— Publié le 2 janvier 2019

Face aux menaces, la Russie fait toujours le dos rond

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Désespérant. Annoncé aux portes de la rédemption, le sport russe vient encore de reculer de plusieurs pas. Le voilà une nouvelle fois menacé de suspension.

L’Agence mondiale antidopage l’a confirmé mardi 1er janvier via un communiqué : la Russie a dépassé la date limite du 31 décembre 2018, à minuit, pour ouvrir les portes du laboratoire d’analyses de Moscou et laisser l’équipe d’experts de l’AMA avoir accès à ses données.

« L’AMA a confirmé mardi que, depuis le 21 décembre, aucune autre mission en Russie n’a été conduite », précise l’organisation basée à Montréal. Le délai accordé aux autorités russes pour se plier aux exigences de l’AMA est désormais passé. Il constituait l’une des conditions posées pour une levée des sanctions envers l’agence russe antidopage.

En mission officielle à Moscou, les cinq experts de l’AMA conduits par l’Espagnol José Antonio Pascual n’ont pas pu extraire les milliers de données brutes stockées dans le laboratoire antidopage. En cause, une poignée d’exigences présumées techniques imposées à la dernière minute par les autorités russes.

Réaction de Craig Reedie, le président de l’AMA : « Je suis amèrement déçu. » On le comprend. Le dirigeant britannique n’avait pas hésité à grimper en première ligne pour faciliter le retour de la Russie dans le jeu, malgré le feu nourri des critiques.

La suite ? Incertaine. L’AMA le précise dans son communiqué : le rapport de la mission d’experts envoyée à Moscou le 21 décembre, mais repartie les poches vides, sera confié dans les jours à venir au comité de révision de la conformité.

Ses membres se réuniront les 14 et 15 janvier pour examiner les suites à donner à l’affaire. « Le 14 et 15 janvier 2019, le comité se réunira pour examiner ces éléments et faire des recommandations au comité exécutif de l’AMA », explique Craig Reedie. Sauf retournement de situation, toujours possible dans l’univers olympique, il pourrait prononcer la non-conformité de l’agence russe antidopage (RUSADA). Elle s’accompagnerait, en toute logique, d’une nouvelle suspension du sport russe.

Craig Reedie lui-même semble résigné à devoir rajouter quelques épisodes à un feuilleton dont il se passerait volontiers. Il a écrit dès mardi 1er janvier au ministre russe des Sports, Pavel Kolobkov, pour l’informer de la suite à prévoir. Elle s’annonce inéluctable.

Les réactions des détracteurs de la Russie ne se sont pas fait attendre. Comme souvent, la plus acerbe est venue des Etats-Unis. Travis Tygart, le patron de l’agence américaine antidopage (USADA), n’a pas attendu le communiqué de l’AMA pour appeler à des sanctions. « C’est une plaisanterie, une honte pour l’AMA et le système antidopage mondial », s’insurge-t-il.

Thomas Bach ne semble pas partager son indignation. Le président du CIO n’a pas officiellement réagi à l’annonce de l’AMA. Mais il a évoqué le cas de la Russie dans son message de vœux pour l’année 2019, publié sur le site de l’institution olympique.

« Avec sa suspension des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, le comité olympique russe a purgé sa peine, tandis dans d’autres organisations, des procédures sont toujours en cours », a écrit Thomas Bach. Une façon très directe de signifier que, pour le CIO, la Russie doit retrouver sa place. Et, par extension, annoncer que le pays ne serait pas exclu des Jeux de Tokyo 2020. Difficile à comprendre.