— Publié le 22 août 2019

Avec Christian Coleman, le dopage change de camp

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Paradoxe. A quelques semaines des Mondiaux d’athlétisme à Doha, où les Russes ne pourront toujours pas concourir sous leurs propres couleurs, en raison de la suspension de leur fédération, une affaire de dopage secoue la discipline. Elle concerne un athlète des Etats-Unis, dont l’agence nationale antidopage ne s’est jamais privée de montrer du doigt la Russie et ses dérapages.

L’acteur clé de l’affaire n’est pas anodin. Christian Coleman, 23 ans, pointe en tête du bilan mondial du 100 m. Il détient même les deux meilleurs chronos de la saison (9 sec 81 et 9 sec 85). Champion et recordman du monde du 60 m en salle, il s’affiche en favori pour le titre mondial du 100 m, le mois prochain à Doha.

Seul ennui, mais de taille : l’Américain pourrait ne jamais voir les Mondiaux à Doha. Et même, qui sait, les Jeux de Tokyo en 2020. Selon le Daily Mail, Christian Coleman aurait manqué trois contrôles antidopage au cours des douze derniers mois. En cas de confirmation par l’IAAF, par la Fédération américaine d’athlétisme (USATF), ou par l’agence américaine antidopage (USADA), ces trois « no-show » entraîneraient sa suspension pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans.

Toujours selon le quotidien britannique, le vice-champion du monde du 100 m à Londres en 2017 (il avait été devancé par son compatriote Justin Gatlin, lui-même sanctionné pour dopage plus tôt dans sa carrière) conteste au moins un des trois contrôles manqués.

Christian Coleman et ses avocats avancent, pour leur défense, que deux organes de contrôle distincts auraient procédé aux tests. L’affaire serait actuellement discutée entre les hommes de loi de l’athlète, l’USADA, l’AMA et l’Unité d’intégrité de l’athlétisme, désormais en charge de la politique antidopage de l’IAAF.

Les différentes parties prenantes se sont pour l’instant refusées à tout commentaire. Mais le Daily Mail s’appuie dans son enquête sur des sources dites de « haut niveau ».

A ce stade, rien n’est encore acquis, dans un camp comme dans l’autre. Le Daily Mail rappelle le cas de la cycliste britannique Elizabeth Armistead, vice-championne olympique à Londres en 2012, elle aussi sanctionnée pour trois « no-show ». Après avoir saisi le tribunal arbitral du sport (TAS), elle avait réussi à faire annuler l’un de ses contrôles manqués. La Britannique avait ainsi été autorisée à disputer les Jeux de Rio en 2016.

Christian Coleman n’est pas encore rayé des listes d’engagés sur 100 m aux Mondiaux de Doha. Il devra non seulement contester la procédure de suspension, mais également se battre pour restaurer sa réputation. Présenté depuis deux ans comme le successeur d’Usain Bolt au sommet du sprint mondial, l’Américain a signé en 2017 un contrat de sponsoring à 7 chiffres avec l’équipementier Nike.