— Publié le 21 mai 2021

Le président du volley-ball mondial soupçonné de détournements de fonds

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Menace de gros temps pour Ary Graça. Président de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB), le Brésilien est soupçonné d’appartenir à un réseau de détournements de fonds et de blanchiment d’argent. Une perquisition a été menée, jeudi 20 mai, à son domicile au Brésil.

L’information est digne de foi, puisqu’elle émane du parquet de Rio de Janeiro. La justice brésilienne révèle également que la police a étendu sa perquisition au siège de la Confédération brésilienne de volleyball (CBV), dont Ary Graça a été le président entre 1997 et 2012, avant de viser plus haut et postuler à la présidence de la FIVB.

Ary Graça n’est pas le seul dirigeant visé par l’enquête de la justice brésilienne. Neuf autres ex-officiels de la CBV sont ciblés, ainsi que des personnalités politiques et des chefs d’entreprise.

Selon le parquet, Ary Graça est soupçonné d’avoir détourné des fonds versés par le principal commanditaire de la CBV, la banque publique Banco do Brasil. Le Brésilien aurait ensuite blanchi l’argent reçu par le biais de contrats fictifs avec des entreprises fantômes.

L’enquête ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été ouverte en 2013, soit une année après la première élection d’Ary Graça à la présidence du volley-ball mondial. Elle porte sur la création présumée d’entreprises fantômes à Saquarema, à une centaine de kilomètres de Rio de Janeiro, une cité balnéaire où est installé le centre d’entraînement des équipes nationales de volleyball et de beach-volley.

Le domicile de l’ancien maire de Saquarema, Antonio Peres Alves, a également été perquisitionné. A la tête de la ville entre 2002 et 2008, il est soupçonné d’avoir fait signer des décrets municipaux permettant d’accorder des conditions fiscales favorables à la création des entreprises de façade.

Selon la police de Rio de Janeiro, l’escroquerie porterait sur près de 52 millions de réaux, soit environ 10 millions de dollars.

Ary Graça n’a pas encore officiellement réagi à l’affaire. Mais selon ses avocats, le Brésilien aurait été « surpris » par la perquisition effectuée à son domicile de Rio de Janeiro. Ils ont précisé que le président de la FIVB ne se trouvait pas au Brésil cette semaine, mais à Lausanne, siège de l’instance internationale, où il réside une grande partie de l’année. Les avocats ont également assuré que leur client a déjà donné tous les éclaircissements nécessaires à la justice, et qu’il reste à la disposition des autorités.

La CBV a confirmé,  de son côté, que des agents s’étaient présentés jeudi 20 mai à son siège à Rio de Janeiro. L’instance brésilienne se déclare victime d’anciens dirigeants, désormais pour la plupart effacés du paysage.

« Selon l’enquête, la Confédération brésilienne de volley-ball pourrait avoir été victime de ses dirigeants, qui ont créé de faux contrats pour détourner des fonds de l’institution, a plaidé l’instance nationale dans un communiqué. La direction actuelle de la CBV coopérera pleinement avec l’enquête et, si le préjudice financier est avéré, elle prendra toutes les mesures nécessaires pour restituer intégralement ces montants à la communauté du volleyball. »

La FIVB a également réagi aux soupçons de la justice brésilienne à l’encontre de son président. Elle l’a fait via un communiqué : « La FIVB est au courant et surprise de la situation au Brésil. Le président de la FIVB, Dr Ary S. Graça F°, et le directeur général, Fabio Azevedo, ont tous deux appris l’information par les médias, ils ont demandé à leurs avocats d’agir immédiatement pour clarifier ce qui est clairement un malentendu. Tous deux ont vigoureusement nié les allégations formulées à leur encontre dans la couverture médiatique de l’affaire. Le président et le directeur général ont tous deux demandé à leurs avocats de contester vigoureusement ces allégations. Dans l’attente d’une procédure légale complète, la FIVB ne fera aucun autre commentaire. »

Agé de 78 ans, Ary Graça a été élu pour la première fois à la présidence de la FIVB en 2012, où il a succédé au Chinois Jizhong Wei. Après un premier mandat de quatre ans, il a été réélu en 2016, sans opposition, pour mener l’instance internationale du volley-ball jusqu’en 2024.

Il n’est pas le premier dirigeant sportif brésilien dont le nom est associé à une enquête de la justice. Carlos Nuzman, l’ancien président du comité olympique brésilien et du comité d’organisation des Jeux de Rio 2016, a été arrêté en octobre 2017 pour corruption. Il était soupçonné d’avoir acheté des voix pour l’attribution à Rio de Janeiro des Jeux en 2016. Il a été placé en détention.