— Publié le 12 janvier 2018

Les Jeux d’hiver, un show menacé par le chaud

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Inquiétante perspective. Déjà menacé par les surcoûts, l’avenir des Jeux olympiques pourrait devoir faire face à un autre péril, autrement plus redoutable: le réchauffement climatique. Selon une très sérieuse étude canadienne, le nombre de villes capables d’accueillir l’événement pourrait fondre dans les décennies à venir comme un glaçon trempé dans un bol de thé.

L’étude a été conduite par un universitaire, Daniel Scott, professeur de géographie à l’Université de Waterloo, en Ontario. Initialement publiée en 2014, elle vient d’être actualisée en tenant compte des données des Jeux de PyeongChang 2018 et Pékin 2022.

Ses résultats incitent peu à l’optimisme. Daniel Scott a ausculté à la loupe toutes les villes hôtes des Jeux d’hiver depuis la création de l’événement, en 1924 à Chamonix. Pour chacune d’elles, il a étudié les effets du réchauffement climatique. Puis il a projeté ses chiffres à l’horizon 2050. Bilan: sur les 21 villes ayant déjà accueilli les Jeux, ou devant le faire dans un avenir proche (PyeongChang 2018, Pékin 2022), plus d’un tiers présente un risque élevé de ne plus connaître des températures assez basses pour autoriser la pratique du ski.

Pour trois d’entre elles, Sotchi en Russie (2014), Garmisch-Partenkirchen en Allemagne (1936), et Vancouver au Canada (2010), les Jeux d’hiver apparaîtront bientôt comme une vue de l’esprit. Dans six autres cas, la hausse des températures ferait courir un risque très important aux organisateurs: Oslo (1952), Chamonix (1924), Innsbruck (1964 et 1976), Sarajevo (1984), Grenoble (1968), et enfin Squaw Valley (1960).

Selon le géographe canadien, les sept éditions des Jeux d’hiver disputées jusqu’en 1960 ont connu une température moyenne de 0,4 degré celcius. Par le suite, le mercure est monté jusqu’à 3,1 degrés au cours de la période allant de 1960 à 2000. Depuis, les Jeux de Salt Lake City (2002), Turin (2006), Vancouver (2010), et Sotchi (2014), ont été disputés sous une température moyenne de 7,8 degrés.

Pour Daniel Scott, il ne fait aucun doute que le CIO se trouvera de plus en plus souvent confronté à une pénurie de candidatures aux Jeux d’hiver. Et, cette fois, la colossale addition des JO de Sotchi n’y sera pour rien. Le géographe canadien suggère que seulement 11 des 19 villes ayant déjà accueilli les Jeux pourraient encore le faire en 2050. A la fin du siècle, elles ne seraient plus que 8.

En février dernier, une étude comparable, menée par des chercheurs suisses de l’Institut de recherche sur la neige et les avalanches (SLF) et de l’école polytechnique de Lausanne, avait abouti à des conclusions assez proches. Elle révélait que la pratique des sports d’hiver ne pourrait pas être garantie d’ici la fin du siècle en dessous de 2.500 m d’altitude.

A plus court terme, trouver un enneigement suffisant pourrait se transformer en un jeu de piste complexe pour les équipes nationales. Aux Etats-Unis, par exemple, plusieurs stations de sport d’hiver prédisent déjà que la durée de leur saison sera sans doute réduite de moitié à l’horizon 2050.