— Publié le 12 mars 2019

Le village des JO de Paris 2024, une course à obstacles

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C’est parti. Une nouvelle case doit être cochée, ce mardi 12 mars, sur la feuille de route des Jeux de Paris 2024. Elle est d’importance, puisqu’elle concerne le village olympique et paralympique, le chantier le plus ambitieux (et le plus coûteux) du dispositif.

En fin d’après-midi, 17 h 30 pour être très précis, la consultation pour la vente des terrains à construire du futur village des athlètes sera officiellement lancée. Curiosité : les trois coups ne seront pas donnés à Paris, ni même en Seine-Saint-Denis, mais à Cannes, au Palais des Festival. Logique, puisque le lieu accueille toute la semaine le monde du BTP à l’occasion du MIPIM 2019, le salon mondial des professionnels de l’immobilier.

La Société de livraison des équipements olympiques (Solideo) et la SEM Plaine Commune Développement lancent la course, pour deux lots situés à Saint-Ouen, et un troisième sur l’Ile-Saint-Denis. Un dernier secteur, à Saint-Denis, a déjà été attribué à la société Vinci Immobilier, avant même la désignation de Paris comme ville-hôte des Jeux de 2024.

Au total, pas moins de 51 hectares à cheval sur trois communes (Saint-Ouen, Saint-Denis et l’Ile-Saint-Denis).

Pour les Jeux olympiques et paralympiques, le village devra héberger 15.600 athlètes, entraîneurs et accompagnateurs. Une fois le rideau tombé sur l’événement, il sera reconfiguré, aux frais du COJO Paris 2024, pour devenir un nouveau quartier aux portes de Paris. Une réalisation censée « préfigurer la ville de 2050″, selon les propres termes de la Solideo.

En 2025, l’ex village des athlètes sera transformé en un ensemble urbain comprenant 2.200 logements familiaux, dont 25 à 40% de logements sociaux, 900 logements spécifiques (étudiants, personnes âgées…), 300 chambres d’hôtel, 135.000 m2 d’activités (bureaux, commerces et services), des écoles, équipements sportifs et espaces verts. L’immeuble le plus haut ne dépassera pas 14 étages. L’investissement total du secteur privé est estimé à 1,2 milliard d’euros. Pas moins de 6.000 emplois sont attendus dans ce nouveau quartier après les Jeux de 2024.

Ce mardi 12 mars, le lancement officiel de la consultation marque seulement le signal de départ d’une longue course à obstacles. Le processus de désignation s’étalera sur 9 mois. Une sélection de groupements sera effectuée avant la fin du mois d’avril. Elle retiendra 3 candidats par lot, soit 6 projets. Le lauréat sera désigné à la mi-novembre 2019, pour une signature des promesses de vente avant la fin de l’année 2019. Précision : les  groupements devront être constitués d’investisseurs, promoteurs, constructeurs et architectes.

En marge de la consultation, la Solideo devra régler avec diplomatie mais fermeté une imposante pile de dossiers. En tête, les expropriations. Plusieurs entreprises et écoles, mais également un foyer de travailleurs immigrés, sont implantés sur la zone du futur village olympique. La Solideo négocie déjà leurs départs, contre des indemnisations, pour acquérir les terrains et maîtriser le foncier. La loi olympique lui en donne l’autorité, mais la réalisation n’est jamais simple.

Une école d’ingénieurs, la Supmeca, n’a pas attendu pour exprimer sa colère. Le projet l’oblige à libérer le bâtiment utilisé comme réfectoire, et une résidence étudiante doit être détruite. Une pétition a été lancée pour que le « campus soit restitué dans son intégralité » après les Jeux. La Solideo veut bien le jurer sur la Bible : un nouvel édifice pourra être construit sur l’emplacement historique de l’école, pour accueillir la restauration et servir de résidence étudiante.

Autre chantier : démolir avant de construire. La Solideo devra raser une trentaine de bâtiments, puis dépolluer les sols. Dans une zone au passé très industriel, l’opération peut réserver son lot de mauvaises surprises. Aux Jeux de Londres 2012, elle avait été à l’origine d’un surcoût colossal dans l’aménagement du parc olympique.

Pas question de traîner en route, donc. Le calendrier se révèle « extrêmement serré », de l’aveu de Nicolas Ferrand, le directeur général de la Solideo, mais réaliste. L’année 2020 doit être consacrée à l’obtention des permis de construire, puis aux premiers travaux de démolition et dépollution. Les chantiers devront démarrer début 2021, pour se terminer au premier trimestre de l’année 2024.