— Publié le 21 décembre 2018

Avec son dernier budget, Tokyo 2020 passe au vert

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Le CIO peut respirer. A quelques heures de plonger dans la période des fêtes, il peut se préparer à une trêve tranquille et sans gros nuages. Le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 a dévoilé comme annoncé, ce vendredi 21 décembre, la troisième version de son budget. Elle ne révèle aucune mauvaise surprise.

Le dernier budget en date des Jeux de Tokyo 2020 s’élève à 1.350 milliards de yens, soit 12,1 milliards de dollars américains et 10,6 milliards d’euros. En devise japonaise, il n’affiche aucun changement par rapport à la version précédente, annoncée une année plus tôt à la même date. Les Japonais tiennent désormais bien la barre. Ils semblent avoir étouffé la tendance inflationniste.

Le comité d’organisation le répète dans un communiqué, publié en milieu de journée au Japon : son budget reste équilibré, à 600 milliards de yens (5,4 milliards de dollars / 4,7 milliards d’euros). Il est financé exclusivement par des ressources privées (contribution du CIO, marketing, billetterie, produits dérivés). Il ne sollicite pas un seul yen d’argent public. Il inclut l’organisation des Jeux paralympiques.

Autre précision: les revenus issus du marketing sont en hausse. Ils ont gagné une centaine de millions de dollars, par rapport à la version 2 du budget, pour culminer à 3 milliards de dollars. Un record pour des Jeux olympiques. Mais les Japonais préviennent : le record sera bientôt battu. Une nouvelle centaine de millions de dollars est censée tomber dans les caisses du comité d’organisation au cours des mois à venir.

Même stabilité pour la part publique des Jeux, destinée aux investissements plus durables et aux dépenses moins directement liées aux Jeux. Il en coûtera, comme prévu, 600 milliards de yens au gouvernement métropolitain de Tokyo, et 150 milliards de yens à celui du Japon.

Commentaire toujours très mesuré de Toshiro Muto, le directeur général de Tokyo 2020 : « Alors que nous avançons vers une approche de plus en plus détaillée de la préparation des Jeux, Tokyo 2020 a enregistré une hausse des coûts dans certains domaines, mais nous avons réussi dans le même temps à réduire les dépenses dans d’autres secteurs. » L’équilibre à la japonaise. Sage et précis.

Le directeur général de Tokyo 2020 l’annonce comme une promesse : « Avec la coopération du CIO, Tokyo 2020 continuera à faire de son mieux pour maximiser les revenus, maîtriser les coûts et maintenir son budget à 600 milliards de yens. »

Au Japon comme à Lausanne, la version 3 du budget arrive au meilleur moment. Elle intervient en pleine bataille des chiffres et des audits sur la réalité des dépenses olympiques. En octobre dernier, un rapport d’une équipe d’experts missionnés par le gouvernement japonais a créé un certain malaise en assurant que les autorités du pays – ministères et agences gouvernementales – avaient déjà dépensé 800 milliards de yens pour les Jeux de Tokyo 2020 au cours de la période 2013-2018.

A en croire le document, le gouvernement japonais a déjà contribué financièrement à 286 projets liés de près ou de loin au prochain événement olympique. Le chiffre n’est pas contestable. La liste des projets l’est nettement plus. Les auditeurs ont en effet intégré comme des dépenses olympiques l’exploitation de satellites météorologiques, les subventions allouées aux stations hydrogène destinées aux véhicules à pile à combustible, ou encore les nouveaux taxis munis du logo des JO, dont l’État subventionne l’achat. Et même, plus fort, une partie des recherches pour la mise en service de la 5G dans Tokyo à l’horizon 2020.

Toshiro Muto n’avait pas apprécié. « Il est abusif de dire que ces dépenses sont liées aux Jeux« , avait-il réagi. Un discours repris presque mot pour mot par John Coates, le président de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Tokyo 2020. L’Australien avait lui aussi failli s’étouffer en découvrant le rapport et ses conclusions.

La dernière version du budget mettra-t-elle fin à la polémique ? Dans l’immédiat, certainement. A plus long terme, rien n’est certain.