— Publié le 31 juillet 2019

La justice renvoie Semenya à la porte des Mondiaux

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Nouvel épisode dans le feuilleton juridico-sportif de l’année. Les deux acteurs principaux sont toujours les mêmes, la Sud-Africaine Caster Semenya dans le rôle de l’héroïne à la tortueuse destinée, l’IAAF dans celui de l’institution droite dans ses bottes.

Mais, cette fois, la balle a changé de camp. La Cour suprême suisse a annoncé, dans la soirée du mardi 30 juillet, avoir levé la suspension « super provisoire » du règlement de l’IAAF sur les athlètes hyperandrogènes. Une suspension qui avait été décidée le 3 juin dernier par la même justice suisse, à la suite de l’appel des avocats de la double championne olympique du 800 m.

Début juin, la victoire était clairement dans le camp de Caster Semenya. Elle est aujourd’hui sans doute possible passée du côté de la Fédération internationale d’athlétisme. En attendant la suite.

Le bataillon d’avocats de l’athlète sud-africaine a en effet fait appel de la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), rendue au début du mois de mai. Elle donnait raison à l’IAAF dans sa volonté d’instaurer un règlement obligeant les athlètes hyperandrogènes à subir un traitement médicamenteux pour abaisser leur taux naturel de testostérone, et pouvoir ainsi s’aligner en compétition sur les distances allant du 400 m au mile (1609 m).

Mais, selon plusieurs sources, il semble peu probable que la Cour suprême suisse statue sur cet appel du camp Semenya dans un avenir très proche.

Pour la Sud-Africaine, la décision annoncée mardi soir, et qui sera rendue publique ce mercredi 31 juillet, a l’effet d’un coup de massue. Elle l’empêche de participer sur sa distance de prédilection, le 800 m, aux championnats du monde 2019 à Doha (27 septembre au 6 octobre).

Depuis l’Afrique du Sud, le camp Semenya n’a pas tardé à réagir. « Cette décision va empêcher Caster Semenya de défendre son titre aux championnats du monde en septembre, ont indiqué ses avocats. Un seul juge a renversé hier la décision de la Cour suprême suisse de suspendre provisoirement le règlement de l’IAAF en attendant la décision sur l’appel contre la décision du TAS. » Un seul, certes, mais il a été suffisant pour renvoyer le balancier du côté de l’IAAF.

La première intéressée s’est fendue elle aussi d’un communiqué. Elle se dit « très déçue de ne pas pouvoir défendre » son titre mondial « durement gagné ». Mais Caster Semenya ne renonce pas. Elle continue à porter l’étendard de la révolte face à un règlement jugé discriminatoire par une grande partie du mouvement sportif et du monde médical.  « Cela ne va pas me freiner dans mon combat pour le respect des droits de toutes les athlètes concernées », avance la jeune femme.

En attendant, la porte des Mondiaux de Doha lui semble désormais ben fermée. Elle en aurait été l’une des curiosités, mais aussi un sujet hautement médiatique et, par dessus tout, la grandissime favorite du 800 m.

Caster Semenya détient la meilleure performance mondiale de l’année sur la distance, un chrono de 1 min 54 sec 98 réalisé précisément à Doha, le 3 mai, lors de la première étape de la Ligue de Diamant. Depuis la décision de la justice suisse de suspendre de façon »super provisoire » le règlement de l’IAAF, elle a disputé, et gagné, le 800 m du meeting de Stanford (Californie), en 1 min 55 sec 70.