— Publié le 23 février 2021

« Nous allons créer le réseau francophone du tennis »

Institutions Focus

A trois années et une poignée de mois des Jeux de Paris, où en est la francophonie sportive ? La réponse est nuancée. Mais dans le tennis, elle avance. Elle s’appuie depuis près de deux ans sur un groupe constitué, l’Association des fédérations francophones de tennis (A2FT), lancée à l’occasion de l’édition 2019 du tournoi de Roland-Garros.

Son président, Daniel Chausse, ex vice-président de la Fédération française de tennis (FFT), en a expliqué à FrancsJeux la mission, les enjeux et les premières réalisations.

FrancsJeux : Plus d’une année et demi après sa création, où en est aujourd’hui l’A2FT ?

Daniel Chausse : Elle se porte bien. L’association compte actuellement 34 membres, elle en dénombrera bientôt une quarantaine. Mais son développement n’a pas été aidé par la crise sanitaire. La force de la francophonie du tennis réside avant tout dans le groupe. Elle repose sur le collectif, sur une vision commune qui dépasse les problématiques nationales. Pour cela, ses acteurs ont besoin de se voir, se retrouver, se rencontrer. Seules les relations fréquentes permettront de nourrir cette ambition collective. La pandémie nous a éloignés. L’assemblée générale de l’A2FT doit se tenir tous les ans dans le cadre du tournoi de Roland-Garros. Mais, dès la deuxième année d’existence de l’association, en 2020, l’épreuve a été repoussée à l’automne. Et il n’a pas été possible de tenir notre assemblée générale. Sans la crise sanitaire, nous aurions invité à Roland-Garros des jeunes ramasseurs de balles venus de tout l’espace francophone. Nous n’avons pas encore pu assurer, en raison de la pandémie, la promotion du collectif auprès des institutions.

Que représente actuellement la francophonie du tennis ?

Après un peu plus d’une année d’existence, l’A2FT rassemble 34 fédérations nationales. Ses débuts sont très prometteurs. Sa mission est claire : mieux organiser la réalité du tennis francophone, l’inscrire dans une dynamique au service du développement de notre sport. L’idée s’installe, elle fait son chemin. Les institutions du tennis, dont la Fédération internationale (ITF) et la Confédération africaine (CAT), connaissent son existence. Il faut maintenant qu’elles nous reconnaissent. Nous ne sommes pas seulement une déclinaison géographique et sportive. La francophonie du tennis doit aussi servir à créer des plateformes culturelles. A travers le tennis, nous voulons favoriser l’inclusion culturelle, sociale et économique.

La francophonie constitue-t-elle aujourd’hui un réseau dans le tennis ?

Pas encore. Mais nous allons le créer. Le monde du tennis est dominé par l’influence des anglo-saxons. Ils sont organisés depuis plus longtemps que nous. Sur les quatre levées du Grand chelem, un seul, Roland-Garros, se déroule dans un pays francophone. A l’ITF, les anglo-saxons sont dominants. Mais les membres du réseau francophone ont en commun la volonté de développer le tennis, notamment en Afrique, en dépassant son image encore parfois élitiste. Ils veulent toucher un public plus large. Ils veulent attirer les médias. Je rêve de voir un jour un Africain remporter Roland-Garros. Le retentissement serait considérable.

Quelle est l’initiative de l’A2FT, depuis sa création, qui vous tient le plus à coeur ?

Les initiatives les plus importantes sont celles qui impliquent plusieurs pays de façon transversale. Je pense en priorité aux deux académies de tennis que nous contribuons à créer en Afrique, au Bénin et au Sénégal. La première concernera les plus jeunes, la seconde les joueurs à partir du lycée. Dans les deux cas, elles faciliteront la pratique et la détection, notamment sur terre battue, la surface symbole de la francophonie. Les jeunes espoirs africains pourront s’entraîner et poursuivre leurs études. Mais ces deux académies serviront aussi à la formation aux métiers du sport, notamment dans le domaine du numérique. Et elles proposeront des activités culturelles, pour dépasser le seul cadre du sport. Je rentre d’un voyage dans ces deux pays. Au Bénin, le projet est l’objet d’un immense engouement. Au Sénégal, le gouvernement a donné le terrain, à une quarantaine  de kilomètres de Dakar. Les équipements de l’académie de tennis entrent dans le cadre du dispositif des Jeux olympiques de la Jeunesse en 2026.

Quel est le projet ou l’action que vous considérez comme prioritaire ?

A ce stade, les académies de tennis au Bénin et au Sénégal constituent la priorité. Elles concentrent toutes nos ambitions : le loisir et le haut niveau, une formation académique et un volet culturel. Et elles sont transversales. Nous avons aussi en projet la création de clubs Roland-Garros en Afrique subsaharienne, dont quatre en Côte d’Ivoire. Mais  tout cela passe par une  volonté de la nouvelle équipe dirigeante à la Fédération française de tennis (FFT) de poursuivre cette politique d’engagement. L’A2FT a besoin de l’expertise de la FFT et de la marque Roland-Garros comme soutien pour ses 33 autres fédérations nationales.