onesta, le manageur de la haute performance à l’ANS, a présenté cette semaine les mesures censées redresser la proue du navire. Elles tiennent en trois axes : un meilleur accompagnement des athlètes, une reconnaissance accrue des entraîneurs, notamment sur le plan financier, et un encadrement renforcé pour les fédérations les plus à la traîne.

L’ancien sélectionneur de l’équipe de France masculine de handball en a pointé dix-neuf, dont les résultats aux Jeux de Tokyo ont été jugés décevants : athlétisme, badminton, boxe, canoë-kayak, cyclisme, équitation, escalade, football, golf, gymnastique, haltérophilie, lutte, natation, pentathlon moderne, surf, tennis, tennis de table, tir, tir à l’arc.

Aux Jeux de Tokyo, la France a remporté des médailles dans 16 sports, dont un seul sport additionnel (karaté). Le Japon, de son côté, a ratissé plus large, plaçant ses athlètes sur les podiums dans 20 sports, dont quatre additionnels (baseball/softball, karaté, surf et skateboard).