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« Le capital humain de l’AMA est son bien le plus précieux »

— Publié le 19 mars 2021

Olivier Niggli

Suisse

Directeur général de l’Agence mondiale antidopage (AMA)

 

Titulaire d’un Master en droit de la London School of Economics et d’un MBA de l’Université McGill, le Suisse Olivier Niggli poursuit pendant quatre ans (2011 à 2014) une carrière d’avocat au cabinet Carrard et associés à Lausanne, où il est spécialisé dans le droit du sport, le droit commercial et l’arbitrage. Il retourne ensuite à l’AMA, où il avait été directeur des affaires juridiques et chef des finances entre 2001 à 2011, pour occuper les fonctions de directeur des opérations et avocat général de l’AMA. Depuis le 1er juillet 2016, il en est devenu le directeur général, avec la responsabilité de plus de 140 collaborateurs dans le monde.

  1. 1) Depuis vos débuts professionnels, quelle a été l’expérience la plus marquante de votre parcours ?

Olivier Niggli : La lutte contre le dopage est un combat de chaque instant. Durant mes années au barreau, puis au sein de l’AMA depuis plus de 15 ans, nombreuses ont été les expériences marquantes, difficiles, et enrichissantes. Cela va de l’harmonisation des règles à l’échelle de la planète avec la mise en place du premier Code mondial antidopage en 2003, à l’affaire Armstrong par exemple. Cependant, si je devais n’en retenir qu’une, ce serait l’affaire de tricherie organisée par la Russie lors des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi et tout ce qui en a découlé. Cette ‘saga’ a été un véritable séisme pour l’antidopage, pour le monde du sport, et pour tous les athlètes. Elle a forcé le système à se renforcer de façon drastique, le tout dans un contexte politique extrêmement tendu. Elle a montré la nécessité des enquêtes dans la lutte contre le dopage, mais aussi les limites de ce que les organisations antidopage, y compris l’AMA, peuvent faire seules et la nécessité d’une collaboration avec les forces de police. Cette affaire a aussi mis en lumière comment, malheureusement, certains acteurs n’hésitent pas à récupérer ce genre d’événements tragiques pour mieux poursuivre un agenda politique partisan et peu constructif. Cela a donc été une expérience riche d’enseignements à tous les niveaux, tant technique que politique.

2) Comment appréhendez-vous, dans votre fonction à l’AMA, la situation actuelle et l’incertitude des mois à venir ?

Je me considère chaque jour très privilégié des fonctions que j’exerce. Non seulement je me lève chaque matin sachant que je défends une cause juste – le sport propre – mais en plus, j’ai la chance de le faire avec une équipe formidable, motivée et compétente, qui rend mon travail possible et agréable. Je suis de nature fondamentalement optimiste et je veux croire que le plus dur de la pandémie est derrière nous. Le sport est en train de repartir, et espérons que cet été les Jeux olympiques marqueront le retour à une situation plus normale. Il reste encore beaucoup de défis d’ici juillet. En ce qui concerne l’antidopage, en collaboration avec l’Agence de contrôles internationale (ITA), présidée par Valérie Fourneyron, avec laquelle nous avons une excellente collaboration, notre objectif est notamment de stimuler les différents acteurs de la lutte antidopage à collaborer avec l’ITA et entre eux, pour faire en sorte de mener un programme de contrôles pré-Jeux de Tokyo robuste et coordonné dans le monde entier.

3) Comment définiriez-vous la façon dont vous exercez votre rôle de manager ?

Il faut le demander à ceux qui travaillent avec moi. Pour moi, le capital humain de l’AMA est son bien le plus précieux, et mon rôle est de m’assurer que chacune et chacun puisse donner son meilleur au sein de l’organisation. Je suis quelqu’un qui fait confiance et qui, je pense, laisse beaucoup de liberté à ses collaborateurs. En échange, je suis exigeant quant aux résultats et à la qualité du travail.

4) Quelles sont les trois valeurs les plus importantes à vos yeux dans votre activité professionnelle ?

Je dirais : intégrité, professionnalisme et humilité.