— Publié le 31 juillet 2020

Pour l’athlétisme russe, dernier sursis avant la fermeture

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L’avenir de l’athlétisme russe n’a longtemps tenu qu’à un fil. Depuis jeudi 30 juillet, on en connaît l’espérance de vie : un peu plus de deux petites semaines. Passé ce délai, sa fédération, la RusAF, et ses athlètes, pourraient bien disparaître du paysage.

Réuni depuis la veille en visioconférence, le Conseil de World Athletics a planché une nouvelle fois jeudi sur la question russe. L’exercice a été douloureux, de l’aveu même de son président, Sebastian Coe. Mais, surprise, le résultat se révèle plutôt clément.

Menacée d’une expulsion en bonne et due forme, la RusAF s’est vue accorder un sursis. Le Conseil de World Athletics lui a accordé un délai pour payer son amende de 5 millions de dollars (plus 1,3 million de dollars de frais de procédure), exigée le 1er juillet dernier pour violation des règles antidopage. Les Russes ont désormais jusqu’au 15 août pour virer la somme sur le compte de l’instance internationale.

Contre toute attente, World Athletics a choisi l’option la moins radicale. A cela, deux raisons. La première n’est pas nouvelle, elle concerne les athlètes. Sebastian Coe et les membres du Conseil n’ont jamais fait mystère de leurs préoccupations quant à la situation et à l’avenir des athlètes russes, premières victimes des errements répétés de leurs dirigeants. En accordant à la RusAF un nouveau délai, World Athletics entretient leur espoir.

La deuxième raison était moins attendue. Au matin de sa réunion décisive, jeudi 30 juillet, le Conseil de World Athletics a reçu un message très officiel du nouveau ministre russe des Sports, Oleg Matytsin. L’ancien pongiste, par ailleurs toujours président de la FISU, assure à Sebastian Coe que l’amende sera bien payée dans sa totalité au plus tard le 15 août.

A Monaco, le compte-à-rebours a donc débuté. Il ne sera pas arrêté et ne devrait pas non plus être repoussé une énième fois. Mais on imagine mal les autorités politiques et sportives russes se soustraire à la sanction, la somme étant finalement assez anecdotique pour un régime qui a souvent su faire preuve de largesses à l’égard de ses athlètes et ses instances sportives.

Dans le cas contraire, la RusAF sera exclue pour de bon de World Athletics, et non plus seulement suspendue, comme elle l’est depuis le mois de novembre 2015. Dans un tel scénario, ses athlètes ne pourraient plus bénéficier du statut de neutralité pour participer aux compétitions internationales. Un statut dont le processus d’éligibilité reste gelé au moins jusqu’au 15 août.

Précision : la RusAF ne devra pas seulement se fendre d’un chèque à sept chiffres pour éviter une sortie de route définitive. La task force de World Athletics a détaillé ses exigences. Elles se révèlent nettement plus sélectives. En plus de l’amende, la RusAF devra présenter au plus tard le 31 août un premier plan de sa réorganisation, puis en proposer un mois plus tard une version définitive. Elle devra être validée par le Conseil de World Athletics.

« Nous allons pouvoir continuer à travailler sur le processus du retour de la Fédération russe », a reconnu Sebastian Coe. « La décision de World Athletics est très constructive », s’est félicité Oleg Matytsin. Sans doute.

Mais les athlètes, eux, peuvent ranger leur passeport. Ils ne pourront pas participer à la moindre épreuve internationale avant la fin du processus décidé par World Athletics. Une nouvelle saison blanche.