— Publié le 15 septembre 2019

« Avec les sports urbains, les barrières tombent »

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Clap de fin pour les premiers Jeux mondiaux urbains. Pendant trois jours, du 13 au 15 septembre, Budapest a accueilli en un même lieu 300 athlètes, engagés dans six disciplines officielles et deux sports de démonstration. Dénominateur commun : la culture urbaine.

Initié par GAISF, l’événement devrait se dérouler tous les deux ans, en années impaires. La capitale hongroise possède une option sur la prochaine édition, prévue en 2021. Elle décidera dans les mois à venir, après une analyse attentive de cette première expérience, si elle prolonge l’expérience.

Raffaele Chiulli, le président italien de GAISF, parle déjà d’un succès pour les Jeux mondiaux urbains 2019. Le public est venu en masse. L’organisation s’est révélée sans faille.

Mais qu’en pensent les athlètes ? FrancsJeux a interrogé la Française Magalie Pottier (photo ci-dessous), classée 6ème en finale du BMX freestyle. Issue de la race, discipline du BMX devenue olympique aux Jeux de Pékin en 2008, elle s’est lancée dans le freestyle, qui fera ses débuts aux Jeux de Tokyo 2020.

Quelle impression vous a laissé la première édition des Jeux mondiaux urbains ?

Magalie Pottier : Une belle première édition. Le décor met vraiment dans l’ambiance, avec cet immense hangar décoré par tous ces tags. La taille du site est idéale. On peut se déplacer d’un lieu à l’autre sans se marcher dessus. Pour le reste, je trouve que ces premiers Jeux mondiaux urbains ont un petit air de Jeux olympiques. Tous les athlètes logent dans le même hôtel, comme au village olympique, dans une ambiance très chaleureuse entre les concurrents et le staff. Cette première édition ne demande qu’à être renouvelée.

Les organisateurs hongrois ont fait le choix de regrouper toutes les disciplines dans un même lieu. Est-ce une bonne idée ?

Certainement. Un très bon choix. Chaque site de compétition est pourvu de tribunes à la mesure de la discipline. Le public peut non seulement découvrir des nouvelles disciplines, mais également les essayer. Le remarque est valable également pour les athlètes. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir, en live, du breakdance, du parkour ou du frisbee freestyle. C’est chose faite.

Ces premiers Jeux mondiaux urbains illustrent la volonté du CIO et des fédérations internationales de séduire la nouvelle génération. Est-ce la bonne direction à prendre ?

Je le pense. Les Jeux olympiques ont besoin de nouveauté. Les sports urbains peuvent leur apporter. Ils s’inscrivent dans une nouvelle dynamique. Je crois aussi que l’esprit urbain permet aux spectateurs de s’identifier aux athlètes. Nous sommes habillés comme eux, en jeans et t-shirt. Quand je me ballade sur le site, je peux facilement passer pour une spectatrice. Avec les disciplines urbaines, les barrières  tombent. Il existe une vraie symbiose entre le public et les compétiteurs.

Selon vous, le CIO et les organisateurs ont-ils raison d’intégrer dans le programme olympique un maximum de disciplines dites urbaines, comme le BMX freetsyle, le skateboard, le basket-ball 3×3 ou le breakdance ?

Je crois que tout est dans le mélange des genres. Le téléspectateur traditionnel veut retrouver tous les quatre ans les sports qu’il a l’habitude de suivre aux Jeux olympiques. Mais les jeunes s’identifient plus aux sports urbains. Il est important, pour conserver l’intérêt des Jeux auprès de tous les publics, d’apporter de la nouveauté. Le renouvellement des disciplines est sans doute indispensable.

L’entrée dans le programme olympique modifie-t-elle en profondeur une discipline, comme le BMX freestyle pour les Jeux de Tokyo 2020 ?

Complètement. Les moyens ne sont plus les mêmes. Le label olympique permet de bénéficier de structures différentes. En France, par exemple, nous allons disposer à partir du mois de décembre d’un premier parc olympique pour le BMX freestyle. Il sera situé à Montpellier. Sans les Jeux, il n’est pas certain que nous l’aurions eu à notre disposition.

Au sein de la discipline, l’esprit change-t-il ?

Il m’est difficile de répondre car je ne suis pas née dans le freestyle, je suis issue de la race, une discipline du BMX devenue olympique aux Jeux de Pékin en 2008. Mais il est certain que le label olympique a un effet spectaculaire sur le niveau d’une discipline. Il grimpe à une vitesse dingue. En BMX freestyle, pour rester parmi les meilleures, il faut aujourd’hui aller deux fois plus haut.