— Publié le 21 février 2018

Face au dopage, la Russie hurle au complot

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Après le coup de massue, la contre-offensive. Pointée du doigt après le contrôle positif au meldonium de l’un de ses joueurs de curling, Alexander Krushelnitsky, la Russie se défend. Avec un argument maintes fois entendu: la théorie du complot.

Dmitri Svichtchev, le président de la Fédération russe de curling, a attaqué le premier. Dès l’officialisation par le Tribunal arbitral du sport (TAS) du contrôle positif du joueur, médaillé de bronze avec son épouse dans l’épreuve mixte, il a parlé de « provocation » et d’un « acte de sabotage ». « Depuis 2015, il a donné 11 échantillons et tous étaient négatifs, a expliqué le dirigeant. Qu’est-ce qui passerait par la tête d’un homme pour prendre un produit interdit juste avant les Jeux? Il faudrait être stupide. » Pas faux.

A Moscou, où l’affaire est traitée en haut lieu, le ministre des Sports, Pavel Kolobkov, s’engouffre dans la même brèche: « Il est évident que dans ce cas concret, il n’a pas pu prendre ce médicament interdit intentionnellement, cela n’aurait simplement aucun sens. Le curling n’est pas le genre de sport dans lequel les athlètes malhonnêtes se dopent. » Pas faux non plus, au moins jusqu’à maintenant.

Quant au comité olympique russe, officiellement interdit aux Jeux de PyeongChang, mais très présent derrière la délégation des « Athlètes olympiques de la Russie », il suggère que son joueur de curling avait été contrôlé négatif juste avant son départ pour les Jeux, insistant sur le fait qu’une seule prise de meldonium « n’a absolument aucun sens pour obtenir un effet thérapeutique sur le corps humain ».

Reste une question: par quel miracle le produit en question a-t-il pu se retrouver à circuler dans l’organisme d’Alexander Krushelnitsky? Pavel Kolobkov n’évoque pas le mot complot, mais ses déclarations suggèrent un sabotage. « Personne n’accuse personne, mais les faits sont là, avance le ministre des Sports. Il faut comprendre quand et comment ce médicament s’est retrouvé dans son organisme. »

Pour Andrei Sozin, le vice-président de la Fédération russe de curling, l’ennemi peut être partout. Le dirigeant a confié à l’agence AP que le meldonium avait pu être glissé dans la nourriture ou la boisson du joueur par un adversaire russe, par un employé de ménage au village des athlètes. Et même, qui sait, par l’ennemi américain.

Le comité olympique russe a fait savoir via un communiqué avoir lancé une enquête criminelle pour découvrir le saboteur. Affaire à suivre.