— Publié le 16 juillet 2020

Pour avoir les Jeux, l’Afrique devra attendre jusqu’en 2026

Événements Focus

L’information n’a été précédée par aucune rumeur ou bruit de couloir. Thomas Bach l’a annoncée mercredi 15 juillet en fin d’après-midi, en ouverture de sa conférence de presse en ligne, après la réunion de la commission exécutive du CIO. Le dirigeant allemand l’a expliqué d’une voix terne : les Jeux de la Jeunesse d’été en 2022 au Sénégal sont reportés. Premier événement olympique de l’histoire organisé sur le sol africain, ils se dérouleront en 2026.

Selon Thomas Bach, la demande de report émanerait des autorités sénégalaises. Macky Sall, le chef de l’Etat, l’a formulée lui-même lors d’un entretien téléphonique avec le président du CIO lundi 13 juillet. La commission exécutive a donné son feu vert. Il reste maintenant à la session du CIO à la valider, vendredi 17 juillet, à l’occasion de sa visioconférence. Une formalité.

En soi, le report des JOJ de Dakar ne constitue pas une grande surprise. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le calendrier sportif international ressemble à un immense jeu de quilles, où chaque événement décalé en entraîne au moins un autre. Mais en étant reportés de 4 ans, les Jeux de la Jeunesse 2022 s’inscrivent dans une logique à part.

Thomas Bach ne s’en est pas caché : la crise sanitaire n’explique pas à elle seule le report à l’année 2026. Certes, la pandémie a retardé la préparation de l’événement, initialement prévu du 22 octobre au 9 novembre 2022. Mais un décalage d’une année aurait pu suffire.

Le président du CIO l’a expliqué : maintenir les JOJ d’été en 2022 aurait provoqué un embouteillage d’événements olympiques difficile à surmonter pour l’ensemble du mouvement. Le CIO et ses comités nationaux olympiques auraient été contraints d’enchaîner cinq rendez-vous en une période de trois ans : les Jeux de Tokyo en 2021, les Jeux d’hiver de Pékin et les Jeux de la Jeunesse de Dakar en 2022, les Jeux de la Jeunesse d’hiver de Gangwon et les Jeux de Paris en 2024.

« Cela permet au CIO et aux comités olympiques nationaux de mieux planifier les activités qui ont été fortement affectées par le report des Jeux olympiques de 2020 et le report ultérieur d’autres événements sportifs majeurs », a expliqué Thomas Bach. Pas faux.

L’Afrique attendra, donc. Les athlètes, eux, devront tirer un trait définitif sur un événement présenté depuis sa première édition, organisée en 2010 à Singapour, comme un premier bain dans l’ambiance olympique. En laissant s’installer un vide de huit ans entre les JOJ de Buenos Aires en 2018 et ceux de Dakar en 2026, le CIO prive une génération entière d’espoirs des sports olympique d’une telle expérience.

Par un effet domino, le report des JOJ 2022 bouscule également les plans des potentiels candidats à l’organisation de l’événement en 2026. La Thaïlande, l’Inde et la Colombie avaient déjà très officiellement annoncé leur intention de se lancer dans la course. Les trois pays devront repousser leur campagne de 4 ans.

Pour la Thaïlande et la Colombie, la scénario semble réaliste. L’Inde, en revanche, devra sans doute choisir entre les Jeux de la Jeunesse en 2030 et les Jeux olympiques en 2032.

Interrogé mercredi en conférence de presse, Thomas Bach a reconnu ne pas avoir encore eu le temps de prévenir les Thaïlandais, Colombiens et Indiens de la décision du report. « Mais je suis certain qu’ils comprendront la situation », a confié le dirigeant allemand. Le président du CIO a également suggéré que les trois pays seraient en position « privilégiée » pour les JOJ en 2030, ayant déjà entamé la « phase de dialogue » avec l’instance olympique.