— Publié le 19 janvier 2021

Face à la pression, l’IIHF se sépare de la Biélorussie

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Fin du feuilleton. La Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) s’est décidée à trancher dans le vif. Avec une semaine d’avance sur son calendrier, elle a annoncé lundi 18 janvier via un communiqué sa décision de retirer à la Biélorussie la co-organisation du championnat du monde masculin 2021.

L’instance internationale présidée par le Suisse René Fasel le reconnaît : une telle décision était devenue inévitable. Elle l’a justifiée en expliquant qu’il était « actuellement impossible de garantir le bien-être des équipes, des spectateurs et des officiels. » L’IIHF précise avoir consulté « des experts indépendants et toutes les parties prenantes » avant de rayer la Biélorussie de la carte du prochain Mondial masculin (21 mai au 6 juin). Elle évoque les « préoccupations croissantes en matière de sûreté et de sécurité liées à la fois à la montée des troubles politiques et au COVID-19 ».

René Fasel ne s’en cache pas : retirer l’organisation du tournoi à la Biélorussie est une décision « regrettable ». Le dirigeant suisse n’a pas ménagé ses efforts pour éviter une telle issue. Il s’est rendu lui-même à Minsk, en début d’année, pour y rencontrer personnellement le chef de l’Etat, Alexandre Loukachenko.

L’image de l’accolade entre les deux hommes, relayée par les réseaux sociaux, lui a valu un torrent de commentaires et de critiques. Sur le moment, René Fasel a tenté de s’en expliquer. Aujourd’hui, il précise : « Au cours des derniers mois, nous avons essayé de présenter le championnat du monde de hockey comme un outil de réconciliation pour aider à calmer le climat socio-politique. Nous voulions trouver une solution positive pour aller de l’avant. »

Mais la pression était devenue trop forte. Pression de certains pays, dont la Lettonie, co-organisatrice du Mondial 2021. Pression du mouvement olympique. Et, plus encore, pression des partenaires.

Samedi dernier, le constructeur automobile tchèque Skoda, sponsor historique du tournoi, a expliqué ne pas vouloir être associé à la compétition si elle était maintenue en Biélorussie. Un autre partenaire, la marque allemande d’huiles Liqui Moly, a suivi le mouvement dès le lendemain. Lundi 18 janvier, avant la décision de l’IIHF, l’horloger suisse Tissot s’était déclaré « préoccupé par la question des droits de l’homme ».

L’opposante biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a salué la décision de l’IIHF de retirer à Minsk l’organisation du Mondial. « Il s’agit d’une victoire, car il n’y aura pas de vague de répression supplémentaire sous prétexte de « nettoyer » la ville avant le championnat du monde », a-t-elle suggéré son compte Telegram.

Fin du feuilleton, donc, mais début d’une autre histoire. Il reste seulement quelques semaines à l’IIHF pour trouver une solution alternative. Plusieurs options sont sur la table. La première, la plus sûre au plan sanitaire, consisterait à confier à la Lettonie la totalité du Mondial, en organisant toutes les rencontres dans une même ville, Riga.

Mais le Danemark et la Slovaquie, les pays-hôtes du Mondial masculin respectivement en 2018 et 2019, ont fait acte de candidature pour épauler la Lettonie.

En attendant, la décision de retirer la Biélorussie de la carte de l’événement évite à la Fédération internationale de hockey sur glace et à son président d’avoir à affronter une campagne de presse. A Lausanne, le CIO n’a pas commenté la nouvelle, mais l’instance olympique l’a certainement accueillie avec soulagement.

Sa commission exécutive avait montré la voie, en décembre dernier, en prononçant la suspension d’Alexandre Loukachenko, par ailleurs président du comité national olympique depuis plus de vingt ans, et de plusieurs autres dirigeants sportifs, tous accusés de répression sur des athlètes entrés dans l’opposition.

Dès la fin du mois d’août, peu de temps après la réélection d’Alexandre Loukachenko, plus de 300 sportifs de haut niveau avaient en effet dénoncé dans une lettre ouverte le trucage des votes. Ils avaient appelé à l’organisation d’un nouveau scrutin. Les signataires avaient menacé de renoncer à porter le maillot de l’équipe nationale si l’un d’entre eux devait faire face à des représailles.