— Publié le 6 juillet 2020

Yuriko Koike, une victoire dont les Jeux de Tokyo ne pouvaient pas se passer

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Les bonnes nouvelles se font rares pour le CIO en ces temps de crise sanitaire. Trop rares pour ne pas les saluer comme il se doit. Dimanche 5 juillet, l’instance olympique a poussé un soupir de soulagement en découvrant les résultats de l’élection au poste de gouverneur de Tokyo.

Annoncée comme l’immense favorite du scrutin, Yoriko Koike a balayé comme dans un rêve la concurrence de ses (trop) nombreux opposants. La campagne avait rassemblé 21 candidats. Un record. Mais la gouverneure en titre n’en a fait qu’une bouchée.

Dans l’attente des résultats officiels, les chiffres lui accordent plus de 60 % des voix. Elle devancerait de plus de 40 points le mieux loti de ses suivants. Quatre ans plus tôt, Yuriko Koike avait décroché son premier mandat avec 44,9 % des suffrages et une avance de 17 points. A 67 ans, l’ancienne ministre de la Défense et de l’Environnement continuera donc à diriger la capitale japonaise jusqu’en 2024.

Pour le CIO comme pour le comité d’organisation de Tokyo 2020, l’écrasante victoire acquise par Yuriko Koike éloigne pour un temps la menace d’une annulation des Jeux. La gouverneure sortante a dû batailler pendant la campagne contre une poignée de candidats réclamant de renvoyer l’événement olympique et paralympique dans les oubliettes de l’Histoire.

Parmi eux, Taro Yamamoto, 45 ans, un ancien acteur, fondateur du parti d’opposition Reiwa Shinsengumi. Le politicien japonais ne s’en était pas caché : en cas de victoire, dimanche 5 juillet, il s’engageait à faire annuler les Jeux de Tokyo. Taro Yamamoto pointait en troisième position du scrutin, dimanche soir, avec 11,2 % des voix.

Sitôt réélue, Yuriko Koike a exhorté les habitants de Tokyo à respecter les mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus. Elles doivent être une priorité, répète-t-elle, pour parvenir à « des Jeux sûrs et sereins » et pour en « réduire le coût et les simplifier ».

A Lausanne, Thomas Bach n’a pas attendu les chiffres officiels pour féliciter Yuriko Koike. Le président du CIO a salué dans son message « son engagement sans faille et son soutien personnel pour assurer le succès des Jeux olympiques de Tokyo 2020, les premiers Jeux reportés de l’Histoire. »

« Parmi les nombreux candidats à cette élection, la gouverneure Koike a fait des Jeux de Tokyo 2020 une pièce maîtresse de sa politique, a suggéré l’ancien Premier ministre. Au moment où nous travaillons ensemble à la préparation des Jeux de Tokyo 2020, je suis rassuré par sa réélection. Nous nous réjouissons de renforcer encore notre partenariat. Nous ambitionnions l’un et l’autre d’organiser des Jeux simplifiés. Je crois que la gouverneure Koike partage notre approche de la préparation des Jeux. Comme nous, elle cherche à obtenir la confiance et le soutien des citoyens de Tokyo et du Japon pour la préparation des Jeux. »

Le message envoyé par Yoshiro Mori est clair. A une année et quelques poignées de jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo (23 juillet au 8 août 2021), les deux camps doivent travailler main dans la main. Ils doivent tailler dans les dépenses sans retenir leurs gestes. Surtout, il leur faut retrouver la confiance de la population.

Pour la première fois depuis l’attribution à Tokyo des Jeux de 2020, un sondage publié à la fin du mois de juin a révélé que plus d’un habitant de la capitale sur deux se disait en faveur d’une annulation ou d’un nouveau report de l’événement olympique.

A l’évidence, cette défiance n’a pas pesé dans le scrutin pour le poste de gouverneure. Mais la pression s’annonce extrême pour Yoriko Koike, dans les mois à venir, pour simplifier les Jeux et en réduire les coûts.