— Publié le 12 août 2020

Pour le mouvement sportif, la solution est dans une bulle

Événements Focus

Conséquence inattendue de la pandémie de COVID-19 : une nouvelle donnée vient alourdir encore les processus de candidature aux grands événements sportifs internationaux. Elle est sanitaire. Pour postuler à l’accueil d’un rendez-vous majeur du calendrier, et posséder une chance de succès, un pays ou une ville doivent désormais présenter un « certificat médical » digne de confiance.

La tendance était difficilement prévisible. Mais elle bouleverse le paysage. Exemple : le Final 8 de la Ligue des Champions de football. Il débute ce mercredi 12 août à Lisbonne. La capitale portugaise reçoit les huit équipes encore en lice, pour une douzaine de jours de compétition.

Les quarts-de-finale se jouent cette semaine, les demi-finales la semaine prochaine. La finale se déroulera le 23 août. Les rencontres sont prévues dans deux enceintes, le Stade de Luz (Benfica) et l’Estadio José Alvalade (Sporting). Elles se disputeront à huis clos.

« En choisissant Lisbonne, l’UEFA a reconnu que le Portugal était actuellement l’endroit le plus sûr pour accueillir une telle compétition, a expliqué Antonio Costa, le Premier ministre portugais, à l’occasion d’une conférence de presse en visioconférence, à la veille du début du tournoi. Toutes les mesures de sécurité ont été garanties pour les joueurs, les entraîneurs, les journalistes, les visiteurs et la communauté portugaise en général. »

Pour le Portugal, l’accueil du Final 8 de la Ligue des Champions s’apparente à un mât de cocagne. Certes, l’absence de spectateurs réduit considérablement les recettes touristiques liées à l’événement. Mais la capitale s’offre à peu de frais une formidable exposition médiatique et promotionnelle. Elle peut aussi en profiter pour s’imposer sur la carte du mouvement sportif comme une nouvelle place forte, fiable et sûre, à l’heure où poussent ici et là les « bulles » événementielles.

Fernando Gomes, le président de la Fédération portugaise de football, explique : « Nous ne pouvons accueillir ces matchs de la Ligue des Champions que grâce au bon comportement du peuple portugais dans la lutte contre la pandémie. Les matchs vont être suivis par des centaines de millions de personnes, ce qui contribuera à souligner et à renforcer l’image positive que le Portugal a donnée au monde au cours de cette période particulièrement difficile et exigeante pour l’ensemble de la planète. »

A Lisbonne, les équipes devront se conformer à un protocole sanitaire établi par l’UEFA. Il tient en 31 pages d’un document valable pour tous les matchs internationaux. Les joueurs sont testés avant leur départ, puis à la veille de chaque rencontre.

A l’origine, la finale de la Ligue des Champions devait se tenir au stade Ataturk à Istanbul. Mais la pandémie a écarté sans ménagement la capitale turque. Madrid a postulé un temps pour recevoir le Final 8, mais la situation sanitaire en Espagne a réduit ses chances en miettes.

Le mouvement sportif international en sera-t-il réduit à choisir les lieux de ses événements en fonction de critères sanitaires ? A court terme, sans doute. Dans le monde d’après, seuls les pays pouvant proposer une bulle hermétique au virus auront une chance de ramasser la mise.

Le mois dernier, l’île de Yas à Abu Dhabi a réussi un coup publicitaire en accueillant une série de quatre réunions de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la version professionnelle du MMA. Elles se sont déroulées sur cette terre artificielle de 25 km2, sécurisée pour l’occasion avec des précautions infimes.

Saeed Al Saeed, le directeur marketing du Département de la Culture et du Tourisme d’Abu Dhabi, l’avait expliqué à FrancsJeux : « L’UFC Fight Island constitue un premier pas vers la réouverture progressive de notre destination, mais aussi une expérience de ce que l’accueil d’événements pourrait exiger dans un monde post-COVID-19.L’île de Yas est aujourd’hui l’une des premières bulles sportives au monde. Plusieurs entités sportives et de divertissement nous ont déjà sollicités pour accueillir des événements similaires à l’avenir. »

La tendance pourrait se renforcer. Elle pourrait même entraîner certaines ligues ou organisations à délocaliser leurs compétitions nationales dans un pays voisin. En Australie, la Ligue nationale de basket-ball (NBL) étudie actuellement plusieurs options pour la reprise du championnat, prévue au mois de décembre. L’une d’elles consisterait à réunir toutes les équipes dans une bulle sanitaire située en Nouvelle-Zélande. A l’heure où l’état du Victoria a annoncé la semaine passée un nouveau confinement de plusieurs semaines, l’option néo-zélandaise n’est pas la moins sérieuse.