— Publié le 5 février 2020

Face au virus, les Japonais s’inquiètent pour les Jeux

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L’épidémie de coronavirus peut-elle menacer les Jeux de Tokyo 2020 ? A 170 jours de l’ouverture, le risque a longtemps semblé très faible. Il ne l’est plus. Les Japonais ne s’en cachent pas : ils sont inquiets.

Toshiro Muto, le directeur général du comité d’organisation, est sorti de sa réserve pour exprimer publiquement ses craintes, ce mercredi 5 février. Il a profité d’une revue de projet des prochains Jeux paralympiques, cette semaine dans la capitale japonaise, pour expliquer : « Nous sommes extrêmement inquiets, dans le sens où l’avancée de l’épidémie pourrait tempérer l’intérêt et l’enthousiasme pour les Jeux. J’espère que cela peut être éradiqué aussi vite que possible. Nous planifions de coopérer avec le Comité international olympique, le Comité international paralympique, le gouvernement et la ville de Tokyo, pour affronter cette question. »

A ce stade de l’épidémie, déclarée à la fin de l’an passé en Chine, les Japonais ne suggèrent pas encore que l’événement lui-même pourrait être menacé. Ils insistent plutôt sur son impact indirect. Ils évoquent le risque de voir « la dynamique croissante autour Jeux de 2020″ tempérée par la crise actuelle.

Mais l’ampleur de l’épidémie prend actuellement de telles proportions qu’il n’est plus possible d’exclure le pire. A en croire un expert cité par Reuters, il est aujourd’hui peu réaliste de penser qu’un vaccin contre le virus puisse être découvert et disponible avant les Jeux de Tokyo 2020.

Saburo Kawabuchi, le maire du village des athlètes, n’a pas hésité lui non plus à évoquer publiquement les risques de voir l’épidémie toucher directement les Jeux. « Aujourd’hui, je ne peux qu’espérer que les Jeux pourront se dérouler sans heurts et sans virus », a-t-il suggéré.

Au cours des dernières semaines, la liste des rendez-vous sportifs internationaux prévus en Chine et rayés du calendrier, ou délocalisés hors du pays, n’a pas cessé de s’allonger. La tendance ne devrait pas s’inverser.

Les championnats du monde d’athlétisme en salle, qui devaient avoir lieu du 13 au 15 mars à Nankin, ont été reportés à l’année prochaine. Les championnats d’Asie, prévus les 12 et 13 février à Hangzhou, ont été annulés.

En football, le tournoi de qualification olympique féminin a été déplacé de Wuhan, l’épicentre du virus, vers l’Australie. Il doit mettre aux prises la Chine, l’Australie, Taïwan et la Thaïlande. Son calendrier a été modifié par les organisateurs après la mise en quarantaine de l’équipe chinoise, débarquée à Brisbane le 29 janvier.

En tennis, la Fédération internationale (ITF) a déplacé les rencontres du groupe I de la zone Asie/Océanie de Fed Cup entre la Chine, Taïwan, l’Indonésie, la Corée du Sud et l’Ouzbékistan. Elles devaient être disputées à Dongguan. Elles auraient dû finalement se jouer à Nur-Sultan (anciennement Astana) au Kazakhstan, du 4 au 8 février, mais le Kazakhstan a refusé d’être désigné comme pays hôte de remplacement.

Les annulations se sont également multipliées en badminton (les China Masters à Hainan, du 25 février au 1er mars), en boxe (tournoi de qualification olympique, prévu à Wuhan, déplacé à Amman du 3 au 11 mars), en basket-ball (tournoi féminin de qualification olympique, attribué à Foshan mais délocalisé à Belgrade), en golf (tournoi Blue Bay du circuit LPGA, prévu du 5 au 8 mars à Hainan), en ski alpin (Coupe du Monde à Yanqing les 15 et 16 février), ou encore en cyclisme (Tour du Hainan annulé).

A ce jour, l’édition 2020 de SportAccord, prévue du 19 au 24 avril à Pékin, reste maintenue dans la capitale chinoise. La GAISF a récemment assuré, par la voix de son président, l’Italien Raffaele Chiuli,  suivre de très près l’évolution du virus et se tenir prête à tout scénario. SportAccord pourrait très bientôt gonfler la liste des événements rayés de la carte de la Chine.