— Publié le 24 septembre 2021

David Lappartient prolonge, René Fasel s’écarte

Institutions Focus

Saisissant contraste. En seulement 24 heures, deux fédérations internationales d’un sport olympique inviteront leurs électeurs à un scrutin présidentiel. Mais tout oppose les deux suffrages. Pour le premier, tout est déjà joué. Dans le second, la bataille s’annonce terrible.

L’UCI, d’abord. L’instance mondiale du cyclisme ne changera pas de tête. Le Français David Lappartient (photo ci-dessus, à gauche), élu pour la première fois en 2017 à Bergen, en Norvège, est seul candidat en lice pour le poste présidentiel. En vertu des statuts de l’UCI, il sera reconduit ce vendredi 24 septembre à Louvain, en Belgique, sans même qu’il soit nécessaire de procéder au moindre vote.

Quatre ans plus tôt, le Breton avait dû manoeuvrer avec habileté pour renverser le sortant, le Britannique David Cookson. David Lappartient avait su s’appuyer sur les bons soutiens, le Russe Igor Makarov et l’Italien Renato Di Rocco, pour passer sans transition du siège de président de l’Union européenne de cyclisme (UEC) à celui de premier élu de l’UCI. Le Monde après l’Europe, ascension météorique pour un dirigeant aujourd’hui âgé de seulement 48 ans, par ailleurs président du conseil départemental du Morbihan.

Selon sa propre analyse, l’absence de rival peut s’expliquer par un constat : les fédérations nationales « sont satisfaites du travail accompli. » Mais le Français le reconnaît : seulement 90 % de l’agenda 2022 présenté en début de mandat a été réalisé. Pas mal, mais sans être parfait. Parmi ses réussites, l’organisation en 2023 à Glasgow d’un championnat du monde unifié, le premier du genre, où seront réunies toutes les disciplines olympiques.

Autre cadre, Saint-Pétersbourg. Samedi 25 septembre, le Suisse René Fasel (photo ci-dessus, à droite) rendra les clefs de son bureau de président de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). A 71 ans, l’ancien dentiste tourne la page. Treizième président de l’instance, il en a été le plus influent. Depuis sa première élection en 1994, René Fasel a transformé l’IIHF comme aucun de ses prédécesseurs n’avait même envisagé de le faire.

A son arrivée aux commandes, l’instance comptait quatre salariés à temps plein. Elle en recense aujourd’hui une bonne trentaine. Son budget a été multiplié par quatre. Surtout, René Fasel a largement contribué à la participation des joueurs de la NHL aux Jeux olympiques d’hiver. Une brèche ouverte à Nagano en 1998, et plus jamais refermée, sauf aux Jeux de PyeongChang en 2018. De son propre aveu, le « sommet » de sa carrière présidentielle.

Mercredi 22 septembre, Vladimir Poutine en personne a tenu à lui rendre hommage dans un message de bienvenue à l’ouverture du congrès de l’IIHF à Saint-Pétersbourg. « René Fasel est un dirigeant extrêmement responsable, compétent, énergique et ouvert, qui se distingue non seulement par son brillant talent d’organisateur et son énorme expérience, mais aussi par sa passion sincère pour le hockey sur glace« , a suggéré le président russe.

Phénomène classique : l’annonce de son départ a fait naître les vocations. Ils seront cinq candidats à se présenter devant les électeurs, samedi 25 septembre à Saint-Pétersbourg : le Danois Henrik Bach-Nielsen, le Tchèque Petr Břiza, le Biélorusse Sergey Goncharov, l’Allemand Franz Reindl, et le Français Luc Tardif. Point commun : ils sont déjà tous membres du conseil de l’IIHF.

Avec un tel casting, et le scénario probable d’un scrutin à plusieurs tours, l’élection s’annonce très incertaine. René Fasel n’a pas pris parti pour l’un des postulants, au moins publiquement, mais le Suisse n’a pas caché son sentiment quant à la réalité de la bataille.

« Si sur cinq candidats, trois ont de réelles chances d’élection, il y a sûrement un terreau pour un conflit potentiel, a-t-il confié récemment au site suisse bluewin.ch. Il y a dans ce cercle des personnes qui se surévaluent, qui postulent pour des raisons politiques et qui, par exemple, visent le poste de vice-président. Il y a des candidats dont je suis personnellement convaincu. Et d’autres, qui ne savent pas ce que la fonction requière comme défis et exigences. »

Les cinq postulants présenteront leur vision et leur programme ce vendredi 24 septembre devant le congrès de l’IIHF. Le vote se tiendra le lendemain à Saint-Pétersbourg. Seule certitude : le successeur de René Fasel sera européen, comme les trois derniers présidents de l’instance.