— Publié le 7 août 2021

Les Jeux de Tokyo, la bulle la plus étanche et coûteuse de l’histoire

Tokyo 2020 Focus

Tokyo

Les Jeux de Tokyo ne sont pas terminés. Pas encore. Mais le mouvement olympique roule déjà des mécaniques. A l’écouter, le pari est non seulement réussi, ce qui est indéniable, mais l’événement pourrait bien marquer son époque.

L’analyse est digne de foi. Elle émane de Brian McCloskey, le responsable d’un groupe indépendant d’experts de la santé envoyé en mission dans la capitale japonaise par le CIO. A l’écouter, Tokyo 2020 a prouvé que la pandémie n’empêchait pas l’organisation d’événements de masse sûrs et sécurisés.

« Nous avons montré qu’il était possible de garder une pandémie à distance, a-t-il suggéré ce samedi 7 août en conférence de presse. Je crois qu’on peut dire qu’il s’agit d’une leçon et un message très importants de Tokyo au reste du monde. Des mesures telles que la distanciation sociale, le port du masque, la désinfection des mains, mais aussi bien sûr les tests et le traçage ont fonctionné. Mises en oeuvre sous forme de package, elles se révèlent d’une grande efficacité. La pandémie a été tenue en échec. Pendant ces Jeux, Tokyo a réalisé quelque chose d’historique. »

Le groupe d’experts de la santé dirigé par Brian McCloskey n’a pas seulement observé la courbe des cas de COVID-19 osciller entre le faible et le très faible, depuis le 1er juillet. Les scientifiques avaient planché très en amont de l’événement, collaborant avec les Japonais et le CIO à la rédaction des guides pratiques, ces fameux « playbooks » destinés à la famille olympique.

Historique, donc ? A coup sûr. En ouvrant leurs portes à plusieurs dizaines de milliers d’accrédités venus de toute la planète, les Japonais ont pris tous les risques. Les Jeux auraient pu provoquer un désastre sanitaire. A une journée du baisser de rideau, le nombre de cas positifs directement liés à l’événement dépasse tout juste la barre des 400 en six semaines. Le taux de positivité se révèle infime (moins de 0,1%).

Mais le prix à payer n’a pas été insignifiant. Au sens le plus monétaire du terme. Au dernier décompte, les organisateurs japonais ont réalisé plus de 600.000 tests PCR avant et pendant les Jeux. Ils ont développé pendant six semaines la bulle sanitaire la mieux préparée, mais aussi la plus coûteuse, de l’histoire de l’humanité. Les moyens avaient été déployés avant même le début des Jeux, par une campagne de vaccination olympique qui a permis de protéger plus de 80% des athlètes et des membres de l’encadrement, environ 75% des représentants des médias… et 100% du personnel du CIO envoyé au Japon.

Le résultat est spectaculaire. Brian McCloskey l’a pointé du doigt : les mesures mises en place par les organisateurs ont aussi permis d’isoler la communauté olympique du reste de la population de Tokyo et des environs. « Nous pouvons dire qu’il n’y a pas eu de propagation du virus entre l’international et le national« , a-t-il expliqué.

« Le message à retenir est qu’il faut continuer à appliquer toutes ces mesures, insiste-t-il. C’est ainsi que l’on sortira de cette pandémie. » Sans doute. Le message des Jeux de Tokyo et certainement à retenir pour le reste de la planète. A condition, toutefois, de disposer des mêmes moyens financiers.