— Publié le 14 décembre 2020

L’Agenda 2020 du CIO, tout près et loin à la fois

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Six ans et une poignée de jours. L’Agenda 2020 du CIO, adopté par la 127ème session de l’instance olympique au début du mois de décembre 2014 à Monaco, vient de fêter son sixième anniversaire. A quelques jours de la fin de l’année 2020, il devrait aussi toucher au but et avoir bouclé une à une les 40 recommandations écrites noir sur blanc dans sa résolution.

Il devrait. Et il y est presque. A en croire le CIO, visiblement très fier de son parcours au cours des six années écoulées, l’Agenda 2020 en serait aujourd’hui à 85 % de son objectif. Tout près de la ligne d’arrivée, donc, mais pas encore tout à fait en position de lever les deux bras au ciel.

Pour rappel, Thomas Bach avait convoqué une session extraordinaire du CIO en décembre 2014, à Monaco, pour rédiger sans tarder la feuille de route des deux olympiades à venir. Fraîchement élu à la présidence de l’instance, le dirigeant allemand voulait montrer donner le ton. Le mot d’ordre tenait dans une formule : « Changer ou être changé ».

Six ans ont passé. Le tableau n’est pas encore complet, mais les résultats sont visibles. Le CIO ne les cache pas, il vient même faire d’en faire largement étalage.

Les Jeux, d’abord. Le CIO a réformé le mode d’attribution de l’événement, avec la création de deux commissions de futurs hôtes, pour l’hiver et pour l’été. La procédure se veut plus concertée et plus ciblée. Mais elle n’a pas encore été réellement lancée. Et son calendrier reste flou, pour ne pas dire obscur.

Au rayon des Jeux, toujours, le CIO annonce des économies d’environ 4,58 milliards de dollars réalisées au cours des sept dernières années pour Tokyo 2020. Très fort. Mais, dans le même temps, la facture de l’événement a presque doublé par rapport au budget présenté par les Japonais en phase de candidature.

Encore au rayon Jeux, le nombre de participants à Paris en 2024 sera réduit d’environ 1.000 personnes, athlètes et officiels, par rapport à Tokyo 2020. Il est par ailleurs prévu que 95 % des sites utilisés par Paris 2024 seront existants ou temporaires. Quatre ans plus tard, Los Angeles 2028 fera mieux encore, aucun nouveau site permanent n’étant envisagé en Californie.

La parité, maintenant. Elle figurait en bonne place parmi les résolutions de l’Agenda 2020. Elle sera atteinte aux Jeux de Paris 2024, avec exactement le même nombre d’hommes et de femmes en lice. Le nombre d’épreuves mixtes est passé de huit avant l’adoption de l’Agenda olympique 2020 (Londres 2012) à 18 pour Tokyo 2020, puis 22 pour Paris 2024.

Dans les institutions, en revanche, le train marque du retard. Seulement deux fédérations internationales sont présidées par des femmes pour les sports d’été : Marisol Casado à World Triathlon et Annika Sörenstam à la Fédération internationale de golf (IGF). Aujourd’hui, 37,5 % des membres du CIO sont des femmes. Elles étaient seulement 21 % lors du lancement de l’Agenda olympique 2020.

Les athlètes, maintenant. Plus de 100.000 olympiens se sont inscrits sur Athlete365, une plateforme centralisée multilingue qui propose des programmes et ressources adaptés dans six langues. Dans le même temps, ils sont 5.500 athlètes à avoir bénéficié, au cours de la première année, de programmes de soutien dans les domaines de la double carrière, la transition de carrière et la santé mentale.

Le nombre de fédérations internationales disposant de politiques de protection des athlètes est passé de une seule en 2016 à 33 en 2020. Impressionnant. Mais le mouvement olympique ne compte plus les affaires de harcèlement dans le sport de haut niveau. Elles alimentent l’actualité à un rythme croissant.

La gouvernance, enfin. Le CIO le met volontiers en avant : l’indépendance de sa commission d’éthique a été renforcée, son président – Ban Ki-moon, l’ancien secrétaire général des Nations Unies – et ses membres étant désormais élus par la session du CIO. La majorité des membres de cette commission n’a aucun lien avec le mouvement sportif.

Mais les récentes révélations de corruption à la Fédération internationale d’haltérophilie, où le Hongrois Tamas Ajan a pu imposer ses méthodes pendant deux décennies en toute impunité, et le feuilleton à tiroirs de l’AIBA, démontrent que la route reste longue.

En décembre 2014, le CIO avait réitéré dans l’Agenda 2020 son projet de création d’une chaîne olympique. Un serpent de mer, avaient murmuré les sceptiques. La chaîne olympique a vu le jour. Elle a été lancée au soir de la clôture des Jeux de Rio 2016.

Depuis, elle a enregistré environ 3,4 milliards de visionnements de vidéos sur toutes les plateformes, créé plus de 25.000 articles centrés sur les athlètes, et produit plus de 76 séries et films originaux. Environ 75 % de ses abonnés dans les médias sociaux ont moins de 35 ans.

« L’Agenda 2020 a changé les Jeux olympiques, le CIO et le mouvement olympique », suggère aujourd’hui Thomas Bach. A coup sûr. Le dirigeant allemand peut se frotter les mains : il lui a également assuré un deuxième mandat de quatre ans pour lequel il n’aura pas la moindre concurrence.