— Publié le 16 octobre 2020

A l’haltérophilie, les présidents se ramassent à la pelle

Institutions Focus

L’haltérophilie mondiale n’en est plus à un record près. Après avoir établi celui du nombre d’athlètes convaincus de dopage, et placé à un niveau insoupçonné le nombre de médaillés olympique rayés des palmarès, la discipline vient de s’offrir une nouvelle performance historique dans le mouvement olympique. Depuis le début de l’année, la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF) en est à son quatrième président.

Pour cette seule semaine du mois d’octobre, elle en a vu défiler trois. L’Américaine Ursula Garza Papandrea était encore en poste lundi 12 octobre. Elle assurait l’intérim sur le fauteuil présidentiel depuis le mois d’avril dernier, après le retrait forcé du Hongrois Tamas Ajan, au pouvoir depuis 20 ans, mais poussé vers la sortie pour des soupçons de corruption. Mardi 13 octobre, une réunion par visioconférence du comité exécutif de l’IWF a entériné par un vote à l’unanimité la fin de l’intérim d’Ursula Garza Papandrea.

Dans la foulée, un nouveau président, lui aussi intérimaire, a été désigné : le Thaïlandais Intarat Yodbangtoey. Un ancien de la maison, réputé proche de Tamas Ajan. Le CIO n’a pas apprécié et l’a fait savoir par un communiqué. Jeudi 15 octobre, Intarat Yodbangtoey a rendu les clefs du bureau présidentiel, sans même avoir eu le temps d’en découvrir la tapisserie. Deux jours en place. Un autre record.

Le suivant ? Un Britannique. Mike Irani (photo ci-dessous) a été choisi par le comité exécutif de l’IWF, dans la soirée de jeudi, pour prendre à son tour le volant du camion. Il s’en est dit très honoré. « Je suis reconnaissant au comité exécutif de l’IWF de m’avoir confié la présidence par intérim, a-t-il déclaré dans un communiqué. Comme je ne serai pas candidat au poste de président, je pourrai me concentrer pleinement sur les réformes qui vous nous amener à la tenue d’un congrès clair et transparent. » Le congrès électif de l’IWF est prévu au mois 2021.

Une bonne nouvelle, l’arrivée de Mike Irani aux commandes ? Bof. Son parcours au sein de l’IWF ne plaide pas vraiment pour sa cause. Présent dans les arcanes du pouvoir depuis plus de 30 ans, il appartient à l’ancienne garde, plutôt proche de Tamas Ajan. Pas vraiment un regard neuf, donc. Surtout, Mike Irani dirige la commission médicale de l’IWF, une position qui laisse planer un sérieux doute sur son éthique en termes de lutte antidopage.

Quelques heures avant la désignation du Britannique pour assurer un nouvel intérim, la Fédération américaine d’haltérophilie avait tenté de secouer la fragile embarcation de l’IWF en forçant la tenue d’un congrès. Phil Andrews, le secrétaire général d’USA Weightlifting, démissionnaire l’avant-veille de son poste de directeur adjoint de l’instance internationale, a écrit aux 187 fédérations nationales membres pour qu’elles soutiennent la demande des Américains d’exiger la convocation d’un congrès extraordinaire avant la fin du mois de novembre.

« Il est absolument incontestable que notre place à Paris 2024, Los Angeles 2028 et au-delà, est désormais en jeu, a écrit Phil Andrews. Et cela, par la faute des agissements du comité exécutif de l’IWF. »

Selon l’Américain, les statuts de l’IWF stipulent que seulement 20 % des fédérations membres, soit 38 sur 187, doivent être réunies pour forcer la tenue d’un congrès extraordinaire. L’initiative portée par USA Weightlifting aurait déjà obtenu le soutien d’une trentaine de pays. L’objectif n’est plus très éloigné.