Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2026, le projet suisse fait un flop

— Publié le 10 juin 2018

La course aux Jeux d’hiver en 2026 n’est pas encore officiellement lancée, mais elle vient déjà de perdre un partant. Un concurrent de poids, destiné a priori à jouer les premiers rôles. Le projet suisse de Sion 2026 s’est retiré de la compétition, dimanche 10 juin. Appelé à se prononcer par référendum, la population du Valais a voté contre. Fin de l’histoire.

Le scrutin s’annonçait serré. Il l’a été. Mais ses résultats ne laissent aucune place au doute. Les Valaisans ne veulent pas des Jeux d’hiver en 2026. Ils l’ont exprimé dans le secret de l’isoloir, le non l’emportant à une majorité de 53,98%.

Le crédit de 100 millions de francs suisses (86 M€) pour les Jeux d’hiver a été rejeté par 71.579 votants, le oui recueillant 61.019 suffrages. L’écart est net, au terme d’une votation où le taux de participation a atteint 62,6%.

Dans le détail, les communes de montagne ont voté plutôt en faveur du oui. A Crans-Montana, par exemple, 57% des électeurs se sont prononcés pour les Jeux. Même soutien à Veysonnaz (62%), ou encore à Saas Fee (66%). Mais à Zermatt, une autre station du canton, la population a voté contre à 54%.

Dans la plaine, le refus des Jeux a été unanime. A Sion, ville-hôte, le crédit de 100 millions de francs suisses a été rejeté par 60,9% du corps électoral. Dans toutes les autres villes, à l’exception de Viège, le non l’a emporté par au moins 55% des suffrages.

Pour les porteurs du projet, la déception est immense. Frédéric Favre, conseiller d’Etat du Valais et vice-président de Sion 2026, avait avoué à FrancsJeux sa confiance et son optimisme à trois jours du référendum. Dès l’annonce des résultats, il a expliqué lors d’une conférence de presse: « Nous sommes déçus, mais nous comprenons aussi. C’est l’exercice de la démocratie, il n’est plus question pour le Valais de participer à la candidature des JO d’hiver 2026. » Avant de confier à la RTS: « J’aurais aimé montrer le Valais et la Suisse à la terre entière. J’aurais aussi aimé montrer qu’il peut y avoir des Jeux différents. »

Réaction de Jürg Stahl, le président du comité olympique suisse: « Nous n’avons malheureusement pas réussi à convaincre la majorité de la durabilité et des chances de Sion 2026. »

Pour Denis Oswald, l’un des membres suisses du CIO, la victoire du non serait le reflet d’une méconnaissance du public des réformes engagées par l’organisation olympique. « Les gens sont restés sur les Jeux du passé », a-t-il analysé dès dimanche 10 juin sur le plateau de la RTS. L’équipe de candidature n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour transmettre à la population le message d’un projet peu coûteux et au budget maîtrisé, multipliant les débats et les réunions publiques depuis l’an passé.

L’équipe de Sion 2026 l’a expliqué peu de temps après l’annonce des résultats du référendum: le non de la population marque la fin de la candidature. Le Valais se retire de l’Association pour une candidature suisse aux Jeux d’hiver 2026. Le canton de Berne, où étaient prévus le hockey sur glace, le combiné nordique et le saut à ski, a annoncé dans la foulée interrompre immédiatement ses travaux de préparation pour les Jeux de hiver.

Sauf improbable retournement de situation, la Suisse ne présentera pas de candidature aux Jeux d’hiver en 2026. Elle avait déjà été contrainte de renoncer, à la suite d’un référendum, pour les Jeux d’hiver en 2022, où le projet porté par Saint-Moritz avait été rejeté par la population.

Pour le CIO, le coup est rude. Dans un communiqué publié quelques heures seulement après le résultat de la votation, l’organisation olympique prend note du retrait de la Suisse. Elle interprète le refus de la population par son ignorance de l’Agenda 2020 et de la Nouvelle norme, deux trains de mesures censés éviter les dérapages budgétaires. Elle explique que ces réformes n’ont « malheureusement pas été prises en considération. » A qui la faute?

Avec le renoncement forcé de Sion, la course aux Jeux d’hiver en 2026 est désormais réduite à six villes « intéressées »: Stockholm en Suède, Graz en Autriche, Erzurum en Turquie, Sapporo au Japon, Calgary au Canada, Milan, Turin ou Cortina d’Ampezzo en Italie.

Le projet canadien devra en passer par un référendum. Il s’annonce difficile. Même perspective pour Graz 2026. Au Japon, Sapporo penche plus vers les Jeux en 2030. Quant aux Italiens, ils devront obtenir le feu vert du gouvernement avant d’aller plus loin, un véritable tour de force dans le contexte politique actuel. Combien seront-ils au moment du vote du CIO, en septembre 2019 à Milan? Sans doute guère plus de deux ou trois.