— Publié le 19 octobre 2020

Pour Paris 2024, l’aviron retranche pour mieux ajouter

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L’idée était dans l’air depuis l’an passé, elle est désormais officielle : l’aviron de mer postule aux Jeux de Paris en 2024. Il vient s’ajouter à une liste de disciplines dont les fédérations internationales ont déposé un dossier au CIO. World Athletics milite pour le retour du cross-country dans le paysage olympique. L’instance mondiale du surf, l’ISA, rêve tout haut de voir le stand up paddle connaître à son tour l’ambiance des Jeux d’été.

Dans le monde d’avant, le CIO aurait sans doute observé d’un oeil bienveillant les dossiers de candidature s’accumuler devant la porte de sa commission du programme. Aujourd’hui, rien n’est moins sûr. La décision d’ajouter, ou retirer, une discipline du programme, lui revient à lui seul. Mais il lui est devenu difficile de l’imposer aux organisateurs des Jeux sans solliciter leur avis. Dans le cas de Paris 2024, la tendance du moment est nettement plus à la soustraction, avec la volonté assumée de réduire le budget de 3 à 400 millions, qu’à l’ajout de nouvelles épreuves. Et elle ne devrait pas s’inverser.

Il n’empêche, la Fédération internationale d’aviron a soigneusement préparé son affaire. A la différence de World Athletics, par exemple, elle fait le choix de soustraire pour mieux ajouter. Jean-Christophe Rolland, son président, le résume d’une formule : « Passer d’une attitude défensive à une ambition proactive ». En clair, tailler soi-même dans son programme pour proposer une offre conforme aux réalités du moment. L’aviron de mer remplacerait la catégorie des poids légers.

Réuni au cours du dernier week-end par visioconférence, le congrès extraordinaire de la Fédération internationale d’aviron a soumis au vote de ses délégués le projet de proposer au CIO l’ajout de l’aviron de mer aux Jeux de Paris 2024. Le résultat du scrutin ne laisse aucune place au doute. Le oui l’a emporté avec 125 voix, contre 11 suffrages en faveur du non et 8 abstentions.

Jean-Christophe Rolland peut avancer d’une nouvelle case en confirmant au CIO un dossier déposé en début d’année. Il concerne trois épreuves, choisies pour leur nombre réduit de compétiteurs : skiff (un rameur) hommes et femmes, double mixte. En cas de feu vert du CIO, dont la décision est attendue pour le mois de décembre, les épreuves olympiques se dérouleraient à  Marseille, ville déjà choisie par le COJO Paris 2024 pour les compétitions de voile.

Résolument « proactif », l’aviron précède un probable diktat du CIO en rayant lui-même de son programme la catégorie des poids légers. Le CIO n’en veut plus. Jean-Christophe Rolland le sait. Un premier écrémage avait été fait après les Jeux de Rio 2016, avec la suppression du quatre de pointe. La dernière épreuve encore présente aux Jeux de Tokyo, le deux de couple, prendra à son tour la porte après les prochaines régates olympiques.

Fait rarissime dans le mouvement olympique, où les instances internationales cherchent à rajouter sans jamais effacer, l’aviron ajuste lui-même son offre à son ambition de développement. Il retranche pour mieux convaincre. La stratégie peut s’avérer payante à l’égard du CIO, dont la volonté de réduire la voilure des Jeux d’été s’accompagne d’une envie d’explorer des terrains nouveaux.

Au cours du même congrès extraordinaire, tenu en mode virtuel depuis Lausanne, l’aviron mondial a tourné une autre page de son histoire. Une page aux origines nettement plus anciennes que la catégorie des poids légers. L’instance de la discipline a abandonné définitivement son appellation francophone, Fédération internationale des sociétés d’aviron (FISA). Elle se fait désormais appeler World Rowing. Son site Internet officiel avait précédé le mouvement. Plus universel, dit-on. Plus tendance, également.