— Publié le 10 novembre 2020

Patrice Motsepe, un génie du business en campagne pour la CAF

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En Afrique, l’information a fait l’effet d’une bombe. Le Sud-Africain Patrice Motsepe, 58 ans, un milliardaire originaire de Soweto, dont la fortune personnelle est estimée à 2,4 milliards de dollars, est candidat à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF). Il se pose en rival direct du président sortant, le Malgache Ahmad Ahmad.

L’annonce est tombée lundi 9 novembre. Elle est officielle. Mais, curieusement, elle n’est pas venue de Patrice Motsepe lui-même. L’homme d’affaires est en quarantaine. Preuve de l’importance de sa candidature pour l’Afrique du Sud, le président de la fédération de football (SAFA), Danny Jordaan, et le ministre des Sports, des Arts et de la Culture, Nathi Mthethwa, l’ont fait pour lui. Ils ont convoqué une  conférence de presse à Johannesburg pour révéler la nouvelle.

Patrice Motsepe rejoint dans la course deux autres candidats déclarés avant lui : Ahmad Ahmad, déjà dans la place, mais sous le coup d’une enquête de la commission d’éthique de la FIFA qui pourrait le rendre inéligible ; et l’Ivoirien Jacques Anouma, l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football (FIF).

La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au jeudi 12 novembre à minuit. L’élection à la présidence de la  CAF doit se dérouler le 12 mars 2021 à Rabat, au Maroc.

Patrice Motsepe possède à coup sûr les atouts pour rafler la mise. L’argent, d’abord, manne souvent miraculeuse dans le monde du football. Sa fortune acquise dans l’extraction de minerais ferait de lui, selon le magazine Forbes, le huitième homme le plus riche du continent africain.

Le réseau, ensuite. Patrice Motsepe est le beau-frère du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, un lien familial direct qui explique en partie la présence d’un membre du gouvernement à la conférence de presse d’annonce de sa candidature.

Enfin, Patrice Motsepe n’est pas complètement un inconnu dans le monde du football. Il préside depuis plusieurs années un club de Pretoria, les Mamelodi Sundowns. Une fonction tout sauf anecdotique, puisqu’elle lui permet de répondre aux critères d’éligibilité de la CAF. Les statuts de la confédération stipulent en effet qu’un candidat « doit avoir joué un rôle actif dans le football durant aux moins deux des cinq dernières années ayant précédé le dépôt de sa candidature. »

Peut-il l’emporter ? Sans doute. A l’annonce de la candidature d’Ahmad Ahmad, à la fin du mois dernier, le camp du président sortant a assuré que le dirigeant malgache pouvait compter sur le soutien de 46 des 54 fédérations nationales affiliées à la CAF. Mais le chiffre semble plus que douteux.

Lundi 9 novembre, la conférence de presse d’annonce de la candidature du milliardaire sud-africain a été l’occasion pour ses partisans d’afficher le soutien assumé de trois pays de l’Afrique anglophone. Amaju Pinnick, le président de la Fédération nigériane de football, Isha Johansen, son homologue de la Sierra Leone, et Maclean Letshwiti, l’homme fort du football au Botswana, ont exprimé leur soutien au candidat sud-africain par le biais de messages en vidéo.

« Nous allons travailler jouer et nuit à ce qu’il soit élu », a suggéré Amaju Pinnick, pressenti un temps comme un possible candidat. « Nous sommes tous favorables au changement. Il y a quatre ans, on parlait d’un vent de changement. Nous soutenons Patrice Motsepe parce que nous n’avons pas vu ce vrai changement dont le football africain a besoin », a insisté Isha Johansen. « Nous avons un des plus grands génies du business en tant que candidat à la CAF », a plaidé Danny Jordan, le président de la Fédération sud-africaine de football. En ces temps de crise sanitaire sanitaire et d’incertitude économique, le football africain pourrait bien préférer le génie du business au champion des affaires.