— Publié le 2 août 2021

Krystsina Tsimanouskaya, une autre forme de pression

Tokyo 2020 Focus

Le CIO croyait en avoir terminé, au moins pour un moment, avec l’épineux dossier de la Biélorussie. Mais une nouvelle pièce vient de s’ajouter à la pile. Elle concerne une athlète présente aux Jeux de Tokyo : Krystsina Tsimanouskaya, 24 ans, engagée en athlétisme sur 100 et 200 m. Dimanche 1er août, la jeune femme a pris une navette pour l’aéroport d’Haneda, dans la soirée, avec 16 autres membres de la délégation biélorusse. Elle devait embarquer dans un vol de la Turkish Airlines pour Minsk, la capitale du pays. Pour rentrer au pays, donc.Mais à la différence de ses compagnons de voyage, elle n’était pas consentante. Eliminée en série du 100 m vendredi 30 juillet au stade olympique (4ème en 11 sec 47), elle devait encore disputer le 200 m, à partir de ce lundi 2 août. Mais les responsables de l’équipe biélorusse l’ont retirée de la liste des engagées. Ils ont cité, pour expliquer son retrait, des raisons médicales dues à son état émotionnel et psychologique.L’athlète a présenté une autre version des faits. Dans une vidéo publiée sur Telegram, elle explique avoir été forcée de quitter les Jeux pour rentrer en Biélorussie. « J’ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord », a-t-elle assuré.

Elle a ensuite expliqué à l’agence Reuters être dans le collimateur du régime biélorusse pour avoir critiqué publiquement la gestion de l’équipe nationale d’athlétisme. Elle raconte avoir été inscrite par erreur sur 4×400 mètres, elle dont le terrain d’expression reste le 100 et le 200 m. « Pourquoi nous devons payer pour vos erreurs ? C’est de l’arbitraire », s’était-elle insurgée.La suite se révèle plus floue. Arrivée à l’aéroport d’Haneda, Krystsina Tsimanouskaya aurait sollicité l’aide du comité d’organisation des Jeux de Tokyo et du CIO. Le premier aurait répondu sans tarder, par l’intermédiaire d’une équipe présente sur place pour assister les athlètes en partance de Tokyo.La police japonaise aurait très vite pris le relais. La jeune femme aurait ainsi été écartée du groupe de Biélorusses pour être placée sous la protection des policiers. Un peu après minuit, elle aurait eu un contact téléphonique avec le CIO. L’athlète a ensuite pu quitter l’aéroport, sous escorte policière, pour passer la nuit dans un hôtel tout proche. Elle a publié un court message pour expliquer qu’elle était désormais « en sécurité« .Interrogé ce lundi matin en conférence de presse, le porte-parole du CIO, Mark Adams, a expliqué que les échanges avec la jeune femme allaient se poursuivre dans la journée. Ils sont menés par James McLeod, le directeur des relations avec les comités nationaux olympiques. Dans le même temps, l’instance explique avoir demandé des explications au comité olympique biélorusse. »Nous la protégeons et continuerons à le faire« , a assuré Mark Adams. Le porte-parole du CIO a rappelé que l’instance olympique avait déjà sanctionné le régime biélorusse « autant qu’elle avait les moyens« . Alexander Lukashenko, le chef de l’Etat, longtemps président du comité national olympique, a été suspendu. Son fils Viktor lui a succédé, mais le CIO n’a pas reconnu la validité de l’élection.

Selon un groupe d’opposants au régime biélorusse, Krystsina Tsimanouskaya aurait l’intention de demander l’asile politique au Japon. L’information n’a pas encore été confirmée.

Mais plusieurs pays européens ont déjà proposé de lui venir en aide. Le Premier ministre slovène, Janez Jansa, a assuré sur son compte Twitter qu’elle était « la bienvenue » dans son pays.

« La République tchèque est prête à apporter son aide« , a déclaré le ministre des affaires étrangères, Jakub Kulhanek, lui aussi sur Twitter. Le Tchèque a même proposé de lui délivrer un visa par l’intermédiaire de son ambassade à Tokyo.

Un officiel du ministère polonais des Affaires étrangères, Marcin Przydacz, a également indiqué sur Twitter que son pays était prêt à lui délivrer un visa, et qu’elle était « libre de poursuivre sa carrière sportive en Pologne » si elle le souhaitait.

En fin de journée, ce lundi 2 août, les autorités polonaises ont annoncé que la jeune femme avait trouvé refuge à l’ambassade de Pologne à Tokyo. Un officiel du ministère des Affaires étrangères a expliqué qu’elle avait demandé un visa humanitaire. Il lui sera accordé. L’athlète biélorusse devrait quitter le Japon pour la Pologne dans les prochains jours.