— Publié le 28 mai 2019

Sur le marketing, Paris 2024 veut prendre son temps

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L’enjeu est de taille. Il pourrait se chiffrer en milliards d’euros. Depuis le 1er janvier 2019, le COJO Paris 2024 est autorisé par le CIO à mettre en musique son programme de marketing. Il peut signer des contrats de partenariat.

Un premier sponsor a déjà rejoint l’aventure, le groupe bancaire BPCE. Lesquels suivront ? Quand ? A quelles conditions ? Etienne Thobois, le directeur général du COJO Paris 2024 (photo ci-dessous), a répondu aux questions de FrancsJeux à l’occasion de SportAccord 2019 à Gold Coast. Un entretien en deux parties. Après le marketing, la seconde sera consacrée à l’engagement.

FrancsJeux : Vous avez annoncé dès l’an passé, avant même la date prévue, la signature d’un premier contrat de partenariat avec BPCE. Depuis, plus rien. Pourquoi ?

Etienne Thobois : La signature anticipée de notre partenariat avec le groupe BPCE a été faite en dehors du cadre normal. Nous avons demandé au CIO une dérogation pour l’annoncer avant la date du 1er janvier 2019. BPCE était très motivé pour prendre un engagement rapide avec le COJO. Ça nous allait bien. L’annonce a été plutôt à leur initiative. Mais la banque est un secteur assez simple, où les acteurs sont faciles à identifier. Ça n’est pas le cas dans l’énergie, par exemple, où les branches sont multiples. Il nous faut plus de temps pour bien comprendre la dimension des marchés.

Qu’en est-il du secteur des équipementiers ?

Nous allons lancer un appel d’offres pour l’équipementier. Mais il aura plusieurs dimensions : équipementier de l’équipe de France olympique, des volontaires, du relais de la flamme… Il peut y avoir des lots différents, avec des acteurs du marché plus tournés vers le sport, ou le « casual », voire la mode.

Quel est votre objectif, en termes de calendrier ?

Nous aimerions avoir signé tous les partenaires de la première catégorie avant la fin de l’année 2020. Nous aurons une catégorie dite premium, puis deux autres de niveau inférieur, la deuxième et la troisième. Mais, pour la première fois, nous avons couplé les droits des Jeux et ceux de l’équipe de France olympique et paralympique.

Frédéric Longuépée, initialement recruté comme directeur commercial, a quitté le COJO l’an passé pour prendre la présidence des Girondins de Bordeaux. Aujourd’hui, comment se compose votre équipe commerciale ?

Frédéric Longuépée a été remplacé par Marlène Masure. Une nouvelle équipe a été constituée. Ça n’a pas accéléré le processus, car nous n’avons pas voulu travailler avec les équipes avant le recrutement d’un nouveau directeur. Plusieurs cadres seniors vont nous rejoindre au mois de juin. Des profils expérimentés, plutôt sport pour les uns, plutôt commercial pour les autres.

 

Quand allez-vous annoncer les noms des prochains partenaires ?

Les discussions sont très fines, elles prennent du temps. Mais nous ferons des annonces dans les mois à venir. L’objectif reste d’avoir signé les partenaires premium pour les Jeux de Tokyo 2020. Il faut bien faire les choses. Nous ne sommes pas en retard.

Combien recherchez-vous de partenaires premium ?

Entre 6 et 8. Pour un objectif de 1,2 milliard d’euros en partenariat. Aux Jeux de Londres 2012, la première catégorie du programme de marketing avait contribué pour plus de la moitié au total des recettes de partenariat. Nous sommes dans le même ordre de grandeur.

Anne Hidalgo, la maire de Paris, a récemment envoyé une lettre à Tony Estanguet pour lui rappeler les exigences prises au cours de la phase de candidature en termes de développement durable, notamment pour le choix des partenaires. Sa démarche suggère qu’elle verrait d’un mauvais œil l’arrivée de Total, régulièrement cité parmi les potentiels sponsors…

La lettre envoyée par Anne Hidalgo ne mentionne par le nom de Total. Il est important de le préciser. Nos ambitions en termes d’environnement n’ont pas changé. Les enjeux environnementaux restent au cœur de notre problématique. Aujourd’hui, les grandes entreprises du domaine de l’énergie font partie de la solution. Ce qui est intéressant, pour nous, est de voir ce qu’elles peuvent mettre en place pour les Jeux de Paris 2024 en accord avec nos engagements.

L’équipe de Los Angeles 2028 a créé une structure commune avec le comité olympique américain, dédiée exclusivement au marketing. Pourquoi n’avez-vous pas choisi la même option ?

La situation n’est pas comparable. Aux Etats-Unis, les anneaux olympiques appartiennent à l’USOC. Et le comité national olympique possède un important secteur marketing. Les Américains ont toujours fonctionné ainsi, pour les Jeux d’hiver de Salt Lake City en 2002, et même pour la candidature de Chicago aux Jeux d’été en 2016. A Paris 2024, nous fonctionnons plus sur un transfert de compétences. Mais nous allons partager des bureaux avec le CNOSF pour les équipes chargées des partenariats.

Aux Etats-Unis, toujours, la structure montée par Los Angeles 2028 et l’USOC fait cause commune avec le groupe NBCUniversal pour son offre de marketing. Est-ce possible pour Paris 2024, depuis la signature d’un contrat avec le groupe France Télévisions ?

NBC est très engagé avec l’USOC depuis longtemps. Nous sommes sur un montage différent. Mais l’initiative américaine est très intéressante. A nous de voir quelles synergies peuvent être mises en place avec France Télévisions.