— Publié le 15 janvier 2021

« Le CIO doit songer à un plan B, un plan C »

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Faut-il y voir un signe ? Doit-on conclure à un changement de cap ? Pour la première fois depuis la décision du CIO de reporter d’une année les Jeux de Tokyo, un membre du gouvernement japonais a publiquement évoqué la possibilité que l’événement olympique et paralympique n’ait pas lieu. Il a reconnu ses doutes quant à la capacité de son pays à recevoir le monde entier dans moins de 200 jours.

Le dirigeant en question n’est pas un inconnu. Taro Kono (photo ci-dessous) occupe actuellement le poste de ministre de la Réforme administrative. Mais il a déjà été en charge de portefeuilles plus décisifs dans les gouvernements successifs de l’ancien Premier ministre, Shinzo Abe. La Défense, notamment, et les Relations étrangères. Un poids lourd, donc.

« Pour le moment, nous faisons le mieux que nous pouvons pour préparer les Jeux, mais nul ne sait ce qui peut se passer, a-t-il reconnu lors d’une interview vidéo à Reuters, réalisée à l’occasion d’un événement organisé par l’agence de presse britannique. Tout est possible. En tant qu’hôte des Jeux, nous faisons tout ce que nous pouvons et si tout va bien, nous pouvons avoir de bons Jeux Olympiques. Mais le Comité international olympique doit songer aujourd’hui à un plan B, un plan C. La situation n’est pas aisée. »

Le propos n’est pas anodin. Pour la première fois, un ministre japonais en activité suggère que le doute est désormais permis. Pour la première fois, un officiel évoque une alternative aux Jeux de Tokyo en 2021.

Au Japon, Taro Kono est connu pour ses prises de position parfois radicales. A la différence de certains de ses pairs, il avoue un goût très modéré pour la langue de bois.

Question : le ministre japonais a-t-il exprimé une opinion seulement personnelle, ou ses doutes reflètent-ils un virage des autorités japonaises dans la préparation des Jeux ?

Les récentes déclarations du Premier ministre, Yoshihide Suga, incitent à pencher pour la première option. Le chef du gouvernement a assuré, mercredi 13 janvier, n’avoir rien entendu qui puisse suggérer que les Jeux ne se dérouleraient pas comme prévu. Il a répété que leur préparation avançait  « à toute vapeur. »

Il n’empêche, les déclarations de Taro Kono ne vont certainement pas rassurer une opinion publique japonaise où la défiance à l’égard des Jeux, exprimée ces derniers jours par plusieurs sondages dans les médias nationaux, semble gonfler à vue d’oeil.

Jeudi 14 janvier, le Japon a enregistré 6566 nouveaux cas de COVID-19, dont 1502 dans la seule ville de Tokyo. L’état d’urgence, imposé la semaine passée dans la capitale et dans son agglomération, a été étendu à sept nouvelles préfectures.

Les prochaines semaines s’annoncent cruciales. Yoshiro Mori, le président du comité d’organisation, a reconnu dernièrement qu’une décision serait prise « en février ou mars » concernant la présence ou non de spectateurs dans les sites olympiques. Elle pourrait bien concerner aussi l’avenir même des Jeux de Tokyo.